Métrique en Ligne
a voyelle stable
er voyelle ambigüe
e "e" masculin
e "e" féminin
e "e" élidé
e "e" ignoré
e "e" écarté
12 longueur métrique
6-6 mètre
LAP_5/LAP47
Victor de LAPRADE
POÈMES ÉVANGÉLIQUES
1852
CONSÉCRATION
Quand je pouvais encor vous voir et vous entendre, 6+6 a
Quand, parmi vos travaux, ma Mère, et vos douleurs, 6+6 b
Mon cœur de fils pouvait à vos pieds se répandre, 6+6 a
Et faire éclore en vous de la joie ou des pleurs ; 6+6 b
5 Avant l’heure où, brisant le bonheur domestique, 6+6 a
Dieu vous plaça plus haut que vos amours humains, 6+6 b
Lorsque ma lèvre encor s’appuyait sur vos mains, 6+6 b
Lorsque vous étiez là sur ce fauteuil antique ; 6+6 a
Trop souvent de mon cœur j’ai retenu la voix ; 6+6 a
10 Je vous ai trop peu dit, c’est là ma peine amère, 6+6 b
Ces choses qu’un bon fils doit dire mille fois 6+6 a
Pour payer, s’il se peut, les peines d’une mère. 6+6 b
Pour l’amour filial, ah ! que de jours perdus ! 6+6 a
Dans votre âme inquiète et si prompte aux alarmes, 6+6 b
15 Combien un fils meilleur, par ses soins assidus, 6+6 a
En sourires divins aurait changé de larmes ! 6+6 b
Ma Mère ! avez-vous su comme je vous aimais ? 6+6 a
Comme en vous j’ai vécu, comme, dès mon enfance, 6+6 b
Envers le monde et Dieu, vous fûtes ma défense ? 6+6 b
20 Tel que je l’ai senti, je ne l’ai dit jamais. 6+6 a
Mais votre âme lisait au-dedans de moi-même ; 6+6 a
Silencieux, absent, je vous restais uni ; 6+6 b
Vous connaissiez mon cœur et vous m’avez béni, 6+6 b
Et le mot de bon fils fut votre adieu suprême. 6+6 a
25 Ah ! j’en avais besoin pour calmer le remord 6+6 a
De tant de jours ô tés aux maternelles joies, 6+6 b
Et perdus, loin de vous, le long des folles voies, 6+6 b
Et qui m’accusaient tous à votre lit de mort ! 6+6 a
La nuit s’est faite en moi depuis cette heure affreuse ; 6+6 a
30 La source de mon sang me semble avoir tari, 6+6 b
Je cherche une espérance en mon cœur appauvri ; 6+6 b
Vous seule et Dieu savez l’abîme qui s’y creuse. 6+6 a
C’est par vous que j’aimais, que j’essayais le bien ; 6+6 a
J’ai perdu ma lumière et ma raison de vivre ; 6+6 b
35 Mais vous me rendrez digne, ô Mère ! de vous suivre, 6+6 b
Votre esprit, de là-haut, visitera le mien. 6+6 a
Mère ! vous me voyez ; dites, que puis-je faire 6+6 a
Pour vous prouver mon culte et pour qu’il vous soit doux ? 6+6 b
Puisque Dieu vous a prise et vous garde en sa sphère, 6+6 a
40 Je veux aller à Dieu pour m’approcher de vous. 6+6 b
De ce livre, ici-bas, je vous faisais l’offrande ; 6+6 a
La prière en est l’âme, il fut par vous dicté ; 6+6 b
J’y gravai votre nom, vous l’avez accepté, 6+6 b
Mais vous me demandez, Mère, une œuvre plus grande. 6+6 a
45 Ame sainte, aujourd’hui, tu vois le seul vrai beau, 6+6 a
Dans le seul bien réel à jamais tu te plonges ; 6+6 b
Ton fils doit t’adresser, au-delà du tombeau, 6+6 a
Un plus digne tribut que ce fruit de mes songes. 6+6 b
Mère, toujours active à notre humble foyer, 6+6 a
50 Vous pratiquiez le bien, tandis que je le rêve ; 6+6 b
Pour le ciel et pour nous, vous amassiez sans trêve 6+6 b
La gerbe de vertus qui vous a fait ployer. 6+6 a
Moi, je me trouve encor, devant Dieu, les mains vides ; 6+6 a
En stériles accords j’ai dépensé mes jours ; 6+6 b
55 Mais je veux entreprendre, avec votre secours, 6+6 b
Pour mieux vous honorer, des œuvres plus solides. 6+6 a
Si la foi m’affermit dans l’amour du devoir, 6+6 a
Si, dans le mâle esprit du chrétien et du sage, 6+6 b
Je suis pur, sans orgueil, et doux avec courage, 6+6 b
60 Et gardant sur moi-même un absolu pouvoir ; 6+6 a
Si cette austérité s’attendrit pour mes frères, 6+6 a
S’ils trouvent à m’aimer quelques soulagements ; 6+6 b
Si Dieu m’entend bénir son nom dans mes tourments, 6+6 b
Si mes jours de travail sont mêlés de prières ; 6+6 a
65 Si mon amour de fils, doux au cœur paternel, 6+6 a
D’un appui qui la charme entoure votre fille, 6+6 b
Et nous aide à porter notre deuil éternel 6+6 a
En mêlant sa tendresse aux soucis de famille ; 6+6 b
Si tous les trois, le père et l’épouse et la sœur, 6+6 a
70 Celle à qui tu remis mon âme fatiguée 6+6 b
Et celle que tes pleurs à son frère ont léguée, 6+6 b
Trouvent repos et force abrités sur mon cœur ; 6+6 a
Si j’ai mis dans le sang du fils qui vient de naître 6+6 a
Un peu du vieil honneur et de la vieille foi, 6+6 b
75 Et si — Dieu permettant qu’il puisse me connaître — 6+6 a
Je sais être pour lui ce que tu fus pour moi ; 6+6 b
Si, des assauts du mal, ma foi sort agrandie ; 6+6 a
Si je me fais un cœur à l’image du tien... 6+6 b
Voilà, ma Mère ! ô toi par qui je suis chrétien, 6+6 b
80 La seule œuvre durable, et je te la dédie. 6+6 a
mètre profil métrique : 6+6
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