Métrique en Ligne
LAP_8/LAP110
Victor de LAPRADE
LES VOIX DU SILENCE
1864
XVIII
PSAUME DE COMBAT
I
L’air est pesant, le ciel est gris ; la route ardue 6+6 a
Tourne autour d’un abîme, étroite et suspendue. 6+6 a
Point d’arbres et point d’eau, pas un brin de gazon. 6+6 a
Les cratères éteints qui ferment l’horizon 6+6 a
5 Sont fouillés par la foudre et l’ouragan charrie 6+6 a
Des flots de sable rouge et de noire scorie. 6+6 a
Les loups et les chacals, ayant flairé le vent, 6+6 a
Rentrés dans leurs charniers hurlent au jour levant. 6+6 a
Un voyageur, à peine au bout du premier stade, 6+6 a
10 Va, baigné de sueur, tant rude est l’escalade, 6+6 a
Tant il porte un poids lourd, tant l’air est morne et chaud, 6+6 a
Tant il court vaillamment pour monter vite et haut. 6+6 a
Il monte, et de ses pieds la chair saigne entamée 6+6 a
Par le basalte aigu dont la route est semée. 6+6 a
15 Déjà d’une âpre soif il sent le feu rongeur. 6+6 a
Le matin n’eut pour lui ni clartés ni fraîcheur. 6+6 a
Dès l’aube, à son départ, chaque point de l’espace 6+6 a
Semblait couver l’orage et lancer la menace. 6+6 a
Tout autre, ou moins croyant ou moins audacieux, 6+6 a
20 Se serait défié de la terre et des cieux. 6+6 a
« Le sentier où je marche, uni comme un grand fleuve, 6+6 a
M’entraîne sans secousse et sans aspérités, 6+6 b
Du monde, à chaque pas, la splendeur toujours neuve, 6+6 a
S’y déroule à mes yeux dans son immensité. 6+6 b
25 « Car celui qui s’en va, poussé vers l’invisible, 6+6 a
Libre des vains désirs, des sens capricieux, 6+6 b
Vole aux fraîches clartés d’une aurore paisible 6+6 a
Et voit dans l’univers ce qui se cache aux yeux. 6+6 b
« Un éternel matin, tout d’azur et de roses, 6+6 a
30 L’embaume et le nourrit de sommets en sommets ; 6+6 b
Les ailes qu’il reçut pour planer sur les choses 6+6 a
Sont d’un or impalpable et ne s’usent jamais. 6+6 b
« Il aime, il croit, il vole ! A trouver sa carrière 6+6 a
Il n’hésite pas plus qu’un rayon de soleil ; 6+6 b
35 Sans rencontrer de nuit, prompt comme la lumière, 6+6 a
Il monte à travers Dieu de réveil en réveil. 6+6 b
« Qu’importent les rochers, la route âpre et sauvage, 6+6 a
A la foi qui s’élance, à l’oiseau qui fend l’air ? 6+6 b
A qui voit dans la nuit qu’importe le nuage 6+6 a
40 Et la griffe du tigre à qui n’a pas de chair ? 6+6 b
« J’ignore quels écueils se dressent dans ma vie ; 6+6 a
Si mes noirs assaillants sont rares ou nombreux ; 6+6 b
Mais, j’ai vu par delà ! l’idéal me convie ; 6+6 a
Je ne sais si je puis, mais je sens que je veux. 6+6 b
45 « J’irai ! que la tempête ou s’irrite ou s’apaise, 6+6 a
Le Maître a commandé, c’est à lui d’y pourvoir. 6+6 b
J’irai ! ce lourd simoun, ce fer, rien ne me pèse : 6+6 a
Mon armure me porte… elle a nom le Devoir. » 6+6 b
II
Le vent mugit, la trombe éclate et le tonnerre 6+6 a
50 Fait jaillir en éclats les rocs brisés ; la terre, 6+6 a
Sous ces torrents de pluie et de grêlons serrés, 6+6 a
Lance contre le ciel des traits désespérés. 6+6 a
Les pierres et les flots sur les coteaux ruissellent ; 6+6 a
Dans les ravins comblés les forêts s’amoncellent ; 6+6 a
55 Tout croule et rebondit sur les monts haletants ; 6+6 a
C’est un nouvel assaut des Dieux et des Titans. 6+6 a
