Métrique en Ligne
P = préposition
C = clitique
M = voyelle masculine
F = "e" féminin
| = césure
LAC_2/LAC87
Auguste LACAUSSADE
Poèmes et Paysages
1852
POÈMES ET PAYSAGES
LVI
Le Champborne
Champborne, lieux aimés | si chers à mon enfance, 6+6 a
Lieux sans cesse entrevus | et pleurés dans l'absence, 6+6 a
Vallon de ma jeunesse, | ô mes champs ! o mes bois ! 6+6 b
Salut à vous, salut | pour la dernière fois ! 6+6 b
5 J'ai voulu te revoir, | ô chaumière isolée ! 6+6 a
J'ai voulu te revoir, | ô ma chère vallée ! 6+6 a
J'ai voulu vous revoir, | beaux lieux de mes beaux jours, 6+6 b
Avant de vous quitter | peut-être pour toujours ! 6+6 b
Combien tout est changé ! |… Dans ces vastes savanes 6+6 a
10 Le vent fait ondoyer | l'or blondissant des cannes. 6+6 a
La plaine est transformée, | on a coupé nos bois ; 6+6 b
Je ne reconnais plus | mes arbres d'autrefois ; 6+6 b
Le filao soupire | où souriait la rose ; 6+6 a
Mes yeux cherchent en vain | notre enclos de jam-rose ; 6+6 a
15 Ils ont disparu tous, | et partout sur mes pas 6+6 b
S'offrent des champs nouveaux | que je ne connais pas. 6+6 b
Là-bas, d'autres sentiers | sillonnent nos prairies. 6+6 a
Nos beaux gérofliers, | pyramides fleuries, 5+6 a
Balançant de leurs fruits | les grappes de corail, 6+6 b
20 Nos lataniers dans l'air | s'ouvrant en éventail, 6+6 b
Et des hauts cocotiers | la mouvante avenue, 6+6 a
Tous ces arbres dotés | d'une grâce inconnue, 6+6 a
Pleins de brise et d'oiseaux | et d'harmonieux bruit, 6+6 b
On a tout renversé, | tout coupé, tout détruit, 6+6 b
25 Tout, jusqu'au vert enclos | à la haie odorante, 6+6 a
Où notre sœur, enfant | vive, rieuse, errante, 6+6 a
Poursuivait le matin | dans les herbes en pleurs 6+6 b
Les papillons posés | sur la coupe des fleurs. 6+6 b
Champs et murs et jardins, | tout a changé de face. 6+6 a
30 Avant nos souvenirs | notre passé s'efface. 6+6 a
Des choses d'ici-bas | triste instabilité ! 6+6 b
Nos rêves ont encor | moins de fragilité. 6+6 b
Voyez ! ma maison même, | autrefois si petite, 6+6 a
S'est agrandie, hélas ! | et l'étranger l'habite. 6+6 a
35 L'arbre qui l'ombrageait | de ses rameaux penchants 6+6 b
De nos doux bengalis | ne berce plus les chants ; 6+6 b
Son toit de vétiver, | où le lézard tressaille, 6+6 a
N'a plus, vers le midi, | cette varangue en paille, 6+6 a
Où nous prenions, enfants, | notre repos du soir ; 6+6 b
40 Où pour rêver déjà | moi je venais m'asseoir, 6+6 b
Respirant à travers | le tamis des lianes 6+6 a
L'air de parfums chargé | qui montait des savanes. 6+6 a
Des arbres cependant | que Dieu même a plantés, 6+6 b
Quelques-uns de la hache | ont été respectés : 6+6 b
45 De nos bois les plus beaux, | fiers et derniers vestiges, 6+6 a
Ils se dressent encor | dans l'orgueil de leurs tiges, 6+6 a
Et, tandis qu'un ciel bleu | baigne leur front serein, 6+6 b
Des grenadiers en fleur | couvrent leurs pieds d'airain. 6+6 b
D'ici je vois encor, | dans leur stature énorme, 6+6 a
50 Ceux qui de la maison | bordaient la plate-forme. 6+6 a
C'est là qu'après des jours | d'accablantes chaleurs, 6+6 b
