Métrique en Ligne
P = préposition
C = clitique
M = voyelle masculine
F = "e" féminin
| = césure
LAM_1/LAM15
Alphonse de LAMARTINE
MÉDITATIONS POÉTIQUES
PREMIÈRES MÉDITATIONS
1820
QUINZIÈME MÉDITATION
LA GLOIRE
À UN POËTE EXILÉ
Généreux favoris | des filles de Mémoire, 6+6 a
Deux sentiers différents | devant vous vont s’ouvrir : 6+6 b
L’un conduit au bonheur, | l’autre mène à la gloire ; 6+6 a
Mortels, il faut choisir. 6 b
5 Ton sort, ô Manoël, | suivit la loi commune ; 6+6 a
La muse t’enivra | de précoces faveurs, 6+6 b
Tes jours furent tissus | de gloire et d’infortune, 6+6 a
Et tu verses des pleurs ! 6 b
Rougis plutôt, rougis | d’envier au vulgaire 6+6 a
10 Le stérile repos | dont son cœur est jaloux : 6+6 b
Les dieux ont fait pour lui | tous les biens de la terre ; 6+6 a
Mais la lyre est à nous. 6 b
Les siècles sont à toi, | le monde est ta patrie. 6+6 a
Quand nous ne sommes plus, | notre ombre a des autels 6+6 b
15 Où le juste avenir | prépare à ton génie 6+6 a
Des honneurs immortels. 6 b
Ainsi l’aigle superbe | au séjour du tonnerre 6+6 a
S’élance, et, soutenant | son vol audacieux, 6+6 b
Semble dire aux mortels : | Je suis né de la terre, 6+6 a
20 Mais je vis dans les cieux. 6 b
Oui, la gloire t’attend ; | mais arrête, et contemple 6+6 a
À quel prix on pénètre | en ces parvis sacrés ; 6+6 b
Vois : l’Infortune, assise | à la porte du temple, 6+6 a
En garde les degrés. 6 b
25 Ici c’est un vieillard | que l’ingrate Ionie 6+6 a
A vu de mers en mers | promener ses malheurs : 6+6 b
Aveugle, il mendiait | au prix de son génie 6+6 a
Un pain mouillé de pleurs. 6 b
Là le Tasse, brûlé | d’une flamme fatale, 6+6 a
30 Expiant dans les fers | sa gloire et son amour, 6+6 b
Quand il va recueillir | la palme triomphale, 6+6 a
Descend au noir séjour. 6 b
Partout des malheureux, | des proscrits, des victimes, 6+6 a
Luttant contre le sort | ou contre les bourreaux : 6+6 b
35 On dirait que le ciel | aux cœurs plus magnanimes 6+6 a
Mesure plus de maux. 6 b
Impose donc silence | aux plaintes de ta lyre : 6+6 a
Des cœurs nés sans vertu | l’infortune est l’écueil ; 6+6 b
Mais toi, roi détrôné, | que ton malheur t’inspire 6+6 a
40 Un généreux orgueil ! 6 b
Que t’importe, après tout, | que cet ordre barbare 6+6 a
T’enchaîne loin des bords | qui furent ton berceau ? 6+6 b
Que t’importe en quels lieux | le destin te prépare 6+6 a
Un glorieux tombeau ? 6 b
45 Ni l’exil, ni les fers | de ces tyrans du Tage 6+6 a
N’enchaîneront ta gloire | aux bords où tu mourras : 6+6 b
Lisbonne la réclame, | et voila l’héritage 6+6 a
Que tu lui laisseras ! 6 b
Ceux qui l’ont méconnu | pleureront le grand homme ; 6+6 a
50 Athène à des proscrits | ouvre son Panthéon ; 6+6 b
Coriolan expire, | et les enfants de Rome 6+6 a
Revendiquent son nom. 6 b
Aux rivages des morts | avant que de descendre, 6+6 a
Ovide lève au ciel | ses suppliantes mains : 6+6 b
55 Aux Sarmates grossiers | il a légué sa cendre, 6+6 a
Et sa gloire aux Romains. 6 b
mètre profils métriques : 6, 6+6
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