Les temples et les tours où l’homme a son refuge, 6+6 a
Roulent comme du sable à travers ce déluge. 6+6 a
Et quand, pour annoncer la fin du châtiment, 6+6 a
60 L’arc-en-ciel a brillé dans un ciel plus clément, 6+6 a
Quand les monts ébranlés sont rassis sur leur centre, 6+6 a
Hommes, troupeaux, sortis un par un de quelqu’antre, 6+6 a
Les rares survivants à ces jeux du chaos, 6+6 a
Hagards, et les yeux creux, la peau collée aux os, 6+6 a
65 Semblent des morts tirés tout à coup de leur tombe. 6+6 a
Or, comme eux, échappé par miracle à la trombe 6+6 a
De sang et de limon souillé, le pèlerin 6+6 a
À pas lents et boiteux marchait, ferme et serein. 6+6 a
« Il est des régions, et mon cœur les habite, 6+6 a
70 Où l’air est toujours calme et le flot toujours pur ; 6+6 b
Où rien ne se lamente et ne se précipite, 6+6 a
Où l’on glisse, en chantant, sur des sentiers d’azur. 6+6 b
« C’est la sphère où tout cède à celui que tout nomme. 6+6 a
La sphère de l’amour et du renoncement, 6+6 b
75 Où tout homme, inflexible aux caprices de l’homme 6+6 a
Voulant ce que Dieu veut, se soumet librement. 6+6 b
« Où les âmes au but sont doucement guidées, 6+6 a
Comme un docile enfant, par l’instinct filial ; 6+6 b
Où rien des passions ne se mêle aux idées ; 6+6 a
80 Rien du réel infime au suprême idéal. 6+6 b
« Car tous ces feux sanglants qui roulent sur nos têtes, 6+6 a
Ces obscènes vapeurs qui salissent les cieux, 6+6 b
Ces colères du vent, ces foudres, ces tempêtes 6+6 a
Sont issus de la terre et nés dans les bas lieux, 6+6 b
85 « Plus haut voici la paix, une paix immuable ! 6+6 a
Plus haut voici l’Éden, et je l’ai visité, 6+6 b
L’Éden inaccessible à ce corps misérable, 6+6 a
Mais où l’esprit remonte et plane en liberté. 6+6 b
« Voilà que j’y saisis des fleurs insaisissables 6+6 a
90 Dans ces champs interdits où je vais sans effroi ! 6+6 b
Ma chair a teint de sang les rochers et les sables, 6+6 a
Mais l’orage a grondé chez elle et non chez moi. 6+6 b
III
Plus noire, à chaque pas, s’élève une poussière, 6+6 a
Et d’infectes vapeurs jaunissent l’atmosphère ; 6+6 a
95 L’air est plus lourd, le soir a plus d’obscurité : 6+6 a
Le brouillard et le bruit annoncent la cité. 6+6 a
Des regards impudents et des propos cyniques, 6+6 a
L’ivoire et l’or des chars, la pourpre des tuniques, 6+6 a
De plus pompeux hochets et de plus vils haillons, 6+6 a
100 Des passants avinés les vagues tourbillons, 6+6 a
Des fronts suant l’orgueil et l’envie et la haine 6+6 a
O voyageur, voici la fourmilière humaine ! 6+6 a
Autour de l’étranger, les yeux, avidement, 6+6 a
Pour y compter son or fouillent son vêtement. 6+6 a
105 Plus seul qu’au fond des bois qui lui prêtaient leur mousse, 6+6 a
Il va l’homme au front pur qu’on raille et qu’on repousse, 6+6 a
Toujours seul ! et la nuit chez ces peuples damnés, 6+6 a
Il dort sur le granit des temples ruinés. 6+6 a
« Vous m’abritez partout, sous vos toits, dans vos âmes, 6+6 a
110 Amis ! j’ai pour chevet vos genoux familiers, 6+6 b
Au fond de ces déserts, dans ces villes infâmes, 6+6 a
J’habite à tout jamais vos cœurs hospitaliers. 6+6 b
« Nul pacte entre les bons, nul amour ne s’efface. 6+6 a
