FRAGMENTS DU SONGE DE VAUX |
1671 |
FRAGMENT II |
. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . |
|
Ariste, vous voulez⎟ voir des vers de ma main, |
6+6 |
a |
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Vous qui du chantre grec,⎟ ainsi que du romain, |
6+6 |
a |
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Pourriez nous étaler⎟ les beautés et les grâces, |
6+6 |
a |
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Et qui nous invitez⎟ à marcher sur leurs traces. |
6+6 |
a |
5 |
Vous ne trouverez point⎟ chez moi cet heureux art |
6+6 |
a |
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Qui cache ce qu'il est,⎟ et ressemble au hasard : |
6+6 |
a |
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Je n'ai point ce beau tour,⎟ ce charme inexprimable |
6+6 |
a |
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Qui rend le dieu des vers⎟ sur tous autres aimable : |
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a |
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C'est ce qu'il faut avoir,⎟ si l'on veut être admis |
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a |
10 |
Parmi ceux qu'Apollon⎟ compte entre ses amis. |
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a |
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Homère épand toujours⎟ ses dons avec largesse ; |
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a |
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Virgile à ses trésors⎟ sait joindre la sagesse : |
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a |
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Mes vers vous pourroient-ils⎟ donner quelque plaisir, |
6+6 |
a |
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Lorsque l'antiquité⎟ vous en offre à choisir ? |
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a |
15 |
Je ne l'espère pas ;⎟ et cependant ma muse |
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a |
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N'aura jamais pour vous⎟ de secret ni d'excuse ; |
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a |
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Ce que vous souhaitez,⎟ il faut vous l'accorder ; |
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a |
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C'est à moi d'obéir,⎟ à vous de commander. |
6+6 |
a |
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Je vous présente donc⎟ quelques traits de ma tyre ; |
6+6 |
a |
20 |
Elle les a dans Vaux⎟ répétés au Zéphyre. |
6+6 |
a |
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J'y fais parler quatre arts⎟ fameux dans l'univers, |
6+6 |
a |
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Les palais, les tableaux,⎟ les jardins et les vers. |
6+6 |
a |
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Ces arts vantent ici⎟ tour à tour leurs merveilles. |
6+6 |
a |
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Je soupire en songeant⎟ au sujet de mes veilles. |
6+6 |
a |
25 |
Vous m'entendez, Ariste,⎟ et d'un cœur généreux |
6+6 |
a |
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Vous plaignez comme moi⎟ le sort d'un malheureux. |
6+6 |
a |
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Il déplut à son roi ;⎟ ses amis disparurent : |
6+6 |
a |
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Mille vœux contre lui⎟ dans l'abord concoururent. |
6+6 |
a |
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Malgré tout ce torrent,⎟ je lui donnai des pleurs ; |
6+6 |
a |
30 |
J'accoutumai chacun⎟ à plaindre ses malheurs. |
6+6 |
a |
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Jadis en sa faveur⎟ j'assemblai quatre fées ; |
6+6 |
a |
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Il voulut que ma main⎟ leur dressât des trophées : |
6+6 |
a |
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Œuvre long, et qu'alors⎟ jeune encor j'entrepris. |
