Métrique en Ligne
P = préposition
C = clitique
M = voyelle masculine
F = "e" féminin
| = césure
LAF_3/LAF116
Jules LAFORGUE
L'IMITATION DE NOTRE-DAME LA LUNE
1886
LA LUNE EST STÉRILE
Lune, pape abortif | à l'amiable, pape 6+6 a
Des mormons pour l'art, dans | la jalouse Paphos 6−6 b
Où l'état tient gratis | les fils de la soupape 6+6 a
D'échappement | des apoplectiques cosmos ! 4+8 b
5 C'est toi, léger manuel | d'instincts, toi qui circules, 6+6 a
Glaçant, après | les grandes averses, les œufs 4+8 b
Obtus de ces myriades d'animalcules 12 a
Dont les simouns mettraient | nos muqueuses en feu ! 6+6 b
Tu ne sais que la fleur | des sanglantes chimies ; 6+6 a
10 Et perces nos rideaux, | nous offrant le lotus 6+6 b
Qui constipe les plus | larges polygamies, 6+6 a
Tout net, de l'excrément | logique des fœtus. 6+6 b
Carguez-lui vos rideaux, | citoyens de mœurs lâches ; 6+6 a
C'est l'extase qui paie | comptant, donne son ut 6+6 b
15 Des deux sexes et veut | pas même que l'on sache 6+6 a
S'il se peut qu'elle ait, hors | de l'art pour l'art, un but. 6+6 b
On allèche de vie | humaine, à pleines voiles, 6+6 a
Les Tantales virtuels, peu | intéressants 8+4 b
D'ailleurs, sauf leurs cordiaux, | qui rêvent dans nos moelles. 6+6 a
20 Et c'est un produit net | qu'encaissent nos bons sens. 6+6 b
Et puis, l'atteindrons-nous, | l'oasis aux citernes, 6+6 a
Où nos cœurs toucheraient | les payes qu'on leur doit ? 6+6 b
Non, c'est la rosse aveugle | aux cercles sempiternes 6+6 a
Qui tourne pour autrui | les bons chevaux de bois. 6+6 b
25 Ne vous distrayez pas, | avec vos grosses douanes ; 6+6 a
Clefs de fa, clefs de sol, | huit stades de claviers, 6+6 b
Laissez faire, laissez | passer la caravane 6+6 a
Qui porte à l'idéal | ses plus riches dossiers ! 6+6 b
L'art est tout, du droit divin de l'inconscience ; 12 a
30 Après lui, le déluge ! | Et son moindre regard 6+6 b
Est le cercle infini | dont la circonférence 6+6 a
Est partout, et le centre | immoral nulle part. 6+6 b
Pour moi, déboulonné | du pôle de stylite 6+6 a
Qui me sied, dès qu'un corps | a trop de son secret, 6+6 b
35 j'affiche : celles qui | voient tout, je les invite 6+6 a
À venir, à mon bras, | des soirs, prendre le frais. 6+6 b
Or voici : nos deux cris, | abaissant leurs visières, 6+6 a
Passent mutuellement, après quiproquos, 12 b
Aux chers peignes du cru | leurs moelles épinières 6+6 a
40 D'où lèvent débusqués | tous les archets locaux. 6+6 b
Et les ciels familiers | liserés de folie 6+6 a
Neigeant en charpie éblouissante, faut voir 12 b
Comme le moindre appel : | c'est pour nous seuls ! Rallie 6+6 a
Les louables efforts | menés à l'abattoir ! 6+6 b
45 Et la santé en deuil | ronronne ses vertiges, 6+6 a
Et chante, pour la forme : | « hélas ! Ce n'est pas bien, 6+6 b
« par ces pays, pays | si tournoyants, vous dis-je, 6+6 a
« où la faim d'infini | justifie les moyens. » 6+6 b
Lors, qu'ils sont beaux les flancs | tirant leurs révérences 6+6 a
50 Au sanglant capitaliste berné des nuits, 12 b
En s'affalant cuver | ces jeux sans conséquence ! 6+6 a
Oh ! N'avoir à songer | qu'à ses propres ennuis ! 6+6 b
— Bons aïeux qui geigniez | semaine sur semaine, 6+6 a
Vers mon cœur, baobab | des védiques terroirs, 6+6 b
55 je m'agite aussi ! Mais | l'inconscient me mène ; 6+6 a
Or, il sait ce qu'il fait, | je n'ai rien à y voir. 6+6 b
mètre profil métrique : 6÷6
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