Une fois deux esprits conjurés pour le bien, 6+6 b
115 En vain s’élève entre eux ou le temps ou l’espace. 6+6 a
Ils restent l’un à l’autre un éternel soutien. 6+6 b
« Amis, je vous sens là ! vos pleurs, votre sourire 6+6 a
Tout survit, gais propos et sévères chansons ; 6+6 b
Et versant au banquet l’ivresse de la lyre, 6+6 a
120 Nos poètes encor nous servent d’échansons. 6+6 b
« Divine Béatrix, ô ma route ! ô ma vie ! 6+6 a
Je gravis à ta voix la même échelle d’or ; 6+6 b
Rien ne meurt dans la sphère où je t’ai poursuivie, 6+6 a
Ton regard m’illumine et me soulève encor. 6+6 b
125 « Entre mes yeux et toi toutes ces beautés viles, 6+6 a
Tous ces tableaux impurs se déroulent en vain ; 6+6 b
En vain la dureté de ces hommes serviles 6+6 a
Dément ce que je crois du noble cœur humain. 6+6 b
« Je n’aurai pas pour eux un seul mot d’anathème ; 6+6 a
130 Au fort de la douleur je veux nier le mal ; 6+6 b
Je veux juger le monde à travers ceux que j’aime ; 6+6 a
Rien n’existe pour moi que le seul idéal. 6+6 b
« Je bénis, ô mon Dieu ! cette foule aveuglée ; 6+6 a
Que m’importe sa haine et mon exil d’un jour ! 6+6 b
135 Je vis dans un désert, mais mon âme est peuplée. 6+6 a
Lançons à tout vivant un cantique d’amour. » 6+6 b
IV
Or, la molle cité qui s’endormit la veille 6+6 a
Dans les jeux et le vin, dans le sang se réveille ; 6+6 a
Ces plaisirs ont la haine, hélas ! pour lendemain ; 6+6 a
140 Ce luxe à la discorde a frayé le chemin. 6+6 a
Les uns pour garder l’or, les autres pour le prendre, 6+6 a
Dans une arène impie on les voit tous descendre ; 6+6 a
N’y cherchez pas un homme à défaut de héros ; 6+6 a
C’est un combat de chiens se disputant un os. 6+6 a
145 Hormis l’honneur, hormis le dieu de leurs ancêtres, 6+6 a
Ils sont prêts à servir, à lécher tous les maîtres. 6+6 a
Mais le sang coule à flots, ils ont bien combattu ; 6+6 a
Ils meurent bravement, c’est leur seule vertu. 6+6 a
Or, sans rien espérer de ces débris d’empires, 6+6 a
150 Sans croire aux bons, il faut lutter contre les pires. 6+6 a
Nul quand le cri d’alarme a chez nous retenti, 6+6 a
N’est exempt du devoir de choisir un parti. 6+6 a
Tel qui fut sage hier aimant la solitude, 6+6 a
S’est armé comme un autre et s’est fait multitude ; 6+6 a
155 Le voilà descendu sans haine et sans terreur 6+6 a
Dans ces luttes qu’il juge et qui lui font horreur. 6+6 a
« Aimons jusqu’à la mort la vérité proscrite, 6+6 a
La justice étrangère à ces fougueux troupeaux, 6+6 b
Le droit, dont le nom seul les blesse et les irrite, 6+6 a
160 Et que je cherche en vain sous un de leurs drapeaux. 6+6 b
« Suivons ce qui du vrai nous garde au moins quelque ombre, 6+6 a
Dieu seul connaît ici le pire et le meilleur ; 6+6 b
Suivons dans le mépris de la force et du nombre, 6+6 a
Le chemin qu’a montré le guide intérieur. 6+6 b
165 « Qu’importe une défaite, un succès éphémères ! 6+6 a
La victoire a sacré plus d’un vil criminel ; 6+6 b
Mais il importe, au prix de cent luttes amères, 6+6 a
De n’avoir pas un jour douté de l’Éternel. 6+6 b
« De n’avoir pas lavé ses mains comme Pilate, 6+6 a
170 Du sang de l’innocent et du persécuté. 6+6 b
De n’avoir jamais dit au vil peuple qu’on flatte : 6+6 a
