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LAP_5/LAP39
Victor de LAPRADE
POÈMES ÉVANGÉLIQUES
1852
LA RÉSURRECTION DE LAZARE
I
Or, coupable d’amour, de charité féconde, 6+6 a
Jésus devint en haine aux puissants de ce monde. 6+6 a
Chaque nouveau miracle, obtenu par la foi, 6+6 b
Semblait un nouveau crime aux docteurs de la loi. 6+6 b
5 Les pains multipliés, les guérisons célèbres, 6+6 a
Tout, à leurs yeux jaloux, est œuvre de ténèbres : 6+6 a
Jésus n’observait point le repos du sabbat ; 6+6 b
Il avait souhai que le temple tombât ; 6+6 b
Il s’était dit, un jour, plus puissant que Moïse : 6+6 a
10 Il chassait les démons par leur propre entremise ! 6+6 a
Quand le faux zèle, ainsi, contre lui s’enflammait, 6+6 b
Jésus était contraint de fuir ceux qu’il aimait, 6+6 b
De chercher le désert, les cavernes secrètes 6+6 a
Où les lions se font les hôtes des prophètes ! 6+6 a
15 Car ceux qui vont semant la parole de Dieu 6+6 b
Seront toujours errants et n’auront feu ni lieu. 6+6 b
Les temples, les palais tiennent leurs portes closes 6+6 a
Quand ils sentent passer le vent des grandes choses ; 6+6 a
Et le monde, effra dans ses vices, proscrit 6+6 b
20 L’ouvrier trop ardent des œuvres de l’Esprit. 6+6 b
Chez les hommes, pourtant, il leur faut un asile 6+6 a
A ces doux étrangers que tout le peuple exile ; 6+6 a
Sous un toit où leur corps se repose abrité, 6+6 b
Leur cœur, aussi, demande une hospitalité.. 6+6 b
25 Plus lourd est le fardeau, plus la route est austère, 6+6 a
Plus, ils ont à souffrir des choses de la terre, 6+6 a
Et plus des biens du ciel ils ressentent l’attrait ; 6+6 b
Plus leur âme a besoin de s’ouvrir en secret, 6+6 b
D’offrir à respirer ses parfums qu’on ignore. 6+6 a
30 Car cette âme est semblable à la forêt sonore : 6+6 a
Le vent mugit en elle, et, de loin, le passant 6+6 b
Écoute avec effroi l’esprit retentissant ; 6+6 b
Sans se douter, à voir les chênes centenaires 6+6 a
Et le front des rochers noircis par les tonnerres, 6+6 a
35 Que, dans ce temple auguste aux piliers infinis, 6+6 b
Chaque arbre est ceint de fleurs et couronné de nids, 6+6 b
Qu’il exhale des voix et des odeurs bien douces, 6+6 a
Et qu’on dort, à ses pieds, sur des tapis de mousses. 6+6 a
Vos prophètes, Seigneur, sont ainsi ; leur aspect 6+6 b
40 Remplit la foule au loin de haine ou de respect. 6+6 b
Eux, pourtant, descendus des monts que Dieu visite, 6+6 a
Ils serrent notre main qui devant eux hésite ; 6+6 a
Quand l’écho vibre encor des sermons triomphants 6+6 b
Ils reviennent parler la langue des enfants. 6+6 b
45 A quelque table obscure, où l’amitié les lie, 6+6 a
Leurs gloires, leurs douleurs, hormis Dieu tout s’oublie. 6+6 a
Là, pour se reposer des grandeurs du Thabor 6+6 b
Ils voilent, en entrant, les feux du nimbe d’or ; 6+6 b
Heureux, loin des chemins où l’on étend les palmes, 6+6 a
50 D’abriter sous ce toit leurs fronts tristes et calmes. 6+6 a
Vous-même, des douleurs exemple à tous donné, 6+6 b
Vous, marchant vers la croix pour qui vous étiez né, 6+6 b
Vous l’aviez, ô Jésus, cet asile si rare, 6+6 a
Cet asile du cœur ! Et c’était chez Lazare. 6+6 a
55 Le frère et les deux sœurs empressés sur le seuil 6+6 b
Vous le voyaient franchir avec un doux orgueil, 6+6 b
Vous les aimiez tous trois !... et l’enclos solitaire 6+6 a
Et des larges figuiers l’ombrage héréditaire, 6+6 a
Et ces murs de rosiers et de pampres vêtus 6+6 b
60 Qu’habitaient le travail et les humbles vertus. 6+6 b
A ce foyer exempt de tout luxe frivole 6+6 a
Vous apportiez, Seigneur, le pain de la parole. 6+6 a
Vous les aimiez tous trois ! Lazare ferme esprit, 6+6 b
Fidèle à faire en tout selon qu’il est écrit, 6+6 b
65 Conduit à votre loi par l’amour de l’ancienne ; 6+6 a
Les pauvres pour fortune avaient toujours la sienne. 6+6 a
Vous l’aimiez ! dans ses yeux et sur son front penseur 6+6 b
