Métrique en Ligne
P = préposition
C = clitique
M = voyelle masculine
F = "e" féminin
| = césure
HUG_9/HUG758
Victor HUGO
L'année terrible
1872
JUIN
XIV
A VIANDEN
Il songe. Il s'est assis rêveur sous un érable. 6+6 a
Entend-il murmurer la forêt vénérable ? 6+6 a
Regarde-t-il les fleurs ? regarde-t-il les cieux ? 6+6 b
Il songe. La nature au front mystérieux 6+6 b
5 Fait tout ce qu'elle peut pour apaiser les hommes ; 6+6 a
Du coteau plein de vigne au verger plein de pommes 6+6 a
Les mouches viennent, vont, reviennent ; les oiseaux 6+6 b
Jettent leur petite ombre errante sur les eaux ; 6+6 b
Le moulin prend la source et l'arrête au passage ; 6+6 a
10 L'étang est un miroir où le frais paysage 6+6 a
Se renverse et se change en vague vision ; 6+6 b
Tout dans la profondeur fait une fonction ; 6+6 b
Pas d'atome qui n'ait sa tâche ; tout s'agite ; 6+6 a
Le grain dans le sillon, la bête dans son gîte, 6+6 a
15 Ont un but ; la matière obéit à l'aimant ; 6+6 b
L'immense herbe infinie est un fourmillement ; 6+6 b
Partout le mouvement sans relâche et sans trêve, 6+6 a
Dans ce qui pousse, croît, monte, descend, se lève, 6+6 a
Dans le nid, dans le chien harcelant les troupeaux, 6+6 b
20 Dans l'astre ; et la surface est le vaste repos ; 6+6 b
En dessous tout s'efforce, en dessus tout sommeille ; 6+6 a
On dirait que l'obscure immensité vermeille 6+6 a
Qui balance la mer pour bercer l'alcyon, 6+6 b
Et que nous appelons Vie et Création, 6+6 b
25 Charmante, fait semblant de dormir, et caresse 6+6 a
L'universel travail avec de la paresse. 6+6 a
Quel éblouissement pour l'œil contemplateur ! 6+6 b
De partout, du vallon, du pré, de la hauteur, 6+6 b
Du bois qui s'épaissit et du ciel qui rougeoie, 6+6 a
30 Sort cette ombre, la paix, et ce rayon, la joie. 6+6 a
Et maintenant, tandis qu'à travers les ravins, 6+6 b
Une petite fille avec des yeux divins 6+6 b
Et de lestes pieds nus dignes de Praxitèle, 6+6 a
Chasse à coups de sarment sa chèvre devant elle, 6+6 a
35 Voici ce qui remue en l'âme du banni : 6+6 b
— Hélas ! tout n'est pas dit et tout n'est pas fini 6+6 b
Parce qu'on a creusé dans la rue une fosse, 6+6 a
Parce qu'un chef désigne un mur où l'on adosse 6+6 a
De pauvres gens devant les feux de pelotons, 6+6 b
40 Parce qu'on exécute au hasard, à tâtons, 6+6 b
Sans choix, sous la mitraille et sous la fusillade, 6+6 a
Pères, mères, le fou, le brigand, le malade, 6+6 a
Et qu'on fait consumer en hâte par la chaux 6+6 b
Des corps d'hommes sanglants et d'enfants encor chauds ! 6+6 b
mètre profil métrique : 6+6
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