Métrique en Ligne
P = préposition
C = clitique
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F = "e" féminin
| = césure
LAP_13/LAP182
Victor de LAPRADE
LE LIVRE D'UN PÈRE
1877
XXIV
SERMENT
Nommez votre pays de ce nom : la Patrie ! 6+6 a
Après celui de Dieu, c’est le nom du devoir. 6+6 b
Prononcez-le toujours avec idolâtrie, 6+6 a
Ce nom qui vous oblige au combat, à l’espoir. 6+6 b
5 Si quelqu’un, se disant le citoyen du monde, 6+6 a
Insulte à votre amour du haut de sa raison, 6+6 b
Ce mot : l’Humanité, sur sa lèvre inféconde 6+6 a
Veut dire l’égoïsme et sent la trahison. 6+6 b
Nous ! plus Dieu la punit, plus le monde l’accable, 6+6 a
10 Plus elle est en opprobre aux rois, aux empereurs, 6+6 b
Aimons notre cité d’un amour implacable… 6+6 a
Opposons cet amour à leurs lâches fureurs. 6+6 b
Qu’on ne me parle plus de ces peuples, nos frères ! 6+6 a
Où sont-ils, et lequel nous a tendu la main ? 6+6 b
15 Je suis Français ! la France a les destins contraires : 6+6 a
J’ai souci d’elle seule, et non du genre humain. 6+6 b
Oui, nous sommes tombés, vaincus par notre faute ! 6+6 a
Nous avons manqué d’âme et quitté les sommets : 6+6 b
L’abîme est bien profond, car la cime était haute… 6+6 a
20 Ceux qui rampent toujours seuls ne tombent jamais. 6+6 b
Oui, la France est coupable, et s’accuse elle-même ; 6+6 a
Mais lequel est plus pur, de ses voisins jaloux ? 6+6 b
Lequel peut, à bon droit nous lancer l’anathème ? 6+6 a
Quel peuple sans péché se lève contre nous ? 6+6 b
25 Qu’ils se taisent ! Nous seuls et l’esprit de nos pères 6+6 a
Restons juges du crime et des devoirs trahis. 6+6 b
Par fierté, par amour, soyons juges sévères… 6+6 a
C’est le servir bien mal que flatter son pays. 6+6 b
Mais plus nos doigts sanglants sonderont de blessures, 6+6 a
30 Plus il apparaîtra de hontes au grand jour ; 6+6 b
Plus la sainte patrie aura subi d’injures, 6+6 a
Plus le deuil sera grand… plus grand sera l’amour ! 6+6 b
Je t’aimais glorieuse, et t’adore insultée ; 6+6 a
Je me sens mieux ton fils en pleurant tes revers, 6+6 b
35 France ! Ô mère ! ô grandeur que j’ai trop peu chantée, 6+6 a
À toi mon dernier souffle, à toi mon dernier vers ! 6+6 b
Enfants ! si votre père, en butte à quelque outrage, 6+6 a
Vieux, proscrit, mutilé, portait son propre deuil, 6+6 b
C’est alors que, debout, pleins d’amour, pleins de rage, 6+6 a
40 Vous vous diriez ses fils avec le plus d’orgueil. 6+6 b
Soyons ainsi, nous tous, les fils de la Patrie, 6+6 a
Humbles devant son Dieu, fiers devant l’étranger ! 6+6 b
Tenons-nous le cœur haut et la main aguerrie ; 6+6 a
Faisons-nous des vertus dignes de la venger. 6+6 b
45 Jeunes gens qui serez meilleurs que nous ne sommes, 6+6 a
Vous qui vaincrez, — mon cœur a son pressentiment ! — 6+6 b
Sous les drapeaux, le jour où vous devenez hommes, 6+6 a
Avancez la main haute, et prêtez ce serment : 6+6 b
« Je jure devant Dieu, sur mon âme immortelle, 6+6 a
50 Sur les os de nos morts et de par leurs exploits, 6+6 b
De vivre pour la France et de mourir pour elle, 6+6 a
D’honorer ses autels, d’obéir à ses lois. 6+6 b
« Jamais entre mes mains l’ombre d’une souillure 6+6 a
Ne ternira l’éclat dont ses armes ont lui. 6+6 b
55 Si mon voisin de rang tombe d’une blessure, 6+6 a
Sans m’écarter d’un pas je combattrai pour lui. 6+6 b
« Je maintiendrai la terre et le nom des ancêtres : 6+6 a
Et, fussé-je le seul à lui garder ma foi, 6+6 b
Je jure de laisser, libre d’injustes maîtres, 6+6 a
60 Mon cher pays plus grand qu’il n’était avant moi. » 6+6 b
C’est ainsi que jurait la jeunesse d’Athènes. 6+6 a
Vous savez quels combats ces soldats ont livrés ! 6+6 b
Enfants, dressés comme eux à des luttes certaines, 6+6 a
Vous Français, vous chrétiens, vous les surpasserez. 6+6 b
65 N’avez-vous pas, de plus que le héros antique, 6+6 a
Ce ferme espoir qui fait de la mort un bonheur ? 6+6 b
Outre le Dieu vivant qui manquait à l’Attique, 6+6 a
N’avez-vous pas l’esprit de nos aïeux… l’honneur ? 6+6 b
mètre profil métrique : 6+6
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