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| = césure
LAC_1/LAC14
Auguste LACAUSSADE
Les Salaziennes
1839
XIV
A Lamennais
Après une première lecture des Paroles d'un Croyant
Quand l'aigle, se berçant dans un essor sublime, 6+6 a
Plane loin de la terre au séjour éthéré, 6+6 b
Si son regard de roi descend sonder l'abîme 6+6 a
Qui se creuse sous lui dans un vide azuré, 6+6 b
5 A peine il aperçoit une crête élee 6+6 c
De ces monts, qui semblaient d'un front audacieux 6+6 d
Porter du firmament la voûte soulee ; 6+6 c
Tant il est haut le roi des cieux ! 8 d
Ainsi quand ton génie aux voûtes éternelles 6+6 a
10 S'élance, en terrassant et l'esclave et les rois, 6+6 b
Et qu'il ouvre sur nous ses gigantesques ailes 6+6 a
Pour foudroyer d'en haut les tyrans et leurs lois ; 6+6 b
Dans sa sainte fureur, semblable au tendre père 6+6 c
Qui soustrait aux dangers les fils de son amour, 6+6 d
15 Sous toi, tu vois flotter comme une onde en poussière, 6+6 c
Les illustrations du jour. 8 d
Mais cloués sur la terre et cherchant dans les nues 6+6 a
L'homme qui si loin d'eux s'est assis sur les cieux, 6+6 b
Pleurant des vérités jusque alors inconnues, 6+6 a
20 Comme autant de serpents, ces lâches envieux 6+6 b
N'admirent qu'en jaloux l'astre de ton génie, 6+6 c
Et pareils à l'oiseau fait pour l'obscurité, 6+6 d
Qui, lorsque le jour vient, fuit et le calomnie, 6+6 c
Ils vont blasphémant ta clarté. 8 d
25 Leur bouche injurieuse a vomi son haleine 6+6 a
Impure sur ton nom auguste et révéré, 6+6 b
Mais le soleil inonde et dévore sans peine 6+6 a
La vapeur qui voilait son rayon éthéré. 6+6 b
Ils ont calomnié ta vie et tes penes, 6+6 c
30 Dans ton âme ils ont mis leurs sombres passions, 6+6 d
Ingrats, ils ont je leurs craintes insenes 6+6 c
Sur le vengeur des nations. 8 d
Il ont dit ton cœur plein de haine et de colère, 6+6 a
De révolte, d'orgueil, de l'esprit des enfers ; 6+6 b
35 Pourquoi ? C'est qu'indigné, sur ces rois de la terre 6+6 a
Qui se disent des droits à nous donner des fers, 6+6 b
Tu t'es levé superbe, et qu'ébranlant les trônes 6+6 c
De ta puissante main, tu nous dit : « Au combats ! 6+6 d
« Brisez ! foulez aux pieds ces fers et ces couronnes 6+6 c
40 « Qu'ont trop long-temps soufferts vos bras ! » 8 d
C'est que tu nous as dit : quand donc serez-vous libres ? 6+6 a
Peuple, jusques à quand seras-tu souffleté ! 6+6 b
D'un cœur d'homme qui bat tu n'as donc plus les fibres ! 6+6 a
Et puis tu nous fis voir l'auguste liberté 6+6 b
45 Dégageant ses beaux bras des fers et de leur fange, 6+6 c
Superbe, comme on doit la voir même au saint lieu, 6+6 d
Mais calme, pure avec un doux sourire d'ange, 6+6 c
Comme la fille de ton Dieu. 8 d
Ils ont dit ton cœur faux, ta parole inhumaine, 6+6 a
50 Que tu ne parlais pas comme parle ton cœur, 6+6 b
Et que tu ne cherchais qu'à réveiller la haine 6+6 a
Du petit pour le grand, du serf pour le seigneur ; 6+6 b
Et lorsque tu fais prendre à toute âme qui pense 6+6 c
L'horrible tyrannie en exécration, 6+6 d
55 Tous ces tyrans du jour craignant ton vol immense 6+6 c
Vont t'accusant d'ambition. 8 d
Mais qui donc leur a dit, pour régner sur la terre, 6+6 a
Que voudrait le génie abandonner les cieux, 6+6 b
Lui, dont la voix, semblable à celle du tonnerre, 6+6 a
60 Effraie et fait penser les peuples déjà vieux ? 6+6 b
Ils ont dit ton cœur faux ! — Cette pierre qui brille 6+6 c
Et sème des éclairs de son sein rayonnant, 6+6 d
Pourrait-elle darder cet éclat qui scintille 6+6 c
Si ce n'était un diamant ? 8 d
65 Ils t'en voudront toujours ! Mais de ta gloire altière 6+6 a
Les ombres de leur haine accrtront la grandeur ; 6+6 b
Ainsi que ces brouillards qu'empourpre la lumière, 6+6 a
De l'astre à son lever rehaussent la splendeur ; 6+6 b
Et comme on voit une onde, errant sur nos rivages, 6+6 c
70 Du roc qu'en sa fureur long-temps elle a battu 6+6 d
Baiser les pieds, ainsi dans la suite des âges 6+6 c
Ils ramperont sous la vertu. 8 d
Mais tel qu'un exilé, sur ces plages lointaines, 6+6 a
Quand si loin de mon sol ton chant vint jusqu'à moi, 6+6 b
75 Triste je l'écoutais et regardant mes chaînes, 6+6 a
Je me pris aussitôt à pleurer avec toi : 6+6 b
Car je te comprenais. — Mais lorsque vint l'envie 6+6 c
Calomnier ton cœur qui pardonne et gémit, 6+6 d
Sans que pas un de tiens n'arrêtât sa furie . 6+6 c
80 J'ai dit : Je serai son ami ! 8 d
Indigné, saisissant entre mes mains la lyre, 6+6 a
De mes lèvres alors ont jailli ces accents ; 6+6 b
Mais, hélas ! qu'a-t-il pu mon impuissant délire ? 6+6 a
Pour monter jusqu'à toi trop faible est mon encens ; 6+6 b
85 Semblable au bruit plaintif de ma vague africaine, 6+6 c
Qui, mourant sur les bords de nos rochers déserts, 6+6 d
Trop faible n'atteint pas la rive européenne 6+6 c
Et s'évapore dans les airs ! 8 d
mètre profils métriques : 8, 6+6
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