6+6 |
a |
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Écoutez ces quatre arts,⎟ et décidez du prix. |
6+6 |
a |
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. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . |
35 |
Quoi ! par vous ces honneurs⎟ sont aussi contestés ? |
6+6 |
a |
|
Vous prétendez le prix⎟ qu'on doit à mes beautés |
6+6 |
a |
|
Ingrates, deviez-vous⎟ en avoir la pensée ? |
6+6 |
a |
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. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . |
|
Juges, pardonnez-moi⎟ cette plainte forcée, |
6+6 |
a |
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Je sais qu'en suppliante⎟ il falloit commencer ; |
6+6 |
a |
40 |
C'est à vous que ma voix⎟ se devoit adresser ; |
6+6 |
a |
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Mais le dépit m'emporte,⎟ et puisqu'il faut tout dire, |
6+6 |
a |
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Enfin voilà le fruit,⎟ trop vaine Apellanire, |
6+6 |
a |
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Dont vous reconnoissez⎟ mes bienfaits aujourd'hui. |
6+6 |
a |
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Contre les aquilons⎟ mon art vous sert d'appui : |
6+6 |
a |
45 |
N'en ayez point de honte ;⎟ en sauvant votre ouvrage, |
6+6 |
a |
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J'oblige aussi les dieux⎟ dont vous tracez l'image. |
6+6 |
a |
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Hé bien ! vous la tracez,⎟ mais imparfaitement ; |
6+6 |
a |
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Et moi je leur bâtis⎟ un second firmament. |
6+6 |
a |
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Ce que je dis pour vous,⎟ je le dis pour les autres ; |
6+6 |
a |
50 |
Tout ce qu'ont fait dans Vaux⎟ les Le Bruns, les Le Nôtres, |
6+6 |
a |
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Jets, cascades, canaux,⎟ et plafonds si charmants, |
6+6 |
a |
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Tout cela tient de moi⎟ ses plus beaux ornements. |
6+6 |
a |
|
Contempler les efforts⎟ de quelque main savante, |
6+6 |
a |
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Juger d'une peinture,⎟ ou muette, ou parlante, |
6+6 |
a |
55 |
Admirer d'Apollon⎟ les pinceaux ou la voix, |
6+6 |
a |
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Errer dans un jardin,⎟ s'égarer dans un bois, |
6+6 |
a |
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Se coucher sur des fleurs,⎟ respirer leur haleine, |
6+6 |
a |
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Écouter en rêvant⎟ le bruit d'une fontaine, |
6+6 |
a |
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Ou celui d'un ruisseau⎟ roulant sur des cailloux, |
6+6 |
a |
60 |
Tout cela, je l'avoue,⎟ a des charmes bien doux : |
6+6 |
a |
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Mais enfin on s'en passe,⎟ et je suis nécessaire. |
6+6 |
a |
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Ce fut le seul besoin⎟ qui d'abord me fit plaire. |
6+6 |
a |
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Les antres se trouvoient⎟ des humains habités ; |
6+6 |
a |
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Avec les animaux⎟ ils formoient des cités : |
6+6 |
a |
65 |
Je bâtis des maisons,⎟ je composai des villes. |
6+6 |
a |
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On ne vouloit alors⎟ que de simples asiles ; |
6+6 |
a |
|
Sur la nécessité⎟ se régloient les souhaits : |
6+6 |
a |
|
Aujourd'hui, que l'on veut⎟ de superbes palais, |
6+6 |
a |
|
Je contente chacun⎟ en plus d'une manière : |
6+6 |
a |
70 |
Des cinq ordres divers⎟ la grâce singulière |
6+6 |
a |
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Fait voir comme il me plaît⎟ l'éclat, la majesté, |
6+6 |
a |
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Ou les charmes divins⎟ de la simplicité. |
6+6 |
a |