« J’ai mis votre intérêt avant la vérité. » 6+6 b
« De n’avoir pas vécu dans un flegme imbécille, 6+6 a
Niant vertus et vice et cherchant le milieu, 6+6 b
175 Et doutant du soleil quand le regard vacille, 6+6 a
Et se posant pour juge entre Satan et Dieu. 6+6 b
« Je sais ce qui s’agite au fond de ces querelles, 6+6 a
Ces haines, ces désirs n’effleurent pas mon cœur ; 6+6 b
J’habite un lieu paisible et plane au-dessus d’elles 6+6 a
180 Je ne vois pas le monde en sceptique moqueur. 6+6 b
« Je crois au but divin que poursuit et qu’ignore 6+6 a
Tout ce peuple inquiet détourné de sa loi : 6+6 b
J’entrevois l’idéal, je le sens, je l’adore ; 6+6 a
Je crois !… Je veux agir pour attester ma foi. » 6+6 b
V
185 Il frappe, il est frappé, son sang coule ; il demeure 6+6 a
Sous son drapeau vaincu jusqu’à la dernière heure ; 6+6 a
Il tombe, il se redresse : et jusqu’au trait mortel, 6+6 a
Impassible au combat comme un prêtre à l’autel, 6+6 a
Puisqu’il a dû braver, hélas ! la pitié sainte, 6+6 a
190 Il brave les douleurs et n’a pas une plainte. 6+6 a
Homme, encore un effort ! Voici le dard vainqueur, 6+6 a
Le dard empoisonné qui perce jusqu’au cœur ; 6+6 a
Donne un dernier baiser à la croix de ton glaive ! 6+6 a
Il pâlit, il s’affaisse et plus ne se relève ; 6+6 a
195 Et le feu qui succède à l’horrible frisson, 6+6 a
Jusqu’au fond de ses os coule avec le poison ; 6+6 a
Pas de fibre en son corps que la douleur ne ronge ; 6+6 a
C’est le suprême assaut qui longtemps se prolonge. 6+6 a
Sans vivre et sans mourir, cette chair qui se tord 6+6 a
200 Sentira jusqu’au soir les affres de la mort ; 6+6 a
Sous les pieds des chevaux elle est déjà foulée, 6+6 a
Que l’âme encor persiste et n’est pas envolée. 6+6 a
Il faut, tant que ce cœur palpite vaguement, 6+6 a
Il faut qu’il soit broyé comme le pur froment. 6+6 a
205 « Je vois dans ces jardins la cité fraternelle, 6+6 a
Aux murs de jaspe et d’or cimentés par l’amour ; 6+6 b
La porte ouverte à tous n’a pas de sentinelle ; 6+6 a
Des harpes et des voix chantent sur chaque tour. 6+6 b
« Un arbre aux larges bras couvre sa vaste enceinte, 6+6 a
210 Immense et lumineux et semblable au soleil ; 6+6 b
Il verse en tous les temps sur cette ville sainte, 6+6 a
Et des fruits et des fleurs germes d’un sang vermeil. 6+6 b
« Chacun remplit sa coupe à ce vin délectable ; 6+6 a
Chacun se rassasie à ces fruits de la croix ; 6+6 b
215 Et sur un trône assis, préside à cette table 6+6 a
Jésus, crucifié, seul survivant des rois. 6+6 b
« Les anges, par milliers, vêtus de robes blanches, 6+6 a
Promènent dans les airs la lyre et l’encensoir, 6+6 b
Et de leurs yeux profonds, bleus comme des pervenches, 6+6 a
220 Des gouttes de parfum pleuvent matin et soir. 6+6 b
« Je les vois d’une étoile où mon âme est bercée ; 6+6 a
J’en jouis avec calme et sans étonnement. 6+6 b
La douce vision, présente à ma pensée, 6+6 a
N’a jamais eu de fin ni de commencement. » 6+6 b
VI
225 Les affreux visiteurs des morts sans funérailles, 6+6 a
La hyène et le chacal fouillent dans ses entrailles ; 6+6 a
Cette chair se dissout, et de ses noirs lambeaux, 6+6 a
Ce qu’a dédaigné l’aigle est pris par les corbeaux. 6+6 a
Je ne sais quoi d’infect et de rongeur habite 6+6 a
