Métrique en Ligne
P = préposition
C = clitique
M = voyelle masculine
F = "e" féminin
| = césure
LAP_8/LAP99
Victor de LAPRADE
LES VOIX DU SILENCE
1864
VII
POST TENEBRAS LUX
L’espace est envahi par une ombre glae 6+6 a
Où tremblent les contours de la forme effae ; 6+6 a
Et la brume automnale, éteignant les couleurs, 6+6 b
Jette sur tous les fronts ses livides pâleurs. 6+6 b
5 Les arbres, les grands bœufs, les bouviers sur le chaume, 6+6 a
Tout prend sous ces vapeurs un aspect de fantôme ; 6+6 a
Tout s’enfonce et tout fuit : dans l’âtre le grillon, 6+6 b
Le corps dans le tombeau, le grain dans le sillon, 6+6 b
La bête des forêts au fond de sa caverne. 6+6 a
10 Dans l’opaque horizon plus d’astre qu’on discerne ; 6+6 a
Sous un vague linceul tout l’univers s’endort : 6+6 b
Voici la nuit, voici l’hiver, voici la mort. 6+6 b
Puisque tout doit passer par cette porte sainte, 6+6 a
Pourquoi gémir, pourquoi ce trouble et cette crainte ? 6+6 a
15 Dans la nuit maternelle un instant rappelés, 6+6 b
Couchons-nous hardiment pour en sortir ailés. 6+6 b
La nuit ouvre aux douleurs son sein paisible et morne. 6+6 a
Laisse-toi donc flotter sur cette mer sans borne 6+6 a
Où glissent, comme toi, sans le secours des vents, 6+6 b
20 Ces spectres indécis qui furent les vivants. 6+6 b
Plonge-toi dans la mort, car la mort est féconde, 6+6 a
Tout ce qui doit reluire est lavé dans son onde. 6+6 a
C’est du sein de la nuit que le jour nous est né ; 6+6 b
Ce que la nuit reprend, la nuit l’avait donné. 6+6 b
25 Tous ces pâles débris, couvés par les ténèbres, 6+6 a
Ces germes sortiront de leurs berceaux funèbres. 6+6 a
Toi, larve ambitieuse aspirant au soleil, 6+6 b
Accepte, enfin, l’hiver, et l’ombre et le sommeil ; 6+6 b
Viens dormir dans ma nuit propice à toute chose ; 6+6 a
30 Moi, la mort, je guéris et je métamorphose ; 6+6 a
Tout l’univers se fie à mes sages lenteurs, 6+6 b
Et rentre avec amour dans mes flancs créateurs. 6+6 b
mètre profil métrique : 6+6
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