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Je ne doute donc point⎟ qu'en présence d'Oronte |
6+6 |
a |
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Je n'obtienne le prix,⎟ vous n'emportiez la honte : |
6+6 |
a |
75 |
Confuses, vous allez⎟ recevoir cette loi, |
6+6 |
a |
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Si c'est honte pour vous⎟ d'être moindres que moi. |
6+6 |
a |
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Tant d'œuvres, dont je rends⎟ les savants idolâtres, |
6+6 |
a |
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Colosses, monuments,⎟ cirques, amphithéâtres, |
6+6 |
a |
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Mille temples par moi⎟ bâtis en mille lieux, |
6+6 |
a |
80 |
Les demeures des rois,⎟ celles même des dieux, |
6+6 |
a |
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Rome, et tout l'univers,⎟ pour mon art sollicite. |
6+6 |
a |
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Juges, accordez-moi⎟ le prix que je mérite ; |
6+6 |
a |
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Car on n'auroit pas droit⎟ d'y vouloir parvenir, |
6+6 |
a |
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Si de la faveur seule⎟ il falloit l'obtenir. |
6+6 |
a |
|
|
. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . |
85 |
Juges, si j'ai souffert⎟ des reproches frivoles, |
6+6 |
a |
|
Ce n'est point pour manquer⎟ de droit ni de paroles : |
6+6 |
a |
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Le respect seulement⎟ a retenu ma voix. |
6+6 |
a |
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Palatiane veut⎟ vous imposer des lois ; |
6+6 |
a |
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Les honneurs ne sont faits⎟ que pour ses mains savantes : |
6+6 |
a |
90 |
Ce seroit trop pour nous⎟ que d'être ses suivantes : |
6+6 |
a |
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Elle m'appelle ingrate,⎟ et pense m'ébranler ; |
6+6 |
a |
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Mais qui l'est de nous deux,⎟ puisqu'il en faut parler ? |
6+6 |
a |
|
Sans tous ses ornements,⎟ serois-je pas la même ? |
6+6 |
a |
|
Et quant à sa beauté,⎟ qui lui semble suprême, |
6+6 |
a |
95 |
Bien souvent sans la mienne⎟ on n'y penseroit pas : |
6+6 |
a |
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Seule je sais donner⎟ du lustre à ses appas. |
6+6 |
a |
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Contre les aquilons⎟ elle m'est nécessaire ; |
6+6 |
a |
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Il n'est point de couvert⎟ qui n'en pût autant faire. |
6+6 |
a |
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Où va-t-elle chercher⎟ le premier des humains ? |
6+6 |
a |
100 |
Quels chefs-d'œuvres alors⎟ sont sortis de ses mains ? |
6+6 |
a |
|
Qu'importe qu'elle serve⎟ aux dieux mêmes d'asile ? |
6+6 |
a |
|
Car il ne s'agit pas⎟ d'être la plus utile ; |
6+6 |
a |
|
C'est assez de causer⎟ le plaisir seulement, |
6+6 |
a |
|
Pour satisfaire aux lois⎟ de cet enchantement : |
6+6 |
a |
105 |
En termes assez clairs⎟ la chose est exprimée : |
6+6 |
a |
|
Soit donné, dit le mage,⎟ à la plus grande fée. |
6+6 |
a |
|
En est-il de plus grande,⎟ ayant tout bien pesé, |
6+6 |
a |
|
Que celle par qui l'œil⎟ est sans cesse abusé ? |
6+6 |
a |
|
A de simples couleurs⎟ mon art plein de magie |
6+6 |
a |
110 |
Sait donner du relief,⎟ de l'âme, et de la vie : |
6+6 |
a |
|
Ce n'est rien qu'une toile,⎟ on pense voir des corps : |
6+6 |
a |
|
J'évoque, quand je veux,⎟ les absents et les morts ; |
6+6 |
a |
|
Quand je veux, avec l'art⎟ je confonds la nature. |
6+6 |
a |
|
De deux peintres fameux⎟ qui ne sait l'imposture ? |
6+6 |
a |
115 |
Pour preuve du savoir⎟ dont se vantoient leurs mains, |
6+6 |
a |
|
L'un trompa les oiseaux,⎟ et l'autre les humains. |
6+6 |
a |
|
Je transporte les yeux⎟ aux confins de la terre : |
6+6 |
a |
|
Il n'est événement⎟ ni d'amour, ni de guerre, |
