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LFT_1/LFT171
Jean de LA FONTAINE
FABLES
1678-1694
FABLES CHOISIES MISES EN VERS
Éditions Thierry et Barbin (1678-1679) et Barbin (1694)
LIVRE VIII
XXVII
LE LOUP ET LE CHASSEUR
Fureur d'accumuler, monstre de qui les yeux 6+6 a
Regardent comme un point tous les bienfaits des dieux, 6+6 a
Te combattrai-je en vain sans cesse en cet ouvrage ? 6+6 a
Quel temps demandes-tu pour suivre mes leçons ? 6+6 b
5 L'homme, sourd à ma voix comme à celle du sage, 6+6 a
Ne dira-t-il jamais : C'est assez, jouissons ? 6+6 b
Hâte-toi, mon ami, tu n'as pas tant à vivre. 6+6 a
Je te rabats ce mot ; car il vaut tout un livre : 6+6 a
Jouis. ‒ Je le ferai. ‒ Mais quand donc ? ‒ Dès demain. ‒ 6+6 a
10 Eh ! mon ami, la mort te peut prendre en chemin : 6+6 a
Jouis dès aujourd'hui ; redoute un sort semblable 6+6 a
À celui du chasseur et du loup de ma fable. 6+6 a
Le premier de son arc avoit mis bas un daim. 6+6 a
Un faon de biche passe, et le voilà soudain 6+6 a
15 Compagnon du défunt : tous deux gisent sur l'herbe. 6+6 a
La proie étoit honnête, un daim avec un faon : 6+6 b
Tout modeste chasseur en eût été content ; 6+6 b
Cependant un sanglier, monstre énorme et superbe, 6+6 a
Tente encor notre archer, friand de tels morceaux. 6+6 a
20 Autre habitant du Styx : la Parque et ses ciseaux 6+6 a
Avec peine y mordoient ; la déesse infernale 6+6 a
Reprit à plusieurs fois l'heure au monstre fatale. 6+6 a
De la force du coup pourtant il s'abattit. 6+6 a
C'étoit assez de biens. Mais quoi ! rien ne remplit 6+6 a
25 Les vastes appétits d'un faiseur de conquêtes. 6+6 a
Dans le temps que le porc revient à soi, l'archer 6+6 b
Voit le long du sillon une perdrix marcher ; 6+6 b
Surcroît chétif aux autres têtes : 8 a
De son arc toutefois il bande les ressorts. 6+6 a
30 Le sanglier, rappelant les restes de sa vie, 6+6 b
Vient à lui, le découd, meurt vengé sur son corps ; 6+6 a
Et la perdrix le remercie. 8 b
Cette part du récit s'adresse aux convoiteux : 6+6 a
L'avare aura pour lui le reste de l'exemple. 6+6 b
35 Un loup vit en passant ce spectacle piteux : 6+6 a
O Fortune ! dit-il, je te promets un temple. 6+6 b
Quatre corps étendus ! que de biens ! mais pourtant 6+6 a
Il les faut ménager ; ces rencontres sont rares. 6+6 b
(Ainsi s'excusent les avares.) 8 b
40 J'en aurai, dit le loup, pour un mois, pour autant : 6+6 a
Un, deux, trois, quatre corps ; ce sont quatre semaines, 6+6 c
Si je sais compter, toutes pleines. 8 c
Commençons dans deux jours, et mangeons cependant 6+6 a
La corde de cet arc : il faut que l'on l'ait faite 6+6 a
45 De vrai boyau ; l'odeur me le témoigne assez. 6+6 b
En disant ces mots, il se jette 8 a
Sur l'arc, qui se détend, et fait de la sagette 6+6 a
Un nouveau mort : mon loup a les boyaux percés. 6+6 b
Je reviens à mon texte. Il faut que l'on jouisse ; 6+6 a
50 Témoin ces deux gloutons punis d'un sort commun : 6+6 b
La convoitise perdit l'un, 8 b
L'autre périt par l'avarice. 8 a
mètre profils métriques : 8, 6+6
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