Métrique en Ligne
P = préposition
C = clitique
M = voyelle masculine
F = "e" féminin
| = césure
LAP_6/LAP62
Victor de LAPRADE
LES SYMPHONIES
1855
LIVRE DEUXIÈME
IX
L’HIVER
Vers la forêt, | là-bas, à mi-coteau, 4+6 a
Quand le brouillard | s’entr’ouvre et s’illumine, 4+6 b
Je vois plié | dans son neigeux manteau, 4+6 a
Un lent vieillard | qui vers nous s’achemine. 4+6 b
5 Les noirs rameaux | que brise un vent du nord 4+6 a
Autour de lui | pleuvent comme des flèches ; 4+6 b
D’un pied pesant | foulant les feuilles sèches, 4+6 b
Il vient, courbé | sous son faix de bois mort. 4+6 a
Chênes si verts, | aubépine si blanche, 4+6 a
10 Si pleins de fleurs | et d’oiseaux familiers !… 4+6 b
Par la forêt, | le verger, les halliers, 4+6 b
Il a glané | son fagot branche à branche. 4+6 a
Il en a pris | au tronc où fut gravé 4+6 a
Un chiffre encor | souriant sur le hêtre, 4+6 b
15 Où, dans le nid, | fut, pour elle, enlevé 4+6 a
Le gai pinson | qui chante à sa fenêtre ; 4+6 b
La branche aussi | d’où l’amant fit pleuvoir 4+6 a
Sur un cou blanc | les vermeilles cerises, 4+6 b
Et celle encor | du saule à feuilles grises 4+6 b
20 Qu’il écarta | sur son bain pour l’y voir ; 4+6 a
Et les rameaux | du bois plus solitaire 4+6 a
Où tant de mousse | invite à se poser, 4+6 b
Sous le rocher | qui garde avec mystère 4+6 a
L’écho furtif | de leur premier baiser ! 4+6 b
25 À pas rêveurs | le vieillard nous apporte 4+6 a
Son lourd faisceau | dont il aime le poids ; 4+6 b
Du chaume antique | il a franchi la porte, 4+6 a
Sur les chenets | il a rangé le bois. 4+6 b
Là, chaque brin | du fagot qu’il ménage 4+6 a
30 Flambe à son tour | et fait durer le feu… 4+6 b
Débris ardents | des trésors d’un autre âge, 4+6 a
Vous pouvez seuls | le rajeunir un peu ! 4+6 b
Assis dans l’âtre, | en sa robe de laine, 4+6 a
Il tend ses doigts | vers les rouges tisons ; 4+6 b
35 Sur le chenet | tiédit sa tasse pleine 4+6 a
D’un vin gardé | des fertiles saisons. 4+6 b
Du doux brasier | son cœur ressent le charme ; 4+6 a
La sève encor | monte à ses yeux taris ; 4+6 b
De ses cils blancs | éclairés d’un souris 4+6 b
40 Jusqu’à sa main | roule une grosse larme. 4+6 a
Brûlez, rameaux | des buissons printaniers, 4+6 a
Débris de fleurs | amassés en relique ; 4+6 b
A votre feu | pâle et mélancolique 4+6 b
De ses soupirs | réchauffez les derniers. 4+6 a
45 Chers souvenirs | de la forêt secrète, 4+6 a
Bois sec et noir, | jadis bouquet vermeil, 4+6 b
Au vieil Hiver, | donnez, dans sa retraite, 4+6 a
Quelques tisons | à défaut de soleil ! 4+6 b
mètre profil métrique : 4+6
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