6+6 |
a |
|
Que mon art n'ait enfin⎟ appris à tous les yeux. |
6+6 |
a |
120 |
Les mystères profonds⎟ des enfers et des cieux |
6+6 |
a |
|
Sont par moi révélés,⎟ par moi l'œil les découvre : |
6+6 |
a |
|
Que la porte du jour⎟ se ferme, ou qu'elle s'ouvre, |
6+6 |
a |
|
Que le soleil nous quitte,⎟ ou qu'il vienne nous voir, |
6+6 |
a |
|
Qu'il forme un beau matin,⎟ qu'il nous montre un beau soir. |
6+6 |
a |
125 |
J'en sais représenter⎟ les images brillantes : |
6+6 |
a |
|
Mon art s'étend sur tout ;⎟ c'est par mes mains savantes |
6+6 |
a |
|
Que les champs, les déserts,⎟ les bois, et les cités, |
6+6 |
a |
|
Vont en d'autres climats⎟ étaler leurs beautés. |
6+6 |
a |
|
Je fais qu'avec plaisir⎟ on peut voir des naufrages, |
6+6 |
a |
130 |
Et les malheurs de Troie⎟ ont plu dans mes ouvrages : |
6+6 |
a |
|
Tout y rit, tout y charme ;⎟ on y voit sans horreur |
6+6 |
a |
|
Le pâle désespoir,⎟ la sanglante fureur, |
6+6 |
a |
|
L'inhumaine Cloton⎟ qui marche sur leurs traces : |
6+6 |
a |
|
Jugez avec quels traits⎟ je sais peindre les Grâces. |
6+6 |
a |
135 |
Dans les maux de l'absence⎟ on cherche mon secours : |
6+6 |
a |
|
Je console un amant⎟ privé de ses amours, |
6+6 |
a |
|
Chacun par mon moyen⎟ possède sa cruelle. |
6+6 |
a |
|
Si vous avez jamais⎟ adoré quelque belle |
6+6 |
a |
|
(Et je n'en doute point,⎟ les sages ont aimé), |
6+6 |
a |
140 |
Vous savez ce que peut⎟ un portrait animé : |
6+6 |
a |
|
Dans les cœurs les plus froids⎟ il entretient des flammes. |
6+6 |
a |
|
Je pourrois vous prier⎟ par celui de vos dames ; |
6+6 |
a |
|
En faveur de ses traits,⎟ qui n'obtiendroit le prix ? |
6+6 |
a |
|
Mais c'est assez de Vaux⎟ pour toucher vos esprits : |
6+6 |
a |
145 |
Voyez, et puis jugez ;⎟ je ne veux autre grâce. |
6+6 |
|
|
|
. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . |
|
J'ignore l'art de bien parler, |
8 |
a |
|
Et n'emploierai pour tout langage |
8 |
b |
|
Que ces moments qu'on voit couler |
8 |
a |
|
Parmi des fleurs et de l'ombrage. |
8 |
b |
150 |
Là luit un soleil tout nouveau : |
8 |
a |
|
L'air est plus pur, le jour plus beau, |
8 |
a |
|
Les nuits sont douces et tranquilles ; |
8 |
a |
|
Et ces agréables séjours |
8 |
b |
|
Chassent le soin, hôte des villes, |
8 |
a |
155 |
Et la crainte, hôtesse des cours. |
8 |
b |
|
|
Mes appas sont les alcyons |
8 |
a |
|
Par qui l'on voit cesser l'orage |
8 |
b |
|
Que le souffle des passions |
8 |
a |
|
A fait naître dans un courage : |
8 |
b |
160 |
Seule, j'arrête ses transports ; |
8 |
a |
|
La raison fait de vains efforts |
8 |
a |
|
Pour en calmer la violence : |
8 |
a |
|
Et si rien s'oppose à leur cours, |
8 |
b |
|
C'est la douceur de mon silence, |
8 |
a |
165 |
Plus que la force du discours. |
8 |
b |
|
|
Mes dons ont occupé les mains |
8 |
a |
|
D'un empereur sur tous habile, |
8 |
b |
|
Et le plus sage des humains |
8 |
a |
|
Vint chez moi chercher un asile : |
8 |
b |
170 |
Charles, d'un semblable dessein |
8 |
a |
|
Se venant jeter dans mon sein, |
8 |
a |
|
Fit voir qu'il étoit plus qu'un homme : |
8 |
a |
|
L'un d'eux pour mes ombrages verts |
8 |
b |
|
A quitté l'empire de Rome, |
8 |
a |
175 |
L'autre celui de l'univers. |
8 |
b |
|
|
Ils étoient las des vains projets |
8 |
a |
|
De conquérir d'autres provinces : |
8 |
b |
|
Que s'ils se firent mes sujets, |
8 |
a |
|
De mes sujets je fais des princes. |
8 |
b |
180 |
Tel, égalant le sort des rois, |
8 |
a |
|
Aristée erroit autrefois |
8 |
a |
|
Dans les vallons de Thessalie ; |
8 |
a |
|
Et tel, de mets non achetés, |
8 |
b |
|
Vivoit sous les murs d'Œbalie |
8 |
a |
185 |
Un amateur de mes beautés. |
8 |
b |
|
|
Libre de soins, exempt d'ennuis, |
8 |
a |
|
Il ne manquoit d'aucunes choses : |
8 |
b |
|
Il détachoit les premiers fruits, |
8 |
a |
|
Il cueilloit les premières roses ; |
8 |
b |
190 |
Et quand le ciel armé de vents |
8 |
a |
|
Arrètoit le cours des torrents |
8 |
a |
|
Et leur donnoit un frein de glace, |
