Métrique en Ligne
P = préposition
C = clitique
M = voyelle masculine
F = "e" féminin
| = césure
LAC_1/LAC22
Auguste LACAUSSADE
Les Salaziennes
1839
XXII
A une femme
I fall upon the thorns of life ! I bleed !
SHELLEY.
Des ombres du malheur | mon front triste se voile, 6+6 a
Mon horizon est sombre | et mon jour est obscur ; 6+6 b
Mais dans mon ciel éteint, | ô ma fidèle étoile, 6+6 a
Je vois briller toujours | ton rayon doux et pur. 6+6 b
5 Lorsque pour me punir | tout fuit et m'abandonne, 6+6 c
Tendre pour mes erreurs | ton cœur me les pardonne ; 6+6 c
Sans me blâmer jamais | tu gémis avec moi ; 6+6 d
Et, sensible aux douleurs | que ta bonté partage, 6+6 e
Tu couvres de ta voix | la clameur qui m'outrage. 6+6 e
10 Non ! il n'est point au ciel | d'ange meilleur que toi ! 6+6 d
Si d'un sourire encor | la sereine nature 6+6 a
Peut réjouir mon œil | morne et désenchanté, 6+6 b
C'est qu'elle a de ton âme, | ô noble créature, 6+6 a
Le sourire ineffable | et l'auguste beauté. 6+6 b
15 Si le courroux des vents | en guerre avec les ondes, 6+6 c
A réveillé des mers | les colères profondes, 6+6 c
Mon cœur peut être ému | mais ce n'est point d'effroi ! 6+6 d
Des hommes et des flots | que me font les tempêtes ?… 6+6 e
Mais cette vague, hélas ! | qui gronde sur nos têtes, 6+6 e
20 M'enlève à ton beau ciel | et m'éloigne de toi ! 6+6 d
T'en souvient-il ? assis | aux bords de la colline, 6+6 a
Par un beau soir de mai, | nous rêvions tous les deux ; 6+6 b
Un souffle tiède et pur | embaumait ta poitrine, 6+6 a
Mais des larmes voilaient | tes yeux tristes et bleus. 6+6 b
25 Ton pâle et doux sourire | à mes regards de frère 6+6 c
Révélait de ton cœur | le douloureux mystère : 6+6 c
D'un sort cruel déjà | nous subissions la loi. 6+6 d
A confondre nos pleurs | j'ai trouvé bien des charmes ! 6+6 e
Que m'importe aujourd'hui | l'amertume des larmes, 6+6 e
30 J'ai connu la douceur | de pleurer avec toi ! 6+6 d
Sœur, à mon amitié | tu fus toujours fidèle, 6+6 a
Femme, tu vins à moi | quand je fus délaissé, 6+6 b
Ange, tu m'abritas | à l'ombre de ton aile, 6+6 a
Et ton cœur à m'aimer | ne s'est jamais lassé. 6+6 b
35 O ma rose d'enfance, | ô ma fleur la plus chère, 6+6 c
Je puis songer du moins | qu'il est sur cette terre 6+6 c
Une âme riche encor | de tendresse et de foi ! 6+6 d
De mon lac trouble ou bleu | tu fus toujours le cygne. 6+6 e
Et la plus adorée | est aussi la plus digne 6+6 e
40 Du noble et saint amour | que j'ai conçu pour toi. 6+6 d
Que l'homme en son orgueil | me condamne et m'accuse, 6+6 a
Qu'il se lève et s'acharne | et marche sur mes pas, 6+6 b
Qu'il blâme avec dédain | mon amour pour la muse, 6+6 a
Il pourra me briser, | il ne me ploiera pas ! 6+6 b
45 Aux souffles des autans | j'opposerai la tête, 6+6 c
Car mon cœur se dilate | au vent de la tempête 6+6 c
Et j'aime à voir bondir | les flots autour de moi ! 6+6 d
Bercé par le courroux | de la vague orageuse, 6+6 e
Je laisserai flotter | ma barque voyageuse, 6+6 e
50 Insoucieux de l'onde | et ne rêvant qu'à toi. 6+6 d
Et si le sort un jour | trahissant mon courage, 6+6 a
Je m'affaissais vaincu | sous le flot triomphant, 6+6 b
Mais toujours insoumis | et défiant l'orage 6+6 a
Et les coups acharnés | contre un débile enfant ; 6+6 b
55 Dans cet instant suprême, | incliné vers la tombe, 6+6 c
Ma lèvre déjà froide, | ô ma sainte colombe, 6+6 c
Murmurera ton nom | pour la dernière fois ; 6+6 d
Et sur les flancs brisés | de ma barque qui sombre 6+6 e
Je descendrai mourant | dans ma demeure sombre, 6+6 e
60 L'âme et les yeux levés | vers le ciel et vers toi ! 6+6 d
mètre profil métrique : 6+6
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