Métrique en Ligne
a voyelle stable
er voyelle ambigüe
e "e" masculin
e "e" féminin
e "e" élidé
e "e" ignoré
e "e" écarté
12 longueur métrique
6-6 mètre
LEG_1/LEG53
Charles LE GOFFIC
Poésies complètes
1889-1914
LE BOIS DORMANT
ÉPILOGUE
PRIÈRE À VIVIANE
Quand tu m’es apparue au seuil de mon enfance, 6+6 a
Avec tes cheveux d’or et ton geste ingénu, 6+6 b
Déesse, il m’eût semblé que c’était une offense 6+6 a
D’effleurer du regard le bout de ton pied nu. 6+6 b
5 Mais ta voix m’appelait et ta voix est si douce 6+6 a
Qu’elle apaisa ma crainte et que je te suivis. 6+6 b
Ô les âpres sentiers qui couraient dans la brousse ! 6+6 a
Ô les longs plateaux noirs que nous avons gravis ! 6+6 b
Je ne voyais que toi, Déesse. Enfin les astres, 6+6 a
10 Levant leurs pâles feux dans le soir attardé, 6+6 b
Éclairèrent au loin un pays de désastres 6+6 a
Qui sonnait sous nos pas comme un tombeau vidé. 6+6 b
Un grand lac noir dormait au milieu des tourbières, 6+6 a
Et dans l’ombre, partout où j’enfonçais mes doigts, 6+6 b
15 C’étaient de lourds granits semblables à des bières 6+6 a
Et des troncs d’arbres morts taillés comme des croix. 6+6 b
Le sol était jonché de corolles flétries : 6+6 a
Leur âme frêle agonisait sur les coteaux, 4+4+4 b
Tandis qu’au ras des joncs glissaient dans les prairies 6+6 a
20 Les tristes oiseaux blancs des ciels occidentaux. 6+6 b
Alors, comme en pleurant je te cherchais dans l’ombre, 6+6 a
Une voix grave et tendre et pareille à ta voix, 6+6 b
Avec des mots soumis aux volontés du nombre, 6+6 a
Agita les rochers, les marais et les bois. 6+6 b
25 Elle disait : — Pourquoi ces pleurs ? Pourquoi ces transes ? 6+6 a
Doux ami, j’étais là ; je n’avais pas bougé. 6+6 b
Ne laisse plus tes yeux se prendre aux apparences : 6+6 a
C’est mon front seulement dont la forme a changé. 6+6 b
J’étais là. Cette eau noire et ces tristes ravines, 6+6 a
30 Et les bois et les monts et le ciel inclément, 6+6 b
Et les pâles regards des étoiles divines, 6+6 a
C’est moi toujours, c’est moi quand même, ô mon amant ! 6+6 b
Tes yeux ne sont pas faits à ma nouvelle image, 6+6 a
Tu ne vois que les deuils dont est chargé mon front, 6+6 b
35 Mais un temps doit venir où tu rendras hommage 6+6 a
A la pure beauté qu’ils te révéleront. 6+6 b
— Est-ce vrai ? m’écriai-je. Ô déesse, déesse, 6+6 a
Mais quel philtre secret aurait changé soudain 6+6 b
Le cristal de tes yeux en un lac de tristesse 6+6 a
40 Et les lys de ta joue en un morne jardin ? 6+6 b
Et comment ton beau front, élargissant sa courbe, 6+6 a
Eût-il d’un pôle à l’autre empli le vaste ciel ? 6+6 b
Comment ces bois, ces monts, ces rocs, cette âpre tourbe 6+6 a
Auraient-ils pu germer de tes hanches de miel ?… 6+6 b
45 J’attendis ; mais la voix ne devait plus reprendre : 6+6 a
Des cloches dans la brume égrenaient leurs glas sourds ; 6+6 b
Seules, dans l’infini noyé d’un flot de cendre. 6+6 a
Les sept lampes des sœurs d’Hyas brillaient toujours. 6+6 b
Hélas ! J’ai trop dormi sous ces tristes étoiles ! 6+6 a
50 J’ai trop aimé ce ciel traversé de longs glas ! 6+6 b
Depuis que ton beau front m’est apparu sans voiles, 6+6 a
Toujours le même rêve habite mes yeux las. 6+6 b
Les pleurs ont tant meurtri mes paupières brûlantes ! 6+6 a
J’ai tant levé vers toi mes bras appesantis ! 6+6 b
55 Tant de nuits ont passé, solitaires et lentes, 6+6 a
Depuis l’aube lointaine où nous sommes partis ! 6+6 b
Souviens-toi ! La campagne était pleine de brousses… 6+6 a
Ah ! si c’est toi vraiment dont les mains m’ont guidé, 6+6 b
Donne-moi de mourir en touchant tes mains douces, 6+6 a
60 Les douces mains par qui mon cœur est possédé. 6+6 b
Et si j’ai pris pour toi quelque forme éphémère, 6+6 a
Je ne sais quel vain songe élevé sous mes pas, 6+6 b
Donne-moi de mourir en gardant ma chimère 6+6 a
Et de t’aimer encor, quand tu ne serais pas !… 6+6 b
mètre profil métrique : 6=6
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