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| = césure
LEC_1/LEC79
Charles-Marie LECONTE DE LISLE
POÈMES BARBARES
1862
La Ximena
En Castille, à Burgos, Hernan, le Justicier, 6+6 a
Assis, les reins cambrés, dans sa chaise à dossier, 6+6 a
Juge équitablement démêlés et tueries, 6+6 b
Foi gardée en Léon, trtrise en Asturies, 6+6 b
5 Riches-hommes, chauffés d'avarice, arrachant 6+6 a
Son escarcelle au Juif et sa laine au marchand, 6+6 a
Et ceux qui, rendant gorge après leur équie, 6+6 b
Ont sauvé le chaudron, la bannière et l'ée. 6+6 b
Or, les arrêts transmis par les scribes, selon 6+6 a
10 Les formes, au féal aussi bien qu'au félon, 6+6 a
Les massiers dépêchés, les sentences rendues, 6+6 b
Les délinquants ayant payé les sommes dues, 6+6 b
Pour tout clore, il advient que trente fidalgos 6+6 a
Entrent, de deuil vêtus, et par deux rangs égaux. 6+6 a
15 La Ximena Gomez marche au centre. Elle pleure 6+6 b
Son père mort pour qui la vengeance est un leurre. 6+6 b
La sombre cape enclôt de plis roides et longs 6+6 a
Son beau corps alangui, de l'épaule aux talons ; 6+6 a
Et, de l'ombre que fait la coiffe et qu'il éclaire, 6+6 b
20 Sort comme un feu d'amour, d'angoisse et de colère. 6+6 b
Devant la chaise haute, en son chagrin cuisant, 6+6 a
Elle heurte aux carreaux ses deux genoux, disant : 6+6 a
— Seigneur ! donc, c'est d'avoir vécu sans peur ni blâme, 6+6 b
Que, six mois bien passés, mon père a rendu l'âme 6+6 b
25 Par les mains de celui qui, hardi cavalier, 6+6 a
S'en vient, pour engraisser son faucon familier, 6+6 a
Meurtrir au colombier mes colombes fidèles 6+6 b
Et me teindre la cotte au sang qui coule d'elles ! 6+6 b
Don Rui Diaz de Vivar, cet orgueilleux garçon, 6+6 a
30 Méprise grandement, et de claire façon, 6+6 a
De tous tes sénéchaux la vaine chevauchée, 6+6 b
Cette meute sans nez sur la piste lâchée, 6+6 b
Et qu'il raille, sachant, par flagrantes raisons, 6+6 a
Que tu ne le veux point forcer en ses maisons. 6+6 a
35 Suis-je d'un sang si vil, de race tant obscure, 6+6 b
Roi, que du châtiment il n'ait souci ni cure ? 6+6 b
Je te le dis, c'est faire affront à ton honneur 6+6 a
Que de celer le traître à ma haine, Seigneur ! 6+6 a
Il n'est point roi, celui qui défaille en justice, 6+6 b
40 Afin qu'il plaise au fort et que l'humble pâtisse 6+6 b
Sous l'insolente main chaude du sang versé ! 6+6 a
Et toi, plus ne devrais combattre, cuirassé 6+6 a
Ni casqué, manger, boire, et te gaudir en somme 6+6 b
Avec la Reine, et dans son lit dormir ton somme, 6−6 b
45 Puisque ayant quatre fois tes promesses reçu, 6+6 a
L'espoir de ma vengeance est quatre fois déçu, 6+6 a
Et que d'un homme, ô Roi, haut et puissant naguère, 6+6 b
Le plus sage aux Cortès, le meilleur dans la guerre, 6+6 b
Tu ne prends point la race orpheline en merci ! — 6+6 a
50 La Ximena se tait quand elle a dit ceci. 6+6 a
Hernan répond :
— Par Dieu qui juge ! damoiselle, 6+6 b
Ta douloureuse amour explique assez ton zèle, 6+6 b
Et c'est parler fort bien. Fille, tes yeux si beaux 6+6 a
Luiraient aux trépassés roidis dans leurs tombeaux, 6+6 a
55 Et tes pleurs aux vivants mouilleraient la paupière, 6+6 b
Eussent-ils sous l'acier des cœurs durs comme pierre. 6+6 b
Apaise néanmoins le chagrin qui te mord. 6+6 a
Si Lozano Gomez, le vaillant Comte, est mort, 6+6 a
Songe qu'il offensa d'une atteinte très grave 6+6 b
60 L'honneur d'un cavalier de souche honnête et brave, 6+6 b
Plus riche qu'Inigo, plus noble qu'Abarca, 6+6 a
Du vieux Diego Lainez à qui force manqua. 6+6 a
Le Comte est mort d'un coup loyal, et, tout l'atteste, 6+6 b
Dieu dans son paradis l'a reçu sans conteste. 6+6 b
65 Si je garde Don Rui, fille, c'est qu'il est tien. 6+6 a
Certes, un temps viendra qu'il sera ton soutien, 6+6 a
Changeant détresse en joie et gloire triomphante. — 6+6 b
Puis, cela dit, tous deux entrèrent chez l'Infante. 6+6 b
mètre profil métrique : 6−6
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