Métrique en Ligne
P = préposition
C = clitique
M = voyelle masculine
F = "e" féminin
| = césure
HUG_9/HUG715
Victor HUGO
L'année terrible
1872
JANVIER 1871
VIII
LA SORTIE
L'aube froide blêmit, vaguement apparue. 6+6 a
Une foule défile en ordre dans la rue ; 6+6 a
Je la suis, entr par ce grand bruit vivant 6+6 b
Que font les pas humains quand ils vont en avant. 6+6 b
5 Ce sont des citoyens partant pour la bataille. 6+6 a
Purs soldats ! Dans les rangs, plus petit par la taille, 6+6 a
Mais égal par le cœur, l'enfant avec fierté 6+6 b
Tient par la main son père, et la femme à cô 6+6 b
Marche avec le fusil du mari sur l'épaule. 6+6 a
10 C'est la tradition des femmes de la Gaule 6+6 a
D'aider l'homme à porter l'armure, et d'être là, 6+6 b
Soit qu'on nargue César, soit qu'on brave Attila, 6+6 b
Que va-t-il se passer ? L'enfant rit, et la femme 6+6 a
Ne pleure pas. Paris subit la guerre infâme ; 6+6 a
15 Et les Parisiens sont d'accord sur ceci 6+6 b
Que par la honte seule un peuple est obscurci, 6+6 b
Que les aïeux seront contents, quoi qu'il arrive, 6+6 a
Et que Paris mourra pour que la France vive. 6+6 a
Nous garderons l'honneur ; le reste, nous l'offrons. 6+6 b
20 Et l'on marche. Les yeux sont indignés, les fronts 6+6 b
Sont pâles ; on y lit : Foi, Courage, Famine. 6+6 a
Et la troupe à travers les carrefours chemine, 6+6 a
Tête haute, élevant son drapeau, saint haillon ; 6+6 b
La famille est toujours mêlée au bataillon ; 6+6 b
25 On ne se quittera que là-bas aux barrières. 6+6 a
Ces hommes attendris et ces femmes guerrières 6+6 a
Chantent ; du genre humain Paris défend les droits. 6+6 b
Une ambulance passe, et l'on songe à ces rois 6+6 b
Dont le caprice fait ruisseler des rivières 6+6 a
30 De sang sur le pa derrière les civières. 6+6 a
L'heure de la sortie approche ; les tambours 6+6 b
Battent la marche en foule au fond des vieux faubourgs ; 6+6 b
Tous se hâtent ; malheur à toi qui nous assièges ! 6+6 a
Ils ne redoutent pas les pièges, car les pièges 6+6 a
35 Que trouvent les vaillants en allant devant eux 6+6 b
Font le vaincu superbe et le vainqueur honteux. 6+6 b
Ils arrivent aux murs, ils rejoignent l'armée. 6+6 a
Tout à coup le vent chasse un flocon de fumée ; 6+6 a
Halte ! C'est le premier coup de canon. Allons ! 6+6 b
40 Un long frémissement court dans les bataillons, 6+6 b
Le moment est venu, les portes sont ouvertes, 6+6 a
Sonnez, clairons ! Voici là-bas les plaines vertes, 6+6 a
Les bois où rampe au loin l'invisible ennemi, 6+6 b
Et le traître horizon, immobile, endormi, 6+6 b
45 Tranquille, et plein pourtant de foudres et de flammes. 6+6 a
On entend des voix dire : Adieu ! — Nos fusils, femmes 6+6 a
Et les femmes, le front serein, le cœur brisé, 6+6 b
Leur rendent leur fusil après l'avoir baisé. 6+6 b
mètre profil métrique : 6+6
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