Métrique en Ligne
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C = clitique
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F = "e" féminin
| = césure
LAP_4/LAP24
Victor de LAPRADE
ODES ET POÈMES
1844
LIVRE TROISIÈME
VI
AUX ABSENTS
Ce soir au bord du lac, à l’ombre, sur la mousse, 6+6 a
La nature est si belle et la vie est si douce, 6+6 a
Cette forêt de pins murmure un chant si pur, 6+6 b
Cette prairie exhale une odeur si calmante, 6+6 c
5 En tons si délicats de cette onde dormante 6+6 c
Les roses du couchant ont nuancé l’azur ; 6+6 b
D’un air si transparent la montagne est baignée ; 6+6 a
Mon âme de ta paix est si bien imprégnée, 6+6 a
Que je ne songe plus, nature, à t’admirer. 6+6 b
10 C’est un désir plus doux qu’avec l’air je respire ; 6+6 c
Je cherche autour de moi des yeux à qui sourire, 6+6 c
Ma main cherche des mains que je voudrais serrer. 6+6 b
Que ne puis-je, ô nature ! à tes autels en flammes, 6+6 a
Convier avec moi toutes les saintes âmes, 6+6 a
15 Avec elles gter cette extase à genoux ! 6+6 b
Seul, ainsi, s’enivrer de la beauté d’un monde, 6+6 c
C’est un bonheur impie où l’amertume abonde, 6+6 c
Et tout cet infini laisse du vide en nous. 6+6 b
Cette ivresse, pourtant, je la puise en Dieu même ; 6+6 a
20 Mais, pour y prendre part, où sont tous ceux que j’aime ? 6+6 a
Mon cœur ici les nomme et parle à chacun d’eux ; 6+6 b
Jamais tant qu’à cette heure, à travers mes nuages, 6+6 c
Si douce leur parole, et si doux leurs visages, 6+6 c
N’ont échauffé mon cœur et lui devant mes yeux. 6+6 b
25 La pensée a peut-être, affrontant la distance, 6+6 a
Des ailes pour voler vers ceux à qui l’on pense 6+6 a
Sans se perdre à travers le monde aérien ! 6+6 b
Vous tous, absents chéris, qui manquez à ma joie, 6+6 c
Des effluves d’amour que mon cœur vous envoie, 6+6 c
30 Ce vent et ce soleil ne vous portent-ils rien ? 6+6 b
Où va donc, où va donc, si nul ne le devine, 6+6 a
Ce qu’exhale mon sein d’émotion divine ? 6+6 a
Pourquoi ce doux concert, s’il n’est pas entendu ? 6+6 b
Des plantes du désert qui respire la feuille ? 6+6 c
35 Que deviennent ces fruits que nulle main ne cueille ? 6+6 c
Donne tous tes parfums, mon cœur, rien n’est perdu ! 6+6 b
Vois ! chaque goutte d’eau, que la terre la boive, 6+6 a
Que le vent sur son aile en vapeurs la reçoive, 6+6 a
Retourne à l’Océan, et s’y mêle à son jour !… 6+6 b
40 Ainsi chaque soupir, chaque extase cachée, 6+6 c
Chaque larme pieuse au coin de l’œil séchée, 6+6 c
Vont enrichir au ciel les sources de l’amour. 6+6 b
mètre profil métrique : 6+6
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