MÉTRIQUE EN LIGNE

a voyelle stable
er voyelle ambigüe
e "e" masculin
e "e" féminin
e "e" élidé
e "e" ignoré
e "e" écarté
12 longueur métrique
6-6 mètre

LAC_2/LAC111

Auguste LACAUSSADE

Poèmes et Paysages

1852

POÈMES ET PAYSAGES

LXXX

Les Soleils d'Octobre

	Aux jours où les feuilles jaunissent,	8	a
	Aux jours où les soleils finissent,	8	a
	Hélas ! nous voici revenus ;	8	b
	Le temps n'est plus, ma-bien-aimé e,	8	c
5	Où sur la pelouse embaumé e	8	c
	Tu posais tes pieds blancs et nus.	8	b

	L'herbe que la plui e a mouillé e	8	a
	Se traîne frileuse et souillé e ;	8	a
	On n'entend plus de joyeux bruits	8	b
10	Sortir des gazons et des mousses ;	8	c
	Les châtaigniers aux branches rousses	8	c
	Laissent au vent tomber leurs fruits.	8	b

	Sur les coteaux aux pentes chauves,	8	a
	De longs groupes d'arbustes fauves	8	a
15	Dressent leurs rameaux amaigris ;	8	b
	Dans la forêt qui se dépouille,	8	c
	Les bois ont des teintes de rouille ;	8	c
	L'astre est voilé, le ciel est gris.	8	b

	Cependant, sous les vitres closes,	8	a
20	Triste de la chute des roses,	8	a
	Il n'est pas temps de s'enfermer ;	8	b
	Toute fleur n'est pas morte encore ;	8	c
	Un beau jour, une belle aurore	8	c
	Au ciel, demain, peut s'allumer.	8	b

25	La terre, ô ma frileuse ami e !	8	a
	Ne s'est point encore endormi e	8	a
	Du morne sommeil de l'hiver…	8	b
	Vois ! la lumière est revenu e :	8	c
	Le soleil, entr'ouvrant la nu e,	8	c
30	Attiédit les moiteurs de l'air.	8	b

	Sous la lumière molle et sobre	8	a
	De ces soleils calmes d'octobre,	8	a
	Par les bois je voudrais errer !	8	b
	L'automne a de tièdes délices :	8	c
35	Allons sur les derniers calices,	8	c
	Ensemble, allons les respirer !	8	b

	Je sais dans la forêt prochaine,	8	a
	Je sais un site au pied du chêne	8	a
	Où le vent est plus doux qu'ailleurs ;	8	b
40	Où l'eau, qui fuit sous les ramures,	8	c
	Échange de charmants murmures	8	c
	Avec l'abeille, avec les fleurs.	8	b

	Dans ce lieu plein d'un charme agreste,	8	a
	Où pour rêver souvent je reste,	8	a
45	Veux-tu t'asseoir, veux-tu venir ?	8	b
	Veux-tu, sur les mousses jauni es,	8	c
	Goûter les pâles harmoni es	8	c
	De la saison qui va finir ?	8	b

	Partons ! et, ma main dans la tienne,	8	a
50	Qu'à mon bras ton bras se soutienne !	8	a
	Des bois si l'humide vapeur	8	b
	Te fait frissonner sous ta mante,	8	c
	Pour réchauffer ta main charmante	8	c
	Je la poserai sur mon cœur.	8	b

55	Et devant l'astre qui décline,	8	a
	Debout sur la froide colline,	8	a
	Et ton beau front penché sur moi,	8	b
	Tu sentiras mille pensé es,	8	c
	Des herbes, des feuilles froissé es	8	c
60	Et des bois morts, monter vers toi.	8	b

	Et devant la terne verdure,	8	a
	Songeant qu'ici-bas rien ne dure,	8	a
	Que tout passe, fleurs et beaux jours,	8	b
	A cette nature sans flamme	8	c
65	Tu pourras comparer, jeune âme,	8	c
	Mon cœur, pour toi brûlant toujours !	8	b

	Mon cœur, foyer toujours le même,	8	a
	Foyer vivant, foyer qui t'aime,	8	a
	Que ton regard fait resplendir !	8	b
70	Que les saisons, que les anné es,	8	c
	Que l'âpre vent des destiné es	8	c
	Ne pourront jamais refroidir !	8	b

	Et quand, noyés de brume et d'ombre,	8	a
	Nous descendrons le coteau sombre,	8	a
75	Rayon d'amour, rayon d'espoir,	8	b
	Un sourire, ô ma bien-aimé e !	8	c
	Jou era sur ta lèvre embaumé e	8	c
	Avec les derniers feux du soir.	8	b

mètre

profil métrique : 8