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| = césure
LAP_6/LAP64
Victor de LAPRADE
LES SYMPHONIES
1855
LIVRE TROISIÈME
II
LE FRUIT DE LA DOULEUR
Sur le versant pierreux d’un plateau du midi, 6+6 a
Respirant le soleil d’un hiver attiédi, 6+6 a
J’errais en longs détours ; les collines désertes 6+6 b
D’arbustes odorants étaient au loin couvertes. 6+6 b
5 Promeneur attentif au plus humble arbrisseau, 6+6 a
J’évitais en marchant de blesser un rameau. 6+6 a
J’avais déjà suivi tous les sentiers des landes 6+6 b
Sans briser une tige, une feuille aux lavandes ; 6+6 b
Aussi de leurs bouquets intacts et respectés, 6+6 a
10 Nul parfum ne montait dans l’air, à mes côtés. 6+6 a
À travers champs, bientôt, dans ma course plus prompte, 6+6 b
Je m’élance, et des fleurs je ne tiens plus de compte ; 6+6 b
Je marche au plus touffu des arbustes meurtris, 6+6 a
Et disperse à grands pas leurs feuilles en débris. 6+6 a
15 Alors jaillit, alors le vent à longs flots roule 6+6 b
Un doux torrent d’odeurs des plantes que je foule ; 6+6 b
Et plus mon pied rapide, au penchant du coteau, 6+6 a
À coups précipités frappe comme un fléau, 6+6 a
Plus j’écrase, à pas lourds, feuilles, rameaux et tige, 6+6 b
20 Plus l’essaim des parfums rapidement voltige, 6+6 b
Et plus épais, dans l’air que j’entraîne en courant, 6+6 a
S’amasse et monte au loin un nuage odorant. 6+6 a
Vous, mon Dieu ! parmi nous, quand nos âmes sont mûres, 6+6 b
Vous cheminez ainsi, malgré nos vains murmures, 6+6 b
25 Faisant votre moisson ; et, lorsque vous voulez 6+6 a
Respirer les parfums dans nos cœurs recélés, 6+6 a
La douleur vous précède ; elle vient, sans colère, 6+6 b
Ainsi que le coursier foulant le blé sur l’aire, 6+6 b
Et brise sous ses pieds, comme moi ces rameaux, 6+6 a
30 Nos fleurs et nos fruits mûrs, et nos espoirs nouveaux. 6+6 a
Vous dirigez. Seigneur, tous les coups qu’elle porte ; 6+6 b
Les plus durs sont toujours pour l’âme la plus forte. 6+6 b
C’est vous, dans la douleur, qui nous êtes présent ; 6+6 a
Vous ne nous visitez, mon Dieu, qu’en nous brisant. 6+6 a
35 Mais c’est alors aussi qu’à travers ses blessures, 6+6 b
La fleur exhale au loin ses senteurs les plus pures ; 6+6 b
Alors, mon Dieu, le cœur brisé par le chagrin 6+6 a
Vous livre ses vertus comme l’épi son grain, 6+6 a
Et mille odeurs ont fui de ses veines subtiles, 6+6 b
40 Qui dormaient jusque-là dans la plante inutile. 6+6 b
Alors, enfin, versant de l’argile ou de l’or 6+6 a
Le flot immacu qui s’y gardait encor, 6+6 a
L’homme à vos pieds répand, comme fit Madeleine, 6+6 b
Les plus divins parfums dont son âme était pleine. 6+6 b
mètre profil métrique : 6+6
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