Métrique en Ligne
a voyelle stable
er voyelle ambigüe
e "e" masculin
e "e" féminin
e "e" élidé
e "e" ignoré
e "e" écarté
12 longueur métrique
6-6 mètre
HUG_9/HUG749
Victor HUGO
L'année terrible
1872
JUIN
V
EN QUITTANT BRUXELLES
Ah ! ce n'est pas aisé, suivre la voie étroite, 6+6 a
Donner tort à la foule et rester l'âme droite, 6+6 a
Protéger l'éternelle équité qu'on meurtrit. 6+6 b
Quand le proscrit l'essaie, on redonne au proscrit 6+6 b
5 Toute la quantité d'exil dont on dispose. 6+6 a
Pourtant n'exile point qui veut. C'est une chose 6+6 a
Inexprimable, affreuse et sainte que l'exil. 6+6 b
Chercher son toit dans l'ombre et dire : Où donc est-il ? 6+6 b
Songer, vieux, dans les deuils et les mélancolies, 6+6 a
10 Aux fleurs qu'avec des mains d'enfant on a cueillies, 6+6 a
A tel noir coin de rue autrefois plein d'attrait 6+6 b
A cause d'un regard furtif qu'on rencontrait ; 6+6 b
Se rappeler les temps, les anciennes aurores, 6+6 a
Et dans les champs plus verts les oiseaux plus sonores ; 6+6 a
15 Ne plus trouver au ciel la couleur qu'il avait ; 6+6 b
Penser aux morts ; hélas ! ne plus voir leur chevet, 6+6 b
Hélas ! ne pouvoir plus leur parler dans la tombe ; 6+6 a
C'est là l'exil.
L'exil, c'est la goutte qui tombe, 6+6 a
Et perce lentement et lâchement punit 6+6 b
20 Un cœur que le devoir avait fait de granit ; 6+6 b
C'est la peine infligée à l'innocent, au juste, 6+6 a
Et dont ce condamné, sous Tarquin, sous Auguste, 6+6 a
Sous Bonaparte, rois et césars teints de sang, 6+6 b
Meurt, parce qu'il est juste et qu'il est innocent. 6+6 b
25 Un exil, c'est un lieu d'ombre et de nostalgie ; 6+6 a
On ne sait quelle brume en silence élargie, 6+6 a
Que tout, un chant qui passe, un bois sombre, un récif, 6+6 b
Un souffle, un bruit, fait croître autour d'un front pensif. 6+6 b
Oh ! la patrie existe ! Elle seule est terrible. 6+6 a
30 Elle seule nous tient par un fil invisible ; 6+6 a
Elle seule apparaît charmante à qui la perd ; 6+6 b
Elle seule en fuyant fait le monde désert ; 6+6 b
Elle seule à ses champs, hélas ! restés les nôtres, 6+6 a
A ses arbres qui n'ont point la forme des autres, 6+6 a
35 A sa rive, à son ciel, ramène tous nos pas. 6+6 b
L'étranger peut bannir, mais il n'exile pas. 6+6 b
mètre profil métrique : 6+6
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