Siégeaient en même temps la force et la douceur, 6+6 b
Homme à qui vous pouviez parler sans paraboles, 6+6 a
70 Dont l’âme conservait le grain de vos paroles, 6+6 a
Et qui faisait fleurir, mieux que les plus fervents, 6+6 b
L’esprit de vos discours en des actes vivants. 6+6 b
Dès qu’on vous espérait, par les soins des deux femmes, 6+6 a
La maison reflétait la parure des âmes ; 6+6 a
75 Ornés, partout, de fleurs, de tapis éclatants, 6+6 b
Les murs vous témoignaient l’amour des habitants ; 6+6 b
Les plus beaux fruits, choisis lentement sur chaque arbre, 6+6 a
Couvraient la nappe blanche et les tables de marbre ; 6+6 a
L’urne antique sortait de l’ombre des celliers. 6+6 b
80 La joie était partout ; les oiseaux familiers 6+6 b
Chantaient et voltigeaient et semblaient vous connaître, 6+6 a
Et les chiens faisaient fête à l’ami de leur maître. 6+6 a
Tous les vieux serviteurs hâtaient leurs pas tremblants ; 6+6 b
Le zèle universel emportait les plus lents. 6+6 b
85 Pour que l’œuvre de tous fût digne d’un tel hôte, 6+6 a
Marthe allait et venait réparant toute faute, 6+6 a
Mettant à ces apprêts un innocent orgueil. 6+6 b
Magdeleine à Jésus offrait un autre accueil ; 6+6 b
Laissant Marthe aux soucis de la maison en fête, 6+6 a
90 C’est son cœur qu’elle ornait pour l’ouvrir au prophète ; 6+6 a
Elle écoutait le Verbe, à genoux, l’œil en feu, 6+6 b
Oubliant l’homme en lui pour contempler le Dieu. 6+6 b
Or Marthe se plaignit : — « Maître, elle m’abandonne 6+6 a
Seule aux mille travaux que la maison me donne ; 6+6 a
95 Dites-lui qu’elle m’aide, » — Et Jésus la reprit : 6+6 b
— « Marthe, des soins nombreux agitent votre esprit ; 6+6 b
Un seul est nécessaire et doit remplir cette heure ; 6+6 a
Marie a su choisir ; sa part est la meilleure, 6+6 a
Nul ne la lui prendra. » — Dieu respecte en effet 6+6 b
100 Le choix libre de l’homme et la part qu’il se fait. 6+6 b
Et tandis que la sœur qu’un moins haut ministère 6+6 a
Garda toujours sans tache à son foyer austère, 6+6 a
Du toit hospitalier soigne au festin l’honneur, 6+6 b
Magdeleine interroge ardemment le Seigneur ; 6+6 b
105 Ame mieux préparée à l’Évangile intime, 6+6 a
Cherchant plus les sommets pour avoir vu l’abîme ! 6+6 a
Magdeleine ! parfum à la croix réservé ; 6+6 b
Cœur perdu par l’amour et par l’amour sauvé ; 6+6 b
Perle digne d’orner le chaste front d’un ange, 6+6 a
110 Et qu’hier un rayon tira de notre fange ! 6+6 a
Esclave du plaisir dont les liens rompus 6+6 b
Tombèrent sous le trait d’un regard de Jésus ! 6+6 b
Elle avait tout quitté, son palais et les fêtes, 6+6 a
Et les tendres combats et l’orgueil des conquêtes, 6+6 a
115 Pour celui dont l’amour, prix de cet abandon, 6+6 b
Des faiblesses du cœur enferme le pardon. 6+6 b
Madeleine ! brûlant de la soif plus avide 6+6 a
Qui suit des passions la coupe sitôt vide, 6+6 a
Sa lèvre s’attachait, ivre encor de leur miel, 6+6 b
120 Au breuvage infini dont la source est au ciel. 6+6 b
Car les flots d’ici-bas, qui nous versent l’extase, 6+6 a
Sans le combler jamais agrandissent le vase ; 6+6 a
Et, du vide fatal quand l’homme est averti, 6+6 b
Dieu seul remplit un cœur d’où l’amour est sorti. 6+6 b
125 Dans ce séjour de paix que l’ombre au loin protège, 6+6 a
Jésus, n’ayant gardé que Jean pour seul cortège, 6+6 a
Fuyait souvent les Juifs et les périls nouveaux, 6+6 b
Seul prix qu’offre le monde à ses divins travaux. 6+6 b
Il chérit en Lazare et le ferme courage, 6+6 a
130 Et la foi du disciple, et la raison du sage ; 6+6 a
Il trouve un charme égal aux austères douceurs 6+6 b
Des deux cultes rivaux offerts par les deux sœurs : 6+6 b
Marthe, esprit simple et droit, qui dans ses soins rustiques 6+6 a
Met le zèle naïf des pieuses pratiques, 6+6 a
135 Cœur moins haut remonté, mais n’ayant pas failli ; 6+6 b