Les Noirs, venus des champs | aux tombantes lueurs 6+6 b
D'un beau soir, attentifs | au vieux chef qui commande, 6+6 a
S'assemblaient pour répondre | à l'appel ; puis la bande 6+6 a
55 Se divisant, les uns | préparaient le repas, 6+6 b
Les autres s'asseyaient | en attendant, hélas ! 6+6 b
Qu'avec l'ombre et le calme | et l'oubli de leur peine 6+6 a
Le sommeil descendît | sur leurs têtes d'ébène. 6+6 a
Quelquefois l'un d'entre eux, | — tandis que dans les cieux 6+6 b
60 Les astres agitaient | les cils d'or de leurs yeux, 6+6 b
Et que la lune blanche | aux lueurs fortunées 6+6 a
Argentait des palmiers | les feuilles satinées, — 6+6 a
Debout dans la lumière | et les regards baissés, 6+6 b
Quelquefois l'un d'entre eux, | écoutant ses pensers 6+6 b
65 Et du soir respirant | la fraîcheur molle et sobre, 6+6 a
Disait, accompagné | des sons plaintifs du bobre, 6+6 a
A ses noirs compagnons | sur les herbes assis, 6+6 b
La naïve chanson | qu'on chantait au pays. 6+6 b
O toit de mon enfance, | o scènes effacées, 6+6 a
70 Dont le souffle en passant | rajeunit mes pensées ! 6+6 a
Vallon de mon jeune âge | et de mes jours heureux, 6+6 b
Et vous, arbres aimés, | vieux témoins de nos jeux, 6+6 b
Vous qui, des vents jaloux | défiant les colères, 6+6 a
Versez encore au loin | vos ombres séculaires ; 6+6 a
75 Qui sur trois fronts d'enfants | aux ébats fraternels 6+6 b
Jadis avez ouvert | vos rameaux paternels ; 6+6 b
Dites-moi, vieux amis | au poétique ombrage, 6+6 a
Dites-moi, verts berceaux, | frais abris d'un autre âge, 6+6 a
Dites-moi, bois charmants, | plaine aux parfums si doux, 6+6 b
80 Moi qui vous reconnais, | me reconnaissez-vous ? 6+6 b
A mes yeux attristés | dont le regard vous aime, 6+6 a
Si vous avez changé, | j'ai bien changé moi-même. 6+6 a
Pour de lointains climats | pourquoi vous avoir fuis ? 6+6 b
J'ai vu, depuis, j'ai vu | bien des jours et des nuits ; 6+6 b
85 Sous l'étude a pâli | ma tête soucieuse ; 6+6 a
Ma lèvre, jeune encor, | n'est plus folle et rieuse ; 6+6 a
L'air ne vient plus jouer | avec mes longs cheveux ; 6+6 b
La vie a dans leur fleur | glacé mes plus doux vœux ; 6+6 b
Et sur mon sol ardu | le lys pur de la joie 6+6 a
90 N'ouvre plus aujourd'hui | ses pétales de soie. 6+6 a
J'ai voulu tout connaître | et tout voir de trop près : 6+6 b
Ma vie à son matin | s'ombrage de cyprès. 6+6 b
Parfois un rêve encor | me réchauffe à sa flamme, 6+6 a
Je reprends à la vie, | et, penché sur mon âme, 6+6 a
95 J'écoute en moi chanter | l'espérance qui naît ; 6+6 b
Mais la céleste voix | presque aussitôt se tait, 6+6 b
Et je sens de nouveau | s'éteindre mes croyances ; 6+6 a
Et je m'affaisse en proie | aux mêmes défaillances, 6+6 a
Et, comme vers son nid | un pauvre oiseau blessé, 6+6 b
100 Mon cœur se réfugie | au fond de mon passé. 6+6 b
Passé, beaux jours, les seuls | qu'ici-bas l'on connaisse, 6+6 a
Éclosion de l'âme | et des sens, ô jeunesse ! 6+6 a
Heures de foi sereine | et d'espérance en Dieu, 6+6 b
A mes jours d'aujourd'hui | que vous ressemblez peu ! 6+6 b
105 Lorsque je rêve à vous | du fond de ma nuit sombre, 6+6 a
