Métrique en Ligne
a voyelle stable
er voyelle ambigüe
e "e" masculin
e "e" féminin
e "e" élidé
e "e" ignoré
e "e" écarté
12 longueur métrique
6-6 mètre
HUG_9/HUG734
Victor HUGO
L'année terrible
1872
AVRIL
IV
UN CRI
Quand finira ceci ? Quoi ! ne sentent-ils pas 6+6 a
Que ce grand pays croule à chacun de leurs pas ! 6+6 a
Châtier qui ? Paris ? Paris veut être libre. 6+6 b
Ici le monde, et là Paris ; c'est l'équilibre. 6+6 b
5 Et Paris est l'abîme où couve l'avenir. 6+6 a
Pas plus que l'Océan on ne peut le punir, 6+6 a
Car dans sa profondeur et sous sa transparence 6+6 b
On voit l'immense Europe ayant pour cœur la France. 6+6 b
Combattants ! combattants ! qu'est-ce que vous voulez ? 6+6 a
10 Vous êtes comme un feu qui dévore les blés, 6+6 a
Et vous tuez l'honneur, la raison, l'espérance ! 6+6 b
Quoi ! d'un côté la France et de l'autre la France ! 6+6 b
Arrêtez ! c'est le deuil qui sort de vos succès. 6+6 a
Chaque coup de canon de Français à Français 6+6 a
15 Jette, — car l'attentat à sa source remonte, — 6+6 b
Devant lui le trépas, derrière lui la honte. 6+6 b
Verser, mêler, après septembre et février, 6+6 a
Le sang du paysan, le sang de l'ouvrier, 6+6 a
Sans plus s'en soucier que de l'eau des fontaines ! 6+6 b
20 Les Latins contre Rome et les Grecs contre Athènes ! 6+6 b
Qui donc a décrété ce sombre égorgement ? 6+6 a
Si quelque prêtre dit que Dieu le veut, il ment ! 6+6 a
Mais quel vent souffle donc ? Quoi ! pas d'instants lucides ! 6+6 b
Se retrouver héros pour être fratricides ! 6+6 b
Horreur !
25 Mais voyez donc, dans le ciel, sur vos fronts, 6+6 a
Flotter l'abaissement, l'opprobre, les affronts ! 6+6 a
Mais voyez donc là-haut ce drapeau d'ossuaire, 6+6 b
Noir comme le linceul, blanc comme le suaire ! 6+6 b
Pour votre propre chute ayez donc un coup d'œil : 6+6 a
30 C'est le drapeau de Prusse et le drapeau du deuil ! 6+6 a
Ce haillon, insolent, il vous a sous sa garde. 6+6 b
Vous ne le voyez pas ; lui, sombre, il vous regarde ; 6+6 b
Il est comme l'Égypte au-dessus des Hébreux, 6+6 a
Lourd, sinistre, et sa gloire est d'être ténébreux. 6+6 a
35 Il est chez vous. Il règne. Ah ! la guerre civile, 6+6 b
Triste après Austerlitz, après Sedan est vile ! 6+6 b
Aventure hideuse ! ils se sont décidés 6+6 a
A jouer la patrie et l'avenir aux dés ! 6+6 a
Insensés ! n'est-il pas de choses plus instantes 6+6 b
40 Que d'épaissir autour de ce rempart vos tentes ? 6+6 b
Recommencer la guerre ayant encore au flanc, 6+6 a
O Paris, ô lion blessé, l'épieu sanglant ! 6+6 a
Quoi ! se faire une plaie avant de guérir l'autre ! 6+6 b
Mais ce pays meurtri de vos coups, c'est le vôtre ! 6+6 b
45 Cette mère qui saigne est votre mère ! Et puis, 6+6 a
Les misères, la femme et l'enfant sans appuis, 6+6 a
Le travailleur sans pain, tout l'amas des problèmes 6+6 b
Est là terrible, et vous, acharnés sur vous-mêmes, 6+6 b
Vous venez, toi rhéteur, toi soldat, toi tribun, 6+6 a
50 Les envenimer tous sans en résoudre aucun ! 6+6 a
Vous recreusez le gouffre au lieu d'y mettre un phare ! 6+6 b
Des deux côtés la même exécrable fanfare, 6+6 b
Le même cri : Mort ! Guerre ! — A qui ? réponds, Caïn ! 6+6 a
Qu'est-ce que ces soldats une épée à la main, 6+6 a
55 Courbés devant la Prusse, altiers contre la France ? 6+6 b
Gardez donc votre sang pour votre délivrance ! 6+6 b
Quoi ! pas de remords ! quoi ! le désespoir complet ! 6+6 a
Mais qui donc sont-ils ceux à qui la honte plaît ? 6+6 a
O cieux profonds ! opprobre aux hommes, quels qu'ils soient, 6+6 b
60 Qui sur ce pavois d'ombre et de meurtre s'assoient, 6+6 b
Qui du malheur public se font un piédestal, 6+6 a
Qui soufflent, acharnés à ce duel fatal, 6+6 a
Sur le peuple indigné, sur le reître servile, 6+6 b
Et sur les deux tisons de la guerre civile ; 6+6 b
65 Qui remettent la ville éternelle en prison, 6+6 a
Rebâtissent le mur de haine à l'horizon, 6+6 a
Méditent on ne sait quelle victoire infâme, 6+6 b
Les droits brisés, la France assassinant son âme, 6+6 b
Paris mort, l'astre éteint, et qui n'ont pas frémi 6+6 a
70 Devant l'éclat de rire affreux de l'ennemi ! 6+6 a
mètre profil métrique : 6+6
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