Madeleine, âme en qui les éclairs ont jailli 6+6 b
Et dont le Christ ému voit avec complaisance 6+6 a
Le repentir, plus grand encor que l’innocence ; 6+6 a
Celle qui doit verser sur l’homme dés douleurs 6+6 b
140 La divine onction des parfums et des pleurs. 6+6 b
Ainsi, le Maître, assis entre eux à cette table, 6+6 a
Cueillait ces fruits divers nés d’un amour semblable. 6+6 a
Tandis qu’il répandait sur le pain et le vin 6+6 b
Le miel de sa parole et son esprit divin, 6+6 b
145 Il gtait, à son tour, cette amitié sincère, 6+6 a
Au cœur du Fils de l’Homme aliment nécessaire. 6+6 a
Car le prophète même a soif de l’amitié : 6+6 b
De toute œuvre en ce monde elle fait la moitié. 6+6 b
II
Pain des forts que le cœur à son gré multiplie, 6+6 a
150 Galice aux profondeurs pures de toute lie, 6+6 a
Vin qui réchauffe l’âme et n’enivre jamais, 6+6 b
Chaste plante qui croit sur les plus hauts sommets, 6+6 b
Amitié ! don du ciel, fleur des vertus de l’homme, 6+6 a
Nom viril dont l’amour chez les Anges se nomme ! 6+6 a
155 Le cœur qui t’appartient et qui suit ton sentier, 6+6 b
Aux austères devoirs reste encor tout entier ; 6+6 b
Bien loin de l’épuiser tu rends double sa force, 6+6 a
Tes fruits, à toi, n’ont pas de cendre sous l’écorce. 6+6 a
Amitié ! joug divin qu’on porte librement ; 6+6 b
160 Chaîne où l’on s’est lié sans fol aveuglement, 6+6 b
Qu’aucun hasard fatal n’aggrave ou ne dénoue ; 6+6 a
Élection du cœur que la raison avoue ! 6+6 a
Amitié ! notre appui quand tout autre s’abat ; 6+6 b
Sagesse qui prévoit et force qui combat ; 6+6 b
165 Acier fidèle, armure et l’âme bien trempée, 6+6 a
Je te serre à mon flanc comme on serre une épée ! 6+6 a
Par toi, contre le sort sachant que l’on est deux, 6+6 b
On marche confiant dans les chocs hasardeux. 6+6 b
Quand l’amour le plus pur sous maints voiles se cache, 6+6 a
170 On te porte au grand jour comme un écu sans tache. 6+6 a
Oh ! bonheur de donner ce nom sacré d’ami, 6+6 b
Présage de vertus en deux cœurs affermi ! 6+6 b
Outre sa conscience avoir un autre juge, 6+6 a
Contre son propre cœur se créer un refuge, 6+6 a
175 Un témoin qui vous suit, vous conseille en tout lieu ; 6+6 b
A qui l’on se confesse et l’on croit comme à Dieu ; 6+6 b
Qui, resté clairvoyant quand notre esprit s’enivre, 6+6 a
Bonne un rude conseil et nous aide à le suivre ; 6+6 a
Et, si nous faiblissons, devenu triste et doux, 6+6 b
180 Du juste châtiment pleure avec nous, sur nous ; 6+6 b
Le seul qui puisse, avec ses mains tendres et pures, 6+6 a
Sans irriter le.mal, toucher à nos blessures ! 6+6 a
Amitié ! nœud charmant que tressent les douleurs, 6+6 b
Beau jour qui, bien souvent, se lève au sein des pleurs, 6+6 b
185 Amitié ! toi qui peux, sans autres espérances, 6+6 a
Faire un double bonheur en mêlant deux souffrances. 6+6 a
Soleil de tous climats et de toute saison, 6+6 b
Douce chaleur au cœur, lumière à la raison, 6+6 b
Amitié ! tu ne luis que sur les grandes âmes ; 6+6 a
190 Jamais un œil impur ne réfléchit tes flammes, 6+6 a
Tu ne dores qu’un front de sa candeur vêtu. 6+6 b
Amitié, n’es-tu pas toi-même une vertu ? 6+6 b
Forte vertu qui cache une douceur insigne ! 6+6 a
On ne peut s’en sevrer sitôt qu’on en est digne. 6+6 a
195 Saint trésor qu’on achète avec le don de soi, 6+6 b
Amitié ! l’Homme-Dieu n’a pas vécu sans toi ! 6+6 b
III
Dans le désert où Jean, au baptême de flamme, 6+6 a
Par le baptême d’eau vint préparer les âmes, 6+6 a
Il errait ; ses amis, pour sa cause proscrits, 6+6 b
200 De pains miraculeux à ses côtés nourris, 6+6 b
Le suivaient, écoutant l’enseignement sévère 6+6 a
Qui ne doit s’achever qu’au sommet du Calvaire. 6+6 a
Un soir, sous les palmiers et penché vers les eaux 6+6 b
Du puits où le berger rassemble ses troupeaux, 6+6 b
205 Jésus parlait aux siens du bon pasteur, du père 6+6 a
Pour qui l’âme égarée est encor la plus chère ; 6+6 a