Que de belles clartés | vous versez dans mon ombre ! 6+6 a
Aussi, loin du présent, | comme on s'enfuit toujours 6+6 b
Vers vos lointains dorés, | aube des premiers jours ! 6+6 b
Qu'on vous regrette et pleure | à tout âge et sans cesse ! 6+6 a
110 Comme on se sent au cœur | une étrange tendresse, 6+6 a
Y fût-on malheureux, | y fût-on opprimé, 6+6 b
Pour le sol trois fois cher | où notre être a germé ! 6+6 b
En dépit de l'orgueil | qui s'irrite et blasphème, 6+6 a
O vieux champs paternels, | comme on sent qu'on vous aime ! 6+6 a
115 Comme on revient à vous, | les yeux de pleurs chargés ! 6+6 b
Comme on se sent tout autre | en vous trouvant changés ! 6+6 b
L'essaim des souvenirs | à votre aspect s'éveille, 6+6 a
Leur frais bourdonnement | bruit à notre oreille, 6+5 a
Et nos jours évoqués, | dans leur matin joyeux, 6+6 b
120 Groupe au front rayonnant | passent devant nos yeux ! 6+6 b
J'étais jeune, écolier, | j'avais encor mon frère, 6+6 a
Vif et doux compagnon | de mon enfance entière. 6+6 a
Des vacances pour nous | quand venait la saison, 6+6 b
Nous retrouvions aux bois | notre chère maison. 6+6 b
125 Quel bonheur, au réveil, | de courir par les plaines ! 6+6 a
O brises de l'aurore ! | ô suaves haleines ! 6+6 a
Un jour tiède glissait | sur les pics lumineux, 6+6 b
Les brumes se fondaient | dans l'éther floconneux, 6+6 b
Et les gazes d'azur, | flottant sur les campagnes, 6+6 a
130 S'ouvraient pour laisser voir | la beauté des montagnes ! 6+6 a
Tout s'éveillait : déjà | les oiseaux familiers 6+6 b
De leurs nids dans les airs | s'élançaient par milliers ; 6+6 b
Un parfum s'échappait | de chaque feuille ouverte ; 6+6 a
Des perles de la nuit | la terre était couverte ; 6+6 a
135 Les herbes ruisselaient | de mille diamants ; 6+6 b
Tout brillait, tout jetait | des éblouissements ! 6+6 b
Mille insectes d'azur, | d'or, de nacre et de soie, 6+6 a
Flottaient dans la lumière | où leur aile se noie ; 6+6 a
L'araignée aux pieds noirs, | au ventre de saphir, 6+6 b
140 Sur ses toiles d'argent | se berçait au zéphyr ; 6+6 b
La verte grenadille | à la brise indolente 6+6 a
Inclinait lentement | sa tige nonchalante ; 6+6 a
Et la riche liane, | étalant son trésor, 6+6 b
Balançait dans les airs | de larges cloches d'or 6+6 b
145 Où, butinante et blonde | et de sucs altérée, 6+6 a
Une abeille vibrait | de lumière enivrée ! 6+6 a
Ainsi tout respirait, | tout vivait, tout chantait : 6+6 b
Un astre plein de vie | à l'horizon montait ; 6+6 b
Du ciel l'oiseau des mers | traversait l'étendue ; 6+6 a
150 Comme une fleur de pourpre | aux bambous suspendue, 6+6 a
Le cardinal de feu | flamboyait au soleil ; 6+6 b
Et nous, de chaque chose | écoutant le réveil, 6+6 b
Respirant du matin | la fraîcheur douce et saine, 6+6 a
Enfants, nous parcourions | cette ondoyante scène, 6+6 a
155 Vifs, joyeux, tout trempés | de rosée et d'odeur, 6+6 b
Jusqu'aux lieux où déjà | cent Noirs, beaux de vigueur, 6+6 b
Travaillaient et chantaient | pour alléger leur tâche. 6+6 a
Les cannes par milliers | s'abattaient sous la hache ; 6+6 a
