Métrique en Ligne
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F = "e" féminin
| = césure
LAC_2/LAC59
Auguste LACAUSSADE
Poèmes et Paysages
1852
POÈMES ET PAYSAGES
XXVIII
Tout enfant, je t'aimais, ô Nature ! et songeur, 6+6 a
Sur les monts égarant mon jeune ennui rongeur, 6+6 a
J'écoutais les torrents dans leur chute pareille, 6+6 b
De loin, je leur prêtais une rêveuse oreille, 6+6 b
5 Et je venais m'asseoir à l'ombre des grands bois 6+6 a
Pour me bercer longtemps aux plaintes de leurs voix ; 6+6 a
Et lorsque à l'horizon la vague orientale 6+6 b
De l'aube reflétait la blancheur sidérale, 6+6 b
Quand le matin humide et riant sous ses pleurs 6+6 a
10 S'enivrait de parfums sur la lèvre des fleurs, 6+6 a
Émergeant de la nuit, resplendissante et pure, 6+6 b
J'aimais à contempler ta jeunesse, ô Nature ! 6+6 b
Tout ce qui vit, buvant l'âme du dieu du jour, 6+6 a
Semblait s'épanouir sous des regards d'amour : 6+6 a
15 Les forêts agitaient leurs vertes chevelures 6+6 b
Exhalant dans les airs d'ineffables murmures ; 6+6 b
Et du ciel aspirant les naissantes chaleurs, 6+6 c
Les vallons s'emplissaient d'accords et de senteurs. 6+6 c
Pour s'approcher de l'astre aux longs baisers de flamme, 6+6 a
20 La Terre, au rythme lent d'un vague épithalame, 6+6 a
Dévoilant ses beautés dans le bleu firmament, 6+6 b
Semblait se soulever vers son céleste amant. 6+6 b
Et la mer s'éveillant et montant de l'abîme, 6+6 a
Donnant à chaque houle une clameur sublime, 6+6 a
25 Par les cent mille voix de son orgue éternel 6+6 b
Saluait du soleil le retour solennel. 6+6 b
Et mon âme, ivre aussi de sève et de lumière, 6+6 a
Dans l'hymne universel confondant sa prière, 6+6 a
Pour exhaler vers Dieu son filial encens, 6+6 b
30 Au verbe du poète empruntait ses accents. 6+6 b
Je t'aimais, ô Nature ! et baignés de tes gloires, 6+6 a
Mes yeux se complaisaient dans ta vaste beauté ; 6+6 b
Sur l'homme aux courts destins contemplant tes victoires, 6+6 a
J'oubliais sa misère et ta fragilité. 6+6 b
35 Avant le soir, hélas ! s'éteint notre prunelle ; 6+6 c
Le temps accorde une heure à notre œuvre charnelle, 6+6 c
Mais le temps ne peut rien sur ta grâce éternelle, 6+6 c
Et d'un souffle sans fin ton sein est animé. 6+6 d
Dans l'auguste concert de tes voix unanimes, 6+6 e
40 Apaisant de mes maux les révoltes intimes, 6+6 e
D'oubli tu m'abreuvas et de rêves sublimes : 6+6 e
Tu consolais l'enfant que toi seule a aimé. 6+6 d
mètre profil métrique : 6+6
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