Lorsque arrive à grands pas, suant, noirci, poudreux, 6+6 b
Ayant l’inquiétude et le deuil dans les yeux, 6+6 b
Le messager connu de Marie et de Marthe : 6+6 a
210 — « Seigneur, dit-il, pendant que le groupe s’écarte, 6+6 a
Celui que vous aimez est en danger de mort ! » — 6+6 b
Les disciples émus se troublèrent d’abord ; 6+6 b
Mais Jésus se souvient, pendant qu’eux tous pâlissent, 6+6 a
Du maître à qui la vie et la mort obéissent. 6+6 a
215 — « En ce temps, leur dit-il, Lazare doit souffrir 6+6 b
Pour la gloire de Dieu, mais non jusqu’à mourir. » 6+6 b
Et nul pour le départ encor ne se prépare. 6+6 a
Il aimait bien pourtant les deux sœurs et Lazare ! 6+6 a
Mais d’un céleste amour qui, voyant de plus loin, 6+6 b
220 Aux plus hauts intérêts accorde plus de soin, 6+6 b
Et veut la guérison telle que l’homme en sorte 6+6 a
Riche d’un sang plus pur et d’une âme plus forte. 6+6 a
Or, deux jours, —on l’eût dit dans un oubli cruel, — 6+6 b
Il resta ; puis il dit : « Rentrons en Israël. » 6+6 b
225 Les apôtres, alors, furent saisis de crainte. 6+6 a
Des lenteurs de l’ami la raison haute et sainte 6+6 a
Échappait à leur sens grossier. Aucun d’entre eux 6+6 b
N’ayant la ferme foi qui rend aventureux, 6+6 b
Ils pensent que Jésus, ainsi qu’eux tiède et lâche, 6+6 a
230 Par frayeur, au désert reste encore et s’y cache. 6+6 a
Et tremblant du retour : « Maître, ont-ils crié tous, 6+6 b
Songez aux Juifs toujours irrités contre vous, 6+6 b
Qui pour vous lapider vous ont cherché naguère ; 6+6 a
Vous retournez, ô Maître, affronter leur colère ! » 6+6 a
235 Et Jésus répondit : « L’âme ouverte au vrai jour, 6+6 b
L’homme qui porte au cœur la clarté de l’amour, 6+6 b
Marche sans se heurter dans les sentiers funèbres 6+6 a
Où trébuche celui qui va dans les ténèbres. 6+6 a
L’homme qui n’aime pas veut pénétrer en vain 6+6 b
240 La loi que suit l’amour en son retard divin ; 6+6 b
Il ne saurait trouver, ne songeant qu’à lui-même, 6+6 a
La façon dont il faut aimer ceux que l’on aime. 6+6 a
Venez, ajouta-t-il, Lazare est endormi ; 6+6 b
C’est moi qui du sommeil veux tirer notre ami. » 6+6 b
245 Eux, sans voir le vrai sens des paroles du Maître : 6+6 a
« Puisque Lazare dort, il est guéri peut-être ? » 6+6 a
Car ils ne savent pas qu’image du sommeil, 6+6 b
La mort est un repos et qu’elle a son réveil, 6+6 b
Qu’un immortel esprit dort dans notre poussière. 6+6 a
250 Leurs yeux s’ouvrent en vain ; mais leur âme grossière, 6+6 a
Lorsque Jésus déploie un symbole fécond, 6+6 b
S’arrête sur l’image et ne va pas au fond ; 6+6 b
Leur cœur n’a pas encor, dans sa rude indigence, 6+6 a
Reçu l’esprit d’amour, esprit d’intelligence. 6+6 a
255 Jésus, donc, leur parlant le langage de tous, 6+6 b
Leur dit : — « Lazare est mort ! moi, pour l’amour de vous, 6+6 b
Pour rendre votre foi plus ardente et plus pure, 6+6 a
J’ai laissé s’accomplir tout selon la nature ; 6+6 a
Et je m’en réjouis. Car, pour vous faire voir 6+6 b
260 Au nom de qui je parle et d’où vient mon pouvoir, 6+6 b
Il fallait qu’une mort fût un exemple insigne ; 6+6 a
Et, parmi vous, Lazare en fut seul trouvé digne ; 6+6 a
Allons à lui ! » — Chacun se trouble en l’écoutant, 6+6 b
Et, dans la peur des Juifs, reste encore hésitant. 6+6 b
265 Sur quoi, Thomas, d’amour plus touché que les autres, 6+6 a
Cria : — « Suivons-le tous ! nous sommes ses apôtres ; 6+6 a
Nous sommes les premiers pour qui le Verbe ait lui ! » 6+6 b
S’il doit mourir, allons et mourons avec lui ! » 6+6 b
Et tous furent émus. Cette âme chaleureuse 6+6 a
270 Savait faire vibrer la corde généreuse ; 6+6 a
La foi dans son esprit fut lente à se former, 6+6 b
Mais son cœur était prompt lorsqu’il fallait aimer. 6+6 b
Or, s’étant levés tous, — car cette ardeur les gagne, — 6+6 a
Sur les pas de Jésus descendant la montagne, 6+6 a