Des champs entiers tombaient, | et, sur le sol roulés, 6+6 b
160 Gisaient les blonds roseaux | en tas amoncelés ; 6+6 b
Et l'on voyait au loin | fumer la sucrerie, 6+6 a
Et, comme un long ruban | de blanche draperie, 6+6 a
L'odorante vapeur | se perdait dans les airs, 6+6 b
Et le vent, en passant, | l'emportait sur les mers, 6+6 b
165 Avec le chant des bois | et le parfum des plaines ; 6+6 a
Et les marins, lassés | de leurs courses lointaines, 6+6 a
De l'Inde ou de l'Europe | arrivant sur nos bords, 6+6 b
Dans les brises flottant | sur leurs larges sabords, 6+6 b
Respiraient enivrés | le généreux arôme 6+6 a
170 Du travail de la terre | et du travail de l'homme ! 6+6 a
Mais pourquoi réveiller | ces souvenirs charmants, 6+6 b
Tableaux évanouis | dans le passé dormants ? 6+6 b
Le matinal éclat | de leur frais paysage 6+6 a
Répand un jour trop gai | sur mon pâle visage ; 6+6 a
175 Leur lumière est trop vive, | elle blesse des yeux 6+6 b
Faits au ciel terne et froid | d'un présent pluvieux. 6+6 b
Et puis le cœur me saigne ! | et puis, sur cette terre, 6+6 a
Je me sens désormais | si triste et solitaire ! 6+6 a
De chaque objet connu | que j'effleure ou je vois 6+6 b
180 Il semble qu'aussitôt | il s'élève une voix, 6+6 b
Qui, m'évoquant dans l'âme | une image trop chère, 6+6 a
Me dit tout bas : « Poète, | où donc est votre frère ?… » 6+6 a
Mon frère ? il est parti ! | Je suis seul désormais. 6+6 b
Il ne m'est rien resté | de tout ce que j'aimais. 6+6 b
185 Le Seigneur m'a repris | l'ami de mon bel âge. 6+6 a
Mon frère ? il est parti | pour ce lointain voyage 6+6 a
D'où l'on ne revient plus ! | Au val du latanier, 6+6 b
Moi qui l'ai précédé, | je reste le dernier. 6+6 b
Notre sœur, douce enfant, | nous quitta la première ; 6+6 a
190 Puis ce fut lui. Fermant | ses yeux à la lumière, 6+6 a
Comme un oiseau qui fuit | les épines du sol, 6+6 b
Vers un monde meilleur, | jeune, il a pris son vol. 6+6 b
Il mourut dans mes bras : | j'ai reçu sur ses lèvres 6+6 a
Ce souffle, le dernier, | ô mort ! dont tu nous sèvres ; 6+6 a
195 J'ai veillé, j'ai prié | la nuit sur ses pieds ; seul 6+6 b
J'ai ramené sur lui | les plis de son linceul ; 6+6 b
Mes yeux ont ondoyé | sa dépouille encor tiède ; 6+6 a
Jaloux en ma douleur | du bras ami qui m'aide, 6+6 a
Fidèle aux soins amers, | et pieux dans mon deuil, 6+6 b
200 J'ai de mes mains fermé | le bois de son cercueil ; 6+6 b
Et, le portant moi-même | à sa place dernière, 6+6 a
Dans le lit éternel | j'ai déposé sa bière. 6+6 a
Seul, près de l'humble pierre, | où dans l'ombre enfermé 6+6 b
Repose avec les morts | mon ami bien-aimé, 6+6 b
205 Laissez-moi ! — laissez-moi, | frère autant que poète, 6+6 a
Réjouir de ma voix | cette tombe muette, 6+6 a
Où dort dans le Seigneur, | de silence entouré, 6+6 b
Un enfant qui vécut | et mourut ignoré. 6+6 b
Laissez-moi, cœur fidèle, | évoquer sa mémoire, 6+6 a
210 A son marbre désert | raconter son histoire, 6+6 a
Et, mêlant quelques vers | aux fleurs de son gazon, 6+6 b
Embaumer dans mes chants | sa jeunesse et son nom ! 6+6 b
