Métrique en Ligne
a voyelle stable
er voyelle ambigüe
e "e" masculin
e "e" féminin
e "e" élidé
e "e" ignoré
e "e" écarté
12 longueur métrique
6-6 mètre
LAP_4/LAP10
Victor de LAPRADE
ODES ET POÈMES
1844
LIVRE PREMIER
IV
LES ARGONAUTES
ODE
STROPHE I
Les pins, ô Pélion, descendent sur ta pente ; 6+6 a
Un dieu les pousse vers tes flots. 8 b
Le vaisseau dont Argus a taillé la charpente 6+6 a
Berce enfin tous ses matelots ; 8 b
5 Ils chantent, pleins d’ardeur, sur la poupe embellie 6+6 a
De trépieds et de rameaux verts, 8 b
Et coupent hardiment le câble qui les lie 6+6 a
Aux rochers du vieil univers. 8 b
Des femmes sur le bord la troupe est soucieuse. 6+6 a
10 Vers l’horizon tendant les mains, 8 b
Tout un peuple bénit la nef audacieuse 6+6 a
Qui porte l’espoir des humains. 8 b
ANTISTROPHE I
Voici de l’inconnu la mer et ses épreuves, 6+6 a
Rochers sous l’onde et ciel brumeux ! 8 b
15 Ô navire, à tes flancs les Tritons et les Fleuves 6+6 a
Attachent leurs bras écumeux ; 8 b
Sur ta proue, au galop de ses cavales noires, 6+6 a
Leur dieu brise chars et tridents ; 8 b
Les cyclopes hurlant du haut des promontoires 6+6 a
20 Te lancent des chênes ardents. 8 b
Car du monde où tu vas ces dieux gardent la route, 6+6 a
Par toi leur règne doit finir… 8 b
Souffrez en attendant la terreur et le doute, 6+6 a
Ô nautoniers de l’avenir ! 8 b
ÉPODE I
25 Voguez pourtant, songez au but de ce voyage ! 6+6 a
Le chêne de Dodone, interprète du sort, 6+6 b
Sous la voile a parlé comme sous le feuillage, 6+6 a
Et ce mât au vaisseau prophétise le port ; 6+6 b
Orphée en a donné l’espérance certaine ; 6+6 a
30 Il écoute la voix de la terre, il l’entend ; 6+6 b
Poète il vous traduit ce que lui dit le chêne, 6+6 a
Et des secrets d’en haut vous instruit en chantant. 6+6 b
STROPHE II
« Voyez où le ciel touche aux vagues azurées 6+6 a
Cet horizon cache un trésor ; 8 b
35 Il faut, malgré la terre et l’onde conjurées, 6+6 a
Y découvrir la toison d’or. 8 b
Là, le divin bélier, dont la laine abondante 6+6 a
Devait vêtir tous les humains, 8 b
De son sang pacifique a teint sa robe ardente, 6+6 a
40 Égorgé par d’avides mains. 8 b
Le tyran de Colchos tient ce riche héritage 6+6 a
Gardé dans son royaume étroit ; 8 b
Ravissons, pour en faire un fraternel partage, 6+6 a
Ce trésor, auquel tous ont droit ! » 8 b
ANTISTROPHE II
45 « Terrible en est l’abord : le roi défend sa proie. 6+6 a
Un dragon veillant jour et nuit 8 b
Au pied du hêtre sombre où la toison flamboie, 6+6 a
Siffle et bat ses flancs à grand bruit. 8 b
Lançant de leurs naseaux des vapeurs enflammées, 6+6 a
50 Des taureaux, des coursiers sans frein, 8 b
Dans les champs de la guerre écrasent les armées, 6+6 a
Le sang baigne leurs pieds d’airain ; 8 b
La terre tremble au loin ; plein de leur souffle immonde, 6+6 a
L’air est mortel aux assaillants… 8 b
55 Nous, sans crainte, marchons, chercheurs d’un nouveau monde ; 6+6 a
Les destins cèdent aux vaillants ! » 8 b
ÉPODE II
« D’un grand peuple, ô guerriers, comblant la longue attente, 6+6 a
Dans la ville il est doux de rentrer triomphants, 6+6 b
Et portant sur le dos la dépouille éclatante, 6+6 a
60 Prix dont l’homme de cœur enrichit ses enfants. 6+6 b
Vêtus de robes d’or par les vierges filées, 6+6 a
À d’éternels banquets vous irez vous asseoir : 6+6 b
Les Muses reviendront à vos fêtes mêlées… 6+6 a
Trouvez donc ce pays révélé par l’espoir ! » 6+6 b
STROPHE III
65 C’est ainsi qu’ils voguaient à la voix du poète, 6+6 a
Les sublimes ambitieux, 8 b
Ces hommes qui rêvaient pour dernière conquête, 6+6 a
D’entrer tout armés dans les cieux. 8 b
La lyre conjurait les périls du voyage, 6+6 a
70 Et les ennuis et les lenteurs, 8 b
Le calme, plus funeste, et plus craint que l’orage 6+6 a
Par ces hardis navigateurs. 8 b
En vain la nuit les trompe, et le vent les retarde ; 6+6 a
Le vaisseau changeant d’horizon, 8 b
75 Aux monstres indomptés qui l’avaient sous leur garde 6+6 a
Reprend la divine toison. 8 b
ANTISTROPHE III
Vous n’êtes pas au bout des épreuves fatales, 6+6 a
Pilotes, jouets du destin ! 8 b
Vous n’avez pas encor dans vos cités natales 6+6 a
80 Mis à l’abri votre butin. 8 b
Le retour n’est pas sur ; les mers les plus sereines 6+6 a
Cachent des écueils aux vainqueurs : 8 b
C’est l’île de Circé, c’est l’antre des Syrènes ; 6+6 a
Leur chanson va tenter vos cœurs ! 8 b
85 Déjà vous leur cédez… mais la lyre d’Orphée 6+6 a
Parle dans sa prudente main ; 8 b
Des lâches déités la voix est étouffée, 6+6 a
Le vaisseau poursuit son chemin. 8 b
ÉPODE III
Il touche au port ; en lui la paix et l’abondance. 6+6 a
90 De l’antique âge d’or le charme est revenu. 6+6 b
Sur le pont égayé par le chant et la danse, 6+6 a
Chaque homme participe au trésor inconnu. 6+6 b
Des ailes tout à coup s’ouvrent avec tes voiles, 6+6 a
Ô navire ! à la mer adressant tes adieux, 6+6 b
95 Tu vas, là-haut, briller au milieu des étoiles, 6+6 a
Et tous tes matelots passent au rang des dieux. 6+6 b
mètre profils métriques : 8, 6+6
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