230 Et se tord vaguement dans le creux de l’orbite. 6+6 a
L’air autour de ce corps trace un cercle empesté 6+6 a
D’où fuit avec horreur le pâtre épouvanté. 6+6 a
Cependant d’autres morts, menés en grandes pompes, 6+6 a
Provoquent les éclats des lyres et des trompes. 6+6 a
235 Étant de ces vainqueurs sur qui le siècle ment, 6+6 a
Tel immonde assassin aura son monument ; 6+6 a
Jeté par sa défaite au charnier de l’histoire, 6+6 a
Le sage doit périr jusque dans sa mémoire, 6+6 a
Heureux si, des affronts défendu par l’oubli, 6+6 a
240 Son nom meurt tout entier et reste enseveli. 6+6 a
Plus juste, au moins, plus douce à ceux que l’homme accable, 6+6 a
La terre à tous les morts rend un honneur semblable : 6+6 a
Sur ces pâles débris versant les mêmes pleurs, 6+6 a
Elle en tire, à son jour, de la pourpre et des fleurs. 6+6 a
245 Mais du morne creuset où se fait ce miracle, 6+6 a
Les êtres purs ont fui l’effroyable spectacle ; 6+6 a
Le squelette a blanchi sur un tertre plus vert, 6+6 a
Et ce lieu redouté demeure encor désert. 6+6 a
Les louveteaux, parfois, viennent quand l’heure est noire, 6+6 a
250 Pour aiguiser leurs dents remâcher cet ivoire ; 6+6 a
Et font, en se jouant à travers le gazon, 6+6 a
Rouler ce crâne auguste où siégeait la raison. 6+6 a
« Que j’ai fait de chemin, jusque dans le ciel même, 6+6 a
A travers des soleils parcourus sans efforts, 6+6 b
255 Depuis que j’ai conquis la liberté suprême, 6+6 a
Celle qui nous délivre à jamais de ce corps. 6+6 b
« Quand l’homme a secoué sa dépouille grossière, 6+6 a
Quand la terre a repris tout ce qu’elle a donné, 6+6 b
Des astres, plus nombreux que ces grains de poussière, 6+6 a
260 Font cortège à l’esprit de sa gloire étonné. 6+6 b
« Le faucheur, tout l’été, dans ces plaines fécondes, 6+6 a
Tranchera moins d’épis et de brins de gazon 6+6 b
Que mes ailes, d’un coup, n’ont soulevé de mondes 6+6 a
Dans ces champs de l’azur qui n’ont plus d’horizon. 6+6 b
265 « Comme un rayon, sitôt qu’a passé le nuage, 6+6 a
Jaillit, court en tous sens à travers le ciel bleu, 6+6 b
Du poids qui l’accablait mon âme se dégage 6+6 a
Et grandit sans trouver d’autres bornes que Dieu. 6+6 b
« Je monte à l’infini sans vous atteindre encore, 6+6 a
270 Sans toucher le milieu de votre immensité ; 6+6 b
Enveloppé de vous, Seigneur, je vous ignore : 6+6 a
A peine ai-je entrevu l’éternelle beauté ! 6+6 b
« Plus près ! que l’infini m’attire et me pénètre, 6+6 a
Enlacez-moi d’un nœud plus étroit et plus doux ! 6+6 b
275 Plus près encor, Seigneur ! attirez tout mon être, 6+6 a
Puisqu’il demeure entier quand je me perds en vous. 6+6 b
« Voilà que j’ai franchi tout l’azur, tout l’espace 6+6 a
J’ai mis les vastes cieux entre la terre et moi ; 6+6 b
Et je ne suis qu’au bord, Seigneur ! à la surface 6+6 a
280 Mais j’ai l’éternité pour me plonger en toi. 6+6 b
« Rien ne m’enchaîne plus à cette terre obscure, 6+6 a
Rien ne peut plus cacher à mes yeux le vrai jour. 6+6 b
Rien ne t’ôtera plus, mon Dieu, ta créature : 6+6 a
L’abîme est entre nous comblé par ton amour. » 6+6 b
mètre profil métrique : 6+6
forme globale type : suite de strophes
schéma : 62[aa] 40[abab]
logo du CRISCO logo de l'université