275 Ils quittent le désert, pour prendre ces chemins 6+6 b
Plus périlleux, hélas ! étant près des humains ; 6+6 b
Route où chaque progrès est le prix d’une lutte, 6+6 a
Où le monde grandit les saints qu’il persécute, 6+6 a
Où la haine auprès d’eux chemine jour et nuit, 6+6 b
280 Où tout le bien qu’ils font, chez les hommes, leur nuit ; 6+6 b
Ton sentier, ô Jésus ! où, frappé de la grâce, 6+6 a
Le disciple amoureux suit et baise ta trace ; 6+6 a
Chemin où l’on s’engage en ayant dit : Je crois ! 6+6 b
Qui partant d’une crèche aboutit à la croix. 6+6 b
IV
285 Quand la troupe des Douze, avec Jésus bannie, 6+6 a
Surmontant ses frayeurs rentra dans Béthanie, 6+6 a
Ayant encore aux pieds la poudre du désert, 6+6 b
La mort qui sait gagner tous les moments qu’on perd, 6+6 b
Plus prompte que l’ami qui doute et se prépare, 6+6 a
290 Entre Marthe et Marie avait saisi Lazare ; 6+6 a
Et, depuis quatre jours, le frère bien-ai 6+6 b
Dans l’ombre du sépulcre, hélas ! était fermé. 6+6 b
Or, la ville étant proche et les chemins faciles, 6+6 a
D’autant plus empressés qu’ils sont plus inutiles, 6+6 a
295 Dans la maison du mort les amis, les parents 6+6 b
Apportaient pour le deuil leurs pleurs indifférents. 6+6 b
Sous ce paisible toit, depuis la nuit fatale, 6+6 a
C’était un grand concours ; et la foule banale, 6+6 a
Cruelle en.sa pitié, prodigue à chaque sœur 6+6 b
300 Ces consolations qui déchirent le cœur. 6+6 b
Mais, du divin ami Marthe apprend la venue ; 6+6 a
Et, se précipitant, sur la route connue, 6+6 a
Court au-devant de lui, roi des infortunés 6+6 b
Vers qui par la douleur nous sommes ramenés. 6+6 b
305 Seule avec son chagrin, âme qui se dévore, 6+6 a
Madeleine restait ne sachant rien encore. 6+6 a
De l’ombre et du secret ce cœur avait besoin, 6+6 b
Des hommes, en son deuil, il voulait être loin. 6+6 b
Marthe, en apercevant le Dieu qui les visite, 6+6 a
310 Éclate en longs sanglots, tombe et se précipite : 6+6 a
— « Il ne serait pas mort, lui dit-elle, à genoux, 6+6 b
Seigneur ! si vous aviez habité parmi nous ; 6+6 b
Mais je crois fermement que par vous demandée 6+6 a
Toute grâce par Dieu nous doit être accordée. » 6+6 a
315 Et Jésus répondit : — « Votre frère vivra. » — 6+6 b
Et la sœur, saisissant ces mots qu’elle espéra, 6+6 b
Vole et porte à sa sœur la céleste nouvelle. 6+6 a
Les froids consolateurs s’étaient emparés d’elle ; 6+6 a
Et ses pleurs, seuls discours qui sachent consoler, 6+6 b
320 Retombaient sur son cœur, ne pouvant plus couler. 6+6 b
Mais, prononçant tout bas le nom qui la rassure. 6+6 a
Et qui plus doucement fait saigner la blessure : 6+6 a
— « Le Maître est là, dit Marthe, et vous appelle à lui ! » 6+6 b
On cherchait Madeleine^, elle avait déjà fui ; 6+6 b
325 Et déjà, hors du bourg, au champ des Térébinthes 6+6 a
Où Jésus l’attendait, arrivant les mains jointes : 6+6 a
— « Il ne serait pas mort, disait-elle à genoux, 6+6 b
Seigneur ! si vous aviez habité parmi nous. » 6+6 b
Or, le zèle indiscret de ces gens qu’elle évite, 6+6 a
330 Sur ses pas, vers Jésus les a conduits bien vite ; 6+6 a
Ils entouraient le Christ et cette femme en pleurs ; 6+6 b
Quelques-uns, il est vrai, pleurant de ses douleurs. 6+6 b
Jésus, qui sait pourtant comment sécher les larmes 6+6 a
Et pour toute souffrance a d’invincibles charmes, 6+6 a
335 Lui, qui voit par de les ombres du trépas, 6+6 b
Lui, roi de ces hauts lieux où le mal n’atteint pas, 6+6 b
Lui, que l’esprit d’amour sur notre terre amène, 6+6 a
Le Verbe ! dans sa chair sent frémir l’âme humaine ; 6+6 a
Et, troublé d’un émoi qu’il n’a pas déguisé : 6+6 b
340 — « En quel endroit, dit-il, l’avez-vous déposé ? » 6+6 b
Et ceux-ci, lui montrant le monument suprême, 6+6 a
Répondirent : « Venez, Maître, et voyez vous-même. » 6+6 a
Et, prenant le chemin de ce funèbre lieu, 6+6 b
Jésus pleura.