8 |
a |
|
Ses jardins remplis d'arbres verts |
8 |
b |
|
Conservoient encore leur grâce, |
8 |
a |
195 |
Malgré la rigueur des hivers. |
8 |
b |
|
|
Je promets un bonheur pareil |
8 |
a |
|
A qui voudra suivre mes charmes ; |
8 |
b |
|
Leur douceur lui garde un sommeil |
8 |
a |
|
Qui ne craindra point les alarmes : |
8 |
b |
200 |
Il bornera tous ses désirs |
8 |
a |
|
Dans le seul retour des zéphyrs ; |
8 |
a |
|
Et, fuyant la foule importune, |
8 |
a |
|
Il verra du fond de ses bois |
8 |
b |
|
Les courtisans de la fortune |
8 |
a |
205 |
Devenus esclaves des rois. |
8 |
b |
|
|
J'embellis les fruits et les fleurs ; |
8 |
a |
|
Je sais parer Pomone et Flore : |
8 |
b |
|
C'est pour moi que coulent les pleurs |
8 |
a |
|
Qu'en se levant verse l'Aurore : |
8 |
b |
210 |
Les vergers, les parcs, les jardins, |
8 |
a |
|
De mon savoir et de mes mains |
8 |
a |
|
Tiennent leurs grâces nonpareilles ; |
8 |
a |
|
Là j'ai des prés, là j'ai des bois ; |
8 |
b |
|
Et j'ai partout tant de merveilles, |
8 |
a |
215 |
Que l'on s'égare dans leur choix. |
8 |
b |
|
|
Je donne au liquide cristal |
8 |
a |
|
Plus de cent formes différentes, |
8 |
b |
|
Et le mets tantôt en canal, |
8 |
a |
|
Tantôt en beautés jaillissantes ; |
8 |
b |
220 |
On le voit souvent par degrés |
8 |
a |
|
Tomber à flots précipités : |
8 |
a |
|
Sur des glacis je fais qu'il roule, |
8 |
a |
|
Et qu'il bouillonne en d'autres lieux ; |
8 |
b |
|
Parfois il dort, parfois il coule, |
8 |
a |
225 |
Et toujours il charmé les yeux. |
8 |
b |
|
|
Je ne finirois de longtemps |
8 |
a |
|
Si j'exprimois toutes ces choses : |
8 |
b |
|
On auroit plus tôt au printemps |
8 |
a |
|
Compté les œillets et les roses. |
8 |
b |
230 |
Sans m'écarter loin de ces bois, |
8 |
a |
|
Souvenez-vous combien de fois |
8 |
a |
|
Vous avez cherché leurs ombrages : |
8 |
a |
|
Pourriez-vous bien m'ôter le prix, |
8 |
b |
|
Après avoir par mes ouvrages |
8 |
a |
235 |
Si souvent charmé vos esprits ? |
8 |
b |
|
|
. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . |
|
Juges, attendez un moment, |
8 |
a |
|
Et voyez quelle est cette fée |
8 |
b |
|
Qui de son visage charmant |
8 |
a |
|
Devant Oronte fait trophée ; |
8 |
b |
240 |
En voilà les traits éclatants ; |
8 |
a |
|
Elle étoit telle⎟ avant que le printemps |
4+6 |
a |
|
Lui rendît ses cheveux⎟ avec ses autres charmes : |
6+6 |
b |
|
Lorsque les jours sont inconstants, |
8 |
a |
|
Elle n'est jamais sans alarmes. |
8 |
b |
|
|
. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . |
245 |
Ce fut par Calliopée. |
7 |
a |
|
Montrez-moi, dit cette fée, |
7 |
a |
|
Quelque chose de plus vieux |
7 |
a |
|
Que la chronique immortelle |
7 |
b |
|
De ces murs pour qui les dieux |
7 |
a |
250 |
Eurent dix ans de querelle. |
7 |
b |
|
|
Bien que par les flots amers |
7 |
a |
|
On aille au delà des mers |
7 |
a |
|
Voir encor vos pyramides, |
7 |
a |
|
J'ai laissé des monuments |
7 |
b |
255 |
Et plus beaux et plus solides |
7 |
a |
|
Que ces vastes bâtiments. |
7 |
b |
|
|
Mes mains ont fait des ouvrages |
7 |
a |
|
Qui verront les derniers âges |
7 |
a |
|
Sans jamais se ruiner : |
7 |
a |
260 |
Le temps a beau les combattre ; |
7 |
b |
|
L'eau ne les sauroit miner, |
7 |
a |
|
Le vent ne peut les abattre. |
7 |
b |
|
|
Sans moi tant d'œuvres fameux, |
7 |
a |
|
Ignorés de nos neveux, |
7 |
a |
265 |
Périroient sous la poussière : |
7 |
a |
|
Au Parnasse seulement |
7 |
b |
|
On emploie une matière |
7 |
a |
|
Qui dure éternellement. |
7 |
b |
|
|
Si l'on conserve les noms, |
7 |
a |
270 |
Ce doit être par mes sons, |
7 |
a |
|
Et non point par vos machines : |
7 |
a |
|
Un jour, un jour l'univers |
7 |
b |
|
Cherchera sous vos ruines |
7 |
a |
|
Ceux qui vivront dans mes vers. |
7 |
b |
|
|
. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . |
275 |
Juges, vous le savez,⎟ et dans tout cet empire |
6+6 |
a |
|
Mon charme est plus connu⎟ que l'air qu'on y respire ; |
6+6 |
a |
|
