Métrique en Ligne
P = préposition
C = clitique
M = voyelle masculine
F = "e" féminin
| = césure
LAC_3/LAC233
Auguste LACAUSSADE
Les Épaves
1876
LES AUTOMNALES
V
À Théophile Gautier
Poète ! ta ferveur fait grande ta mémoire. 6+6 a
Absorbé tout entier dans ton culte béni, 6+6 b
Tu préféras la Muse à tout, même à la gloire, 6+6 a
Maître ! qui dans ton art égalas Cellini. 6+6 b
5 Amours, honneurs, trésors, tout ce que l'homme envie, 6+6 a
Moins qu'un beau vers touchaient ton cœur épris du beau. 6+6 b
A tout indifférent, tu passas dans la vie 6+6 a
L'âme et les yeux fixés sur l'idéal flambeau. 6+6 b
Tu ne savais rien voir qu'au jour de sa lumière ; 6+6 a
10 Tu voulais beau le bien et belle la vertu. 6+6 b
Diamant affranchi de sa gangue première, 6+6 a
Le vrai ne te charmait que de beauté vêtu. 6+6 b
Des rythmes d'or portant allègrement la chaîne, 6+6 a
Tu ciselais en vers ton rêve et ton ardeur. 6+6 b
15 Ton esprit pur de fiel ne connut qu'une haine, 6+6 a
Cette haine du Mal que trahit sa laideur. 6+6 b
Comme l'abeille au lys, l'expression heureuse, 6+6 a
Rimes et mots ailés, accourait à ta voix. 6+6 b
L'image éblouissait dans ta strophe nombreuse, 6+6 a
20 Mes mètres se teignaient de pourpre sous tes doigts. 6+6 b
Le nombre et la couleur, le rythme au long vocable 6+6 a
Épousaient dans ton vers la ligne au fier contour. 6+6 b
La forme avait ton culte, ô poète impeccable ! 6+6 a
Et de ses dons la forme a payé ton amour. 6+6 b
25 Artiste exquis, tu fus un ouvrier modèle : 6+6 a
Patient, obstiné, tendant sans cesse au mieux, 6+6 b
Ta pensée et ton cœur, sous ton pinceau fidèle, 6+6 a
En de vivants tableaux se traduisaient aux yeux. 6+6 b
Ta parole peignait ; pour toi l'inexprimable 6+6 a
30 N'existait pas ; les mots t'obéissaient, soumis. 6+6 b
Mais sévère à toi seul, Maître ! ta force aimable 6+6 a
Accueillait tout effort de ses bravos amis. 6+6 b
Dans tes savantes mains la plume du critique 6+6 a
Conseillait sans blesser. Ta clémente équité 6+6 b
35 Savait mêler l'éloge au blâme sympathique : 6+6 a
Tu fus doux dans ta force et grand dans ta bonté. 6+6 b
Et tu pars, et la tombe a clos ta destinée ; 6+6 a
Mais de la lice au moins tu sors ayant vaincu. 6+6 b
Tu peux croiser tes bras, ton œuvre est terminée, 6+6 a
40 Maître ! et tu n'es pas mort, toi, sans avoir vécu ! 6+6 b
Comme un fleuve dont l'eau féconde au loin les plages, 6+6 a
Pars du sol des vivants sans remords ni regrets : 6+6 b
Tu laisses après toi d'harmonieux feuillages ; 6+6 a
L'oiseau du souvenir chante dans ton cyprès. 6+6 b
45 La Muse romantique au front ceint d'hyacinthe, 6+6 a
Évoquant en son deuil les chants où tu survis, 6+6 b
Debout, veille sur toi, dans l'attitude sainte 6+6 a
D'une mère pleurant au tombeau de son fils. 6+6 b
Près d'elle je viendrai dans mes ferveurs discrètes 6+6 a
50 Méditer sur ta tombe, au pied des saules verts ; 6+6 b
Et, visiteur pieux, sur tes cendres muettes, 6+6 a
Fleurs d'un cœur qui t'aima, j'effeuillerai mes vers. 6+6 b
mètre profil métrique : 6+6
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