Merci de ces pleurs, ô mon Dieu ! 6+6 b
345 Qu’au nom de l’amitié soit à jamais bénie 6+6 a
Cette larme tombant de la source infinie ! 6+6 a
Merci des pleurs versés pour un ami perdu 6+6 b
Par celui dont l’amour au monde entier est dû ! 6+6 b
Merci de ce torrent de l’onde universelle 6+6 a
350 Qui, tout pour un seul homme, en ce moment, ruisselle ! 6+6 a
Non, jamais de vos flancs, Seigneur, ou de vos yeux 6+6 b
N’a coulé sur la croix un flot plus précieux ! 6+6 b
C’est l’arrêt des cœurs froids, scrupuleux ou stoïques, 6+6 a
Qui n’osent s’épancher sur de chères reliques ; 6+6 a
355 De ceux qui devant Dieu font à l’amour un tort 6+6 b
Des cris du désespoir auprès d’un lit de mort. 6+6 b
Seigneur, vous qui savez où vont tous ceux qui meurent, 6+6 a
Vous avez consacré pourtant ceux qui les pleurent ; 6+6 a
Vous permettez au cœur d’avoir ses chers élus, 6+6 b
360 Et de tout oublier, alors qu’ils ne sont plus. 6+6 b
Merci, Jésus, merci de l’éternel baptême 6+6 a
A l’amitié donné par les yeux de Dieu même ! 6+6 a
O vous, sur les tombeaux, qui vous tordez les mains, 6+6 b
Veuve aux cheveux épars courant par les chemins, 6+6 b
365 Seconde âme du mort qui demande à le suivre ; 6+6 a
Mères qui blasphémez et ne voulez plus vivre ! 6+6 a
Vous, cœurs toujours brûlants et jamais résignés 6+6 b
Qui déchirez encor la place où vous saignez, 6+6 b
Qui reprochez à Dieu, sans pardon et sans trêve, 6+6 a
370 Ou l’amante ou l’ami que la mort vous enlève... 6+6 a
Non ! tous vos désespoirs n’offensent pas les cieux ; 6+6 b
Jésus compte, là-haut, tous ces pleurs précieux. 6+6 b
Oui, foulez sous vos pieds la parole inféconde 6+6 a
Qui veut vous consoler d’un seul par tout le monde ! 6+6 a
375 Devant le corps gla de l’enfant que tu perds, 6+6 b
Mère, il t’est bien permis d’oublier l’univers ; 6+6 b
De ton cœur pour ce fils tu peux bien être avare ; 6+6 a
Vois ! l’Homme-Dieu lui-même a pleuré sur Lazare ! 6+6 a
Il pleurait ! et, pourtant, il tenait le flambeau 6+6 b
380 Qui rallume la vie au profond du tombeau ; 6+6 b
Il pleurait ! devant tous et devant Dieu, sans honte, 6+6 a
Il donnait ses grands pleurs dont au monde il doit compte ! 6+6 a
Or, tandis qu’une foule à l’entour se formait, 6+6 b
Les Juifs disaient entre eux : — « Voyez comme il l’aimait ! » 6+6 b
385 Et quelques-uns, témoins de son dernier prodige,’ 6+6 a
Ajoutaient : — « Si la mort de cet homme l’afflige, 6+6 a
Lui qui commande aux yeux aveugles de s’ouvrir, 6+6 b
Ne pouvait-il donc pas l’empêcher de mourir ? » 6+6 b
Mais le Christ, frémissant d’un grand frisson interne, 6+6 a
390 Marcha vers le tombeau. C’était une caverne 6+6 a
Dont un bloc de rocher fermait le large seuil. 6+6 b
Et Jésus dit : — « Levez la pierre du cercueil ! » 6+6 b
S’approchant, Marthe alors, d’un son de voix qui navre : 6+6 a
— « Seigneur ! il a l’aspect et l’odeur d’un cadavre, 6+6 a
395 Car depuis quatre jours il est enseveli. » 6+6 b
Mais Jésus : « Tenez-vous ma promesse en oubli ? 6+6 b
Celui qui ne croit point passera comme l’herbe ; 6+6 a
Mais celui qui recueille et qui garde le Verbe 6+6 a
Traversera la mort sans mourir ; il vivra 6+6 b
400 Dans la gloire du Père, et la possédera. 6+6 b
Or, c’est par moi que Dieu vous parle et vous visite ; 6+6 a
C’est moi qui suis la via et moi qui ressuscite ; 6+6 a
Marthe, le croyez-vous ? » — Et le genoux ployé : 6+6 b
« Je crois, dit-elle, au Fils par le Père envoyé, 6+6 b