C'est le seul entretien⎟ que l'on prise aujourd'hui : |
6+6 |
a |
|
Pour comble de bonheur,⎟ Alcandre en est l'appui. |
6+6 |
a |
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Je n'en dirai pas plus,⎟ de peur que sa puissance |
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N'oblige vos esprits⎟ à quelque déférence. |
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Vous jugez bien pourtant⎟ quelle est une beauté |
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Qui possède son cœur,⎟ et qui l'a mérité ; |
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Mais, sans vous prévenir⎟ par les traits du bien dire, |
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Je répondrai par ordre,⎟ et cela doit suffire. |
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On diroit que ces arts⎟ méritent tous le prix. |
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Chaque fée a sans doute⎟ ébranlé les esprits ; |
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Toutes semblent d'abord⎟ terminer la querelle. |
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La première a fait voir⎟ le besoin qu'on a d'elle. |
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Si j'ai de son discours⎟ marqué les plus beaux traits, |
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Elle loge les dieux,⎟ et moi je les ai faits. |
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Ce mot est un peu vain,⎟ et pourtant véritable : |
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Ceux qui se font servir⎟ le nectar à leur table, |
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Sous le nom de héros⎟ ont mérité mes vers ; |
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Je les ai déclarés⎟ maîtres de l'univers. |
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O vous qui m'écoutez,⎟ troupe noble et choisie, |
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Ainsi qu'eux quelque jour⎟ vous vivrez d'ambrosie ; |
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Mais Alcandre lui-même⎟ auroit beau l'espérer, |
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S'il n'imploroit mon art⎟ pour la lui préparer. |
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Ce point tout seul devroit⎟ me donner gain de cause : |
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Rendre un homme immortel⎟ sans doute est quelque chose : |
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Apellanire peut⎟ par ses savantes mains |
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L'exposer pour un temps⎟ aux regards des humains : |
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Pour moi, je lui bâtis⎟ un temple en leur mémoire ; |
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Mais un temple plus beau,⎟ sans marbre et sans ivoire, |
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Que ceux où d'autres arts,⎟ avec tous leurs efforts, |
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De l'univers entier⎟ épuisent les trésors. |
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Par le second discours⎟ on voit que la peinture |
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Se vante de tenir⎟ école d'imposture, |
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Comme si de cet art⎟ les prestiges puissants |
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Pouvoient seuls rappeler⎟ les morts et les absents ! |
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Ce sont pour moi des jeux :⎟ on ne lit point Homère, |
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Sans que tantôt Achille⎟ à l'âme si colère, |
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Tantôt Agamemnon⎟ au front majestueux, |
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Le bien-disant Ulysse,⎟ Ajax l'impétueux, |
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Et maint autre héros⎟ offre aux yeux son image : |
