Métrique en Ligne
P = préposition
C = clitique
M = voyelle masculine
F = "e" féminin
| = césure
LAC_3/LAC138
Auguste LACAUSSADE
Les Épaves
1876
INSANIA
XX
A Hermine
Si quelque jour ce livre, | où ma pauvre âme en pleurs 6+6 a
A la Muse a conté | ses plus chères douleurs, 6+6 a
Se trouvait sous vos mains, | ouvrez-le : sous le voile 6+6 b
Du symbole, à vos yeux | se lèvera l'Étoile 6+6 b
5 Dont le culte en mon cœur, | culte unique et sacré, 6+6 a
A grandi par l'épreuve | et par l'âge épuré. 6+6 a
Bien des jours ont passé | depuis l'heure fatale 6+6 b
Et bénie où mon rêve | en sa grâce idéale 6+6 b
Sous vos traits m'apparut ; | où, troublé désormais, 6+6 a
10 J'ai senti que mon cœur | se donnait à jamais ! 6+6 a
Depuis, j'ai vainement | lutté pour le reprendre : 6+6 b
L'inaltérable feu | couve encor sous la cendre 6+6 b
De mes espoirs éteints | et des jours révolus… 6+6 a
De ces jours d'autrefois | ne vous souvient-il plus ? 6+6 a
15 Remontez-y sans crainte, | et, comme un lac dont l'onde 6+6 b
Réfléchit d'un ciel pur | la pureté profonde, 6+6 b
D'un passé sans remords | que j'appris à bénir 6+6 a
Laissez flotter en vous | le chaste souvenir. 6+6 a
Il ne vous dira rien, | rien que ne doive entendre 6+6 b
20 Une âme au seul devoir | s'immolant fière et tendre, 6+6 b
Qui, sous la main du sort | se taisant pour souffrir, 6+6 a
De sa douleur du moins | n'eut jamais à rougir ; 6+6 a
Et qui pour soi gardant | sa peine et son mystère, 6+6 b
Dans ses blancheurs de cygne | a traversé la terre. 6+6 b
25 Aujourd'hui que l'automne | aux pensives tiédeurs 6+6 a
A de l'âge en ma veine | assoupi les ardeurs, 6+6 a
Que les rêves fiévreux | où la raison s'oublie 6+6 b
Ont fait place en mon âme | à la mélancolie 6+6 b
Des soleils déclinants, | des espoirs envolés ; 6+6 a
30 Comme un long crépuscule | au front des bois voilés, 6+6 a
Le souvenir lointain | de ma saison torride 6+6 b
Verse un jour pâle et doux | sur mon présent aride ; 6+6 b
Et d'un regard plus calme | embrassant le passé, 6+6 a
Je pèse en mon esprit, | de tant d'efforts lassé, 6+6 a
35 Ce monde où j'ai connu | moins de fleurs que d'épines. 6+6 b
Une voix, cependant, | du sein de mes ruines 6+6 b
Me dit : « Console-toi ; | du moins ton rêve pur 6+6 a
Ne t'aura pas trompé ; | si ton ciel est obscur, 6+6 a
Porte plus haut les yeux ; | l'Étoile inaccessible, 6+6 b
40 Emblème immaculé | d'un amour impossible, 6+6 b
Brille toujours et verse | à ton front attristé 6+6 a
Les tranquilles splendeurs | de sa sérénité. 6+6 a
Elle t'a tout donné, | te donnant sa lumière. 6+6 b
D'une idéale ardeur | l'étincelle première 6+6 b
45 Te vint dans son rayon | sur ton front descendu. 6+6 a
A travers les erreurs | où ton pied s'est perdu, 6+6 a
Elle a toujours, visible | au delà des orages, 6+6 b
Vers le bien et le beau | ramené tes hommages. 6+6 b
Symbole de l'amour, | non de la volupté, 6+6 a
50 Son empire sur toi, | c'était sa pureté. 6+6 a
Bénis donc l'être cher | qui, de ton culte digne, 6+6 b
A traversé tes jours | dans ses blancheurs de cygne. » 6+6 b
mètre profil métrique : 6+6
logo du CRISCO logo de l'université