405 « Je crois ! mes yeux, mon cœur, ma raison, tout m’atteste 6+6 a
« En vous le Christ marqué de l’onction céleste. » 6+6 a
Et quelques hommes forts, pleins de l’esprit nouveau, 6+6 b
Levèrent à l’instant la pierre du tombeau. 6+6 b
Jésus donc, embrassant d’un regard tout l’espace, 6+6 a
410 Tout l’azur infini dont Dieu voile sa face, 6+6 a
Jésus dit : — « Dans les cieux brillants de vos clartés, 6+6 b
Soyez béni, là-haut, Père qui m’écoutez. 6+6 b
Puisque l’esprit d’amour, nous mêlant l’un à l’autre, 6+6 a
Unit mes volontés et les fond dans la vôtre, 6+6 a
415 Votre force est pour moi le souverain recours, 6+6 b
Et je sais qu’ô mon Dieu, vous m’exaucez toujours ! 6+6 b
Car, lorsque vous créez, du soleil au brin d’herbe 6+6 a
Vous n’exécutez rien qu’à travers voire Verbe. 6+6 a
Mais je veux, à ce peuple, aujourd’hui, faire voir 6+6 b
420 Qu’en moi vous avez mis, mon Dieu, votre pouvoir ; 6+6 b
Afin qu’ils sachent bien, tous ceux que je console, 6+6 a
Que, procédant de vous, je suis votre parole. 6+6 a
Ainsi pria Jésus. Or, le peuple entourait 6+6 b
Les deux sœurs, sur le bord du sépulcre, et pleurait. 6+6 b
425 Madeleine à genoux, l’âme en Dieu recueillie, 6+6 a
A tourné vers le Christ un regard qui supplie. 6+6 a
Et lui, tous ayant fait silence à ses côtés, 6+6 b
Cria d’une voix forte : — « O Lazare, sortez ! » 6+6 b
Soudain, vers le caveau, la foule qui se penche, 6+6 a
430 Dans l’ombre en mouvement, voit une forme blanche ; 6+6 a
C’est le mort qui se dresse, et qui se tient tout seul 6+6 b
Encore enveloppé, debout dans son linceul. 6+6 b
Les bras toujours liés, le front sous le suaire, 6+6 a
Il monte les degrés du profond ossuaire ; 6+6 a
435 Et, devant tout le peuple épiant son réveil, 6+6 b
S’arrête sur le seuil en face du soleil. 6+6 b
Et Jésus se tournant du côté de ses frères : 6+6 a
— « Détachez, leur dit-il, les liens funéraires ; 6+6 a
Laissez marcher le mort. »
Et Lazare vivant 6+6 b
440 Marcha vers sa maison. Et tous, en le suivant, 6+6 b
Silencieux, tremblants sous leur raison qui ploie, 6+6 a
Versaient des pleurs mêlés de terreur et de joie. 6+6 a
Et le seuil familier s’ouvrit avec transport 6+6 b
Au frère revenu du séjour de la mort ; 6+6 b
445 Et l’antique amitié, dans son divin calice, 6+6 a
Abreuva tous ces cœurs avec plus de délices, 6+6 a
Et l’âme de Marie, avec plus de ferveur, 6+6 b
Versa tous ses parfums sur les pieds du Sauveur. 6+6 b
V
Or, témoins assidus des œuvres qu’il a faites, 6+6 a
450 Des hommes droits de cœur et lisant les prophètes 6+6 a
Crurent en lui, sentant, comme un premier flambeau, 6+6 b
Dans la nuit de leurs sens poindre l’esprit nouveau. 6+6 b
Mais la foule des Juifs, à Dieu toujours rebelle, 6+6 a
Et des pharisiens épousant la querelle, 6+6 a
455 Va dans la synagogue, et devant ses docteurs 6+6 b
Des envoyés du ciel toujours accusateurs, 6+6 b
Les aidant à tourner le vrai sens des oracles, 6+6 a
Au glaive de la loi dénoncent les miracles. 6+6 a
C’est ainsi que, ju par le peuple ou les rois, 6+6 b
460 Ce qui le prouvait Dieu le vouait à la croix, 6+6 b
Et que chaque bienfait de charité divine 6+6 a
Aggravait son bandeau d’une sanglante épine. 6+6 a
VI
O Jésus, à vous voir sous les coups fléchissant, 6+6 b
A votre front baigné de sueurs et de sang, 6+6 b
465 J’ai reconnu d’Adam l’œuvre qui se consomme, 6+6 a
Et Pilate a bien dit en disant : Voilà l’Homme ! 6+6 a