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Je les fais tous parler,⎟ c'est encor davantage. |
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La peinture après tout⎟ n'a droit que sur les corps |
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Il n'appartient qu'à moi⎟ de montrer les ressorts |
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Qui font mouvoir une âme,⎟ et la rendent visible : |
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Seule j'expose aux sens⎟ ce qui n'est pas sensible, |
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Et, des mêmes couleurs⎟ qu'on peint la vérité, |
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Je leur expose encor⎟ ce qui n'a point été. |
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Si pour faire un portrait⎟ Apellanire excelle, |
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On m'y trouve du moins⎟ aussi savante qu'elle ; |
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Mais je fais plus encore,⎟ et j'enseigne aux amants |
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A fléchir leurs amours⎟ en peignant leurs tourments. |
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Les charmes qu'Hortésie⎟ épand sous ses ombrages |
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Sont plus beaux dans mes vers⎟ qu'en ses propres ouvrages ; |
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Elle embellit les fleurs⎟ de traits moins éclatants : |
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C'est chez moi qu'il faut voir⎟ les trésors du printemps. |
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Enfin, j'imite tout⎟ par mon savoir suprême ; |
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Je peins, quand il me plaît,⎟ la peinture elle-même. |
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Oui, beaux-arts, quand je veux,⎟ j'étale vos attraits : |
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Pouvez-vous exprimer⎟ le moindre de mes traits ? |
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Si donc j'ai mis les dieux⎟ au-dessus de l'envie ; |
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Si je donne aux mortels⎟ une seconde vie ; |
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Si maint œuvre de moi,⎟ solide autant que beau, |
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Peut tirer un héros⎟ de la nuit du tombeau ; |
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Si, mort en ses neveux,⎟ dans mes vers il respire ; |
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Si je le rends présent⎟ bien mieux qu'Apellanire ; |
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Si de Palatiane,⎟ au prix de mes efforts, |
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Les monuments ne sont⎟ ni durables, ni forts ; |
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Si souvent Hortésie⎟ est peinte en mes ouvrages, |
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Et si je fais parler⎟ ses fleurs et ses ombrages, |
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Juges, qu'attendez-vous ?⎟ et pourquoi consulter ? |
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Quel art peut mieux que moi⎟ cet écrin mériter ? |
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Ce n'est point sa valeur⎟ où j'ai voulu prétendre : |
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Je n'ai considéré⎟ que le portrait d'Alcandre. |
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On sait que les trésors⎟ me touchent rarement ; |
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Mes veilles n'ont pour but⎟ que l'honneur seulement : |
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Gardez ce diamant⎟ dont le prix est extrême, |
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Je serai riche assez⎟ pourvu qu'Alcandre m'aime. |
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