Sa jeunesse ! O mon frère ! | heureux ceux-là qui meurent 6+6 a
Les premiers ! ils n'ont point, | comme ceux qui demeurent, 6+6 a
215 A subir chaque jour | le spectacle pareil 6+6 b
Des choses qu'à regret | éclaire le soleil ! 6+6 b
Ceux qui restent, plongés | dans le deuil et le doute, 6+6 a
Comptent en soupirant | les arbres de la route. 6+6 a
Ils vont, et les sentiers | devant eux étendus 6+6 b
220 Leur rappellent les pas | de ceux qu'ils ont perdus. 6+6 b
Chaque objet leur réveille | une image effacée : 6+6 a
Rien, rien ne peut distraire | ou tromper leur pensée ! 6+6 a
Ce sont des pleurs toujours | et partout des douleurs, 6+6 b
Les mêmes fruits amers | naissant des mêmes fleurs ! 6+6 b
225 Aussi, que de fois pris | du dégoût de la vie, 6+6 a
En face des tombeaux, | plein d'une sombre envie, 6+6 a
J'ai dit : « Heureux ceux-là | qui dorment sans remords 6+6 b
Entre les murs étroits | de la maison des morts ! » 6+6 b
Va ! ne regrette rien | dans ta couche de pierre, 6+6 a
230 Dors en paix ! garde clos | ton cœur et ta paupière. 6+6 a
Tu n'as plus à songer, | à lutter, à gémir ; 6+6 b
Immobile et muet, | tu n'as plus qu'à dormir ! 6+6 b
Pour moi, je vais rester | où le destin m'attache, 6+6 a
Me tourner vers mon but, | me remettre à ma tâche 6+6 a
235 Et, matelot en proie | à des flots inconstants, 6+6 b
Fendre, la rame en main, | les vagues de mon temps. 6+6 b
Je vais, blâmant nos mœurs | d'esclavage et de chaîne, 6+6 a
Invoquer en mes vers | cette époque prochaine 6+6 a
Où nous verrons enfin | se fondre sans retour 6+6 b
240 Les luttes dans la paix | et les cœurs dans l'amour. 6+6 b
D'un haut et juste espoir | mon âme est fécondée ! 6+6 a
Ma fleur contient un fruit | et mon vers une idée. 6+6 a
Je veux, du vrai, du bien | exaltant les penchants, 6+6 b
Être utile au malheur, | le servir par mes chants. 6+6 b
245 Mais, pour me soutenir | en ma route âpre et sainte, 6+6 a
Souvent, avec la nuit, | je franchirai l'enceinte 6+6 a
Des jardins où tu dors ; | et là, seul avec toi, 6+6 b
Cher ! te contant ma vie | et te parlant de moi, 6+6 b
Je te dirai mes jours, | mes luttes, ma souffrance. 6+6 a
250 Et puis nous causerons | des temps de notre enfance : 6+6 a
De nos jeux sous les bois, | au bord des calmes eaux ; 6+6 b
De nos rizières d'or | où chantaient les oiseaux ; 6+6 b
Des arbres du Champborne, | et de l'humble chaumière 6+6 a
D'où l'aube ruisselait | en gouttes de lumière. 6+6 a
255 Et puis, laissant du haut | d'un passé radieux 6+6 b
Tomber sur le présent | ma pensée et mes yeux, 6+6 b
Oui, je bénirai Dieu | qui, soufflant sur ta flamme, 6+6 a
A de mes jours mauvais | affranchi ta jeune âme. 6+6 a
Et, plein du souvenir | de nos premiers bonheurs, 6+6 b
260 De cette enfance à deux | croissant parmi les fleurs, 6+6 b
Morne, les yeux fixés | sur le deuil de ma vie, 6+6 a
Frère ! je me dirai, | pris d'une amère envie : 6+6 a
« Heureux ! heureux sont ceux | qui dorment sans remords 6+6 b
Entre les murs étroits | de la maison des morts ! » 6+6 b
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