Des lambeaux de sa chair le triste genre humain, 6+6 b
Sur ce globe maudit, sème ainsi son chemin ; 6+6 b
Par la douleur au moins, à vos traces fidèle, 6+6 a
470 Même en vous blasphémant il vous a pour modèle. 6+6 a
Car tout fils qu’ici-bas une femme enfanta 6+6 b
Prend sa fatale part du fiel de Golgotha. 6+6 b
Heureux qui, sans murmure et plein d’une foi forte, 6+6 a
Partageant votre croix, , avec amour la porte. 6+6 a
475 Oui, l’Homme c’est bien vous ! Vous avez accepté 6+6 b
Les plus pesants fardeaux de notre humanité. 6+6 b
Pauvre et nu vous avez pris, au fond d’une étable, 6+6 a
Un corps, faible instrument qu’une grande âme accable. 6+6 a
De la faim et du froid subissant l’aiguillon, 6+6 b
480 Vous avez du travail creusé le dur sillon, 6+6 b
Et soutenu, trente ans, cette lutte obstinée, 6+6 a
Prix que met votre Père au pain de la journée. 6+6 a
Pour des travaux plus lourds, s’ils sont plus apparents, 6+6 b
Quand Dieu vous appela loin du toit des parents, 6+6 b
485 Quand, loin de la famille et de ces douces fêtes, 6+6 a
Vous avez commen la tâche des prophètes, 6+6 a
L’anathème, l’exil, les indignes soupçons, 6+6 b
Vous ont payé, comme eux, du prix de vos leçons. 6+6 b
Contre vous, tout miracle et toute œuvre qui fonde 6+6 a
490 Suscita le vain peuple et les princes du monde. 6+6 a
Pour vous aimer, au moins, pour être aimés de vous, 6+6 b
Vous vous étiez choisi des frères entre tous ; 6+6 b
Et, le jour de l’épreuve et de la calomnie, 6+6 a
Voilà que l’un vous vend, que l’autre vous renie ! 6+6 a
495 Enfin, cédant sous l’homme, à l’aspect de la croix, 6+6 b
Le Dieu connut en vous nos doutes, nos effrois. 6+6 b
Votre voix, défaillante en prières plaintives, 6+6 a
Repoussait le calice au jardin des Olives. 6+6 a
Comme nous, vous avez frémi devant la mort ; 6+6 b
500 Votre cœur s’est roidi d’un inutile effort, 6+6 b
Et, pour suprême horreur, à votre heure dernière, 6+6 a
Vous avez pu vous dire abandonné du Père ! 6+6 a
Oui, vous êtes bien l’Homme ! Oui, ce sang et ces pleurs, 6+6 b
Tout vous atteste, ô Christ, pour le roi des douleurs ! 6+6 b
505 Eh bien ! pourtant, Seigneur, même au jour du supplice, 6+6 a
Vous n’avez pas à fond vidé votre calice ! 6+6 a
Vos lèvres n’ont pas bu le flot le plus amer 6+6 b
Qui monte en bouillonnant de cette vaste mer... 6+6 b
Vous n’avez pas en vain pleuré sur une tombe, 6+6 a
510 Écueil où des élus la foi même succombe ; 6+6 a
Vous n’avez pas en vain rappelé votre ami 6+6 b
Du sommeil éternel en vos bras endormi ! 6+6 b
La mort, qui pour jamais nous brise et nous sépare, 6+6 a
A votre premier pleur vous a rendu Lazare. 6+6 a
515 Vous n’avez pas connu le sombre désespoir 6+6 b
D’invoquer ceux qu’on aime et de ne plus les voir, 6+6 b
D’appeler sans réponse un compagnon de route 6+6 a
Qui nous suivait de près, n’ayant tiédeur ni doute, 6+6 a
Qui, dans tous vos ennuis, vous cherchait, sûr et prompt, 6+6 b
520 Comme pour l’appuyer la main cherche le front ! 6+6 b
L’avare mort n’a pas, avant que vînt votre heure, 6+6 a
Des parts de votre cœur emporté la meilleure ; 6+6 a
Nul éternel adieu ne vous a laissé seul ; 6+6 b
Vous n’avez point fermé de funèbre linceul ; 6+6 b
525 Vos amis assistaient à votre fin bénie ; 6+6 a
Surtout ! vous avez eu, douce à votre agonie, 6+6 a
— Quand vous dites : Ély, vainement, par trois fois — 6+6 b
Votre mère priant au pied de votre croix ! 6+6 b
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