Métrique en Ligne
a voyelle stable
er voyelle ambigüe
e "e" masculin
e "e" féminin
e "e" élidé
e "e" ignoré
e "e" écarté
12 longueur métrique
6-6 mètre
LEG_1/LEG51
Charles LE GOFFIC
Poésies complètes
1889-1914
LE BOIS DORMANT
PETITS POÈMES
LE CŒUR EN DÉRIVE
À François Gélard.
Salaün chantaitsous les deux dolents : 5+5 a
— Las de son stérileet morne veuvage, 5+5 b
Mon cœur est partisur la mer sauvage 5+5 b
Avec les pluvierset les goélands. 5+5 a
5 « Prends garde ! » disaientles pluviers agiles. 5+5 a
Et les goélandsdisaient à leur tour : 5+5 b
« Prends garde ! La merest comme l’amour : 5+5 b
N’y hasarde pastes ailes fragiles. » 5+5 a
*
**
Mais, insoucieuxdu gouffreant, 5+5 a
10 Mon cœur est partivers l’Île du Rêve. 5+5 b
Des filles rôdaient,pieds nus, sur la grève, 5+5 b
Fanant les prés rouxdu glauque oan. 5+5 a
La jupe rouléeautour de leurs hanches, 5+5 a
L’œil hardi, le passcandé d’un refrain, 5+5 b
15 On voyait glisserdans l’herbier marin 5+5 b
L’éclair sinueuxde leurs formes blanches. 5+5 a
Et, sous leurs cheveuxlissés en bandeau, 5+5 a
Ce pas cadencédes blanches faneuses 5+5 b
Avivait encorleurs chairs lumineuses 5+5 b
20 Qui transparaissaientdans les flaques d’eau. 5+5 a
Elles étaient trois,diverses par l’âge : 5+5 a
Guyonne au col souple,Hervine aux cils d’or, 5+5 b
Et celle qui sembleun lys du Trégor, 5+5 b
Jossé, la plus jeuneet la plus volage. 5+5 a
25 Hervine, Guyonneet Jossé, — mon cœur 5+5 a
Savoura longtempsleur grâce divine : 5+5 b
Guyonne est si svelteet si blonde Hervine ! 5+5 b
Mais ce fut le lysqui resta vainqueur. 5+5 a
*
**
Ah ! qu’avez-vous fait,troupe puérile, 5+5 a
30 Du fol oisillonqui venait vers vous ? 5+5 b
Ce cœur ingénu,ce cœur simple et doux. 5+5 b
Qu’allait-il, hélas !chercher dans votre île ? 5+5 a
Des dragueurs passaientavec leurs chaluts. 5+5 a
J’ai dit aux dragueurs :« Le vent d’hiver gronde. 5+5 b
35 Que rapportez-vousde la mer profonde ? 5+5 b
— Rien qu’un pauvre cœurqui ne battra plus. 5+5 a
« Un pauvre cœur d’homme,un cœur en dérive. 5+5 a
Rencontré là-bas,devers Ouessant : 5+5 b
Les flots avaient l’airde rouler du sang ; 5+5 b
40 Des filles riaient,pieds nus, sur la rive. 5+5 a
« Et ce sang coulaitdu cœur transpercé 5+5 a
Et, tout en coulantde la plaie ouverte, 5+5 b
Ses rouges lacistraçaient sur l’eau verte 5+5 b
Le nom de la blancheet froide Jossé… » 5+5 a
*
**
45 Dans les landiers gris,le long du rivage, 5+5 a
Salaün chantaitsous les cieux dolents : 5+5 b
Avec les pluvierset les goélands, 5+5 b
Mon cœur est partisur la mer sauvage 5+5 a
mètre profil métrique : 5+5
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