Métrique en Ligne
a voyelle stable
er voyelle ambigüe
e "e" masculin
e "e" féminin
e "e" élidé
e "e" ignoré
e "e" écarté
12 longueur métrique
6-6 mètre
HUG_9/HUG767
Victor HUGO
L'année terrible
1872
JUILLET
V
FALKENFELS
Falkenfels, qu'on distingueau loin dans la bruine, 6+6 a
Est le burg démolid'un vieux comte en ruine. 6+6 a
Je voulus voir le burget l'homme. Je montai 6+6 b
La montagne, à traversle bois, un jour d'été. 6+6 b
5 On rencontre à mi-côte,en un ravin tombée, 6+6 a
Une vieille chapelle court le scarabée ; 6+6 a
Nul curé n'y venantprier, elle croula ; 6+6 b
Car tous sont appauvrisdans ce dur pays-là, 6+6 b
Hélas, c'est en haillonsqu'on danse à la kermesse, 6+6 a
10 Et personne n'a plusde quoi payer la messe. 6+6 a
Or, pas d'argent, voilàce que le prêtre craint ; 6+6 b
Une niche indigenteeffarouche le saint, 6+6 b
Il déserte ; au momentd'entrer, le dieu renâcle 6+6 a
Sur le seuil dédorédu pauvre tabernacle ; 6+6 a
15 C'est pourquoi la chapelleest morte. Je laissai 6+6 b
Ce cadavre d'égliseau fond du noir fossé, 6+6 b
Et je continuaima route vers la cime. 6+6 a
J'arrivai. Je parvinsau burg fauve et sublime. 6+6 a
Même en plein jour, une ombreeffrayante est dessus. 6+6 b
20 Sur la brèche qui sertde porte, j'apeus 6+6 b
Au pied des larges toursqu'un haut blason surmonte, 6+6 a
Un grand vieux paysanpensif, c'était le comte. 6+6 a
Cet homme était assis ;au bruit que fit mon pas, 6+6 b
Grave, il tourna la têteet ne se leva pas. 6+6 b
25 Il avait près de luison fils, un enfant rose. 6+6 a
Saluer un vaincu,c'est déjà quelque chose, 6+6 a
Je saluai ce comteaboli. Je lui dis : 6+6 b
— Vous voilà pauvre, vousqui fûtes grand jadis. 6+6 b
Comte, je viens à vousd'une façon civile. 6+6 a
30 Donnez-moi votre filspour qu'il vienne à la ville. 6+6 a
Redevenir sauvageest bon pour le vieillard 6+6 b
Et mauvais pour l'enfant ;l'aube craint le brouillard ; 6+6 b
La rose meurt dans l'ombre se plt la chouette. 6+6 a
Certe, avoir sur le frontl'altière silhouette 6+6 a
35 De ces tours qu'aujourd'huigarde la ronce en fleur, 6+6 b
C'est beau ; mais habiterdans son siècle est meilleur. 6+6 b
Votre fils s'éteindraitdans ces brumes, vous dis-je. 6+6 a
Le monstre est dans nos tempsà côté du prodige ; 6+6 a
Mais le prodige est sûrde vaincre. Donnez-nous, 6+6 b
40 O sombre aïeul, l'enfantcharmant, farouche et doux, 6+6 b
Pour qu'il aille à Pariscomme on allait à Rome, 6+6 a
Pour que, ne pouvant plusêtre comte, il soit homme, 6+6 a
Et pour qu'à son beau nomil ajoute un beau sort. 6+6 b
Il faut laisser entrerles autres quand on sort ; 6+6 b
45 L'aigle laisse envolerl'aiglon ; et que l'arbuste 6+6 a
Ne soit pas étouffépar le chêne, c'est juste. 6+6 a
Le sinistre vieillardsourit superbement, 6+6 b
Et me dit : — La ruineaime l'isolement. 6+6 b
Si je fus grand jadis,il me sied de m'en taire. 6+6 a
50 Les gens sont curieuxde voir un homme à terre. 6+6 a
Vous m'avez vu, c'est bien.Pas de mots superflus. 6+6 b
Je ne connais personneet je n'existe plus. 6+6 b
Allez-vous-en.
— Mais quoi !dis-je, cette jeune aile 6+6 a
N'est pas faite, ô vieillard,pour la nuit éternelle. 6+6 a
55 L'enfant sans avenirlaisse au père un remord. 6+6 b
Il répondit : — J'entendsdire, moi qui suis mort, 6+6 b
De vous autres vivants,des choses misérables ; 6+6 a
Que chez vous le triompheest aux inexorables, 6+6 a
Que les hommes en sontencore au talion, 6+6 b
60 Qu'ils trouvent le renardplus grand que le lion, 6+6 b
Que leur vérité loucheet que leur raison boite, 6+6 a
Et qu'on fusille à gaucheet qu'on mitraille à droite, 6+6 a
Et qu'au milieu du sang,de l'horreur et des cris, 6+6 b
C'est un forfait d'offrirun asile aux proscrits. 6+6 b
65 Est-ce vrai ? je le crains.Est-ce faux ? je l'espère. 6+6 a
Mais laissez-moi, je suishonnête en mon repaire. 6+6 a
Mon fils boira la mêmeeau pure que je bois. 6+6 b
Vous m'offrez la cité,je préfère les bois ; 6+6 b
Car je trouve, voyantles hommes que vous êtes, 6+6 a
70 Plus de cœur aux rochers,moins de bêtise aux bêtes. 6+6 a
mètre profil métrique : 6+6
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