Métrique en Ligne
a voyelle stable
er voyelle ambigüe
e "e" masculin
e "e" féminin
e "e" élidé
e "e" ignoré
e "e" écarté
12 longueur métrique
6-6 mètre
HUG_9/HUG704
Victor HUGO
L'année terrible
1872
DÉCEMBRE
VI
LES FORTS
Ils sont les chiens de garde énormes de Paris. 6+6 a
Comme nous pouvons être à chaque instant surpris, 6+6 a
Comme une horde est là, comme l'embûche vile 6+6 b
Parfois rampe jusqu'à l'enceinte de la ville, 6−6 b
5 Ils sont dix-neuf épars sur les monts, qui, le soir, 6+6 a
Inquiets, menaçants, guettent l'espace noir, 6+6 a
Et, s'entr'avertissant dès que la nuit commence, 6+6 b
Tendent leur cou de bronze autour du mur immense. 6+6 b
Ils restent éveillés quand nous nous endormons, 6+6 a
10 Et font tousser la foudre en leurs rauques poumons. 6+6 a
Les collines parfois, brusquement étoilées, 6+6 b
Jettent dans la nuit sombre un éclair aux vallées ; 6+6 b
Le crépuscule lourd s'abat sur nous, masquant 6+6 a
Dans son silence un piège et dans sa paix un camp ; 6+6 a
15 Mais en vain l'ennemi serpente et nous enlace ; 6+6 b
Ils tiennent en respect toute une populace 6+6 b
De canons monstrueux, rôdant à l'horizon. 6+6 a
Paris bivouac, Paris tombeau, Paris prison, 6+6 a
Debout dans l'univers devenu solitude, 6+6 b
20 Fait sentinelle, et, pris enfin de lassitude, 6+6 b
S'assoupit ; tout se tait, hommes, femmes, enfants, 6+6 a
Les sanglots, les éclats de rire triomphants, 6+6 a
Les pas, les chars, le quai, le carrefour, la grève, 6+6 b
Les mille toits d'où sort le murmure du rêve, 6+6 b
25 L'espoir qui dit je crois, la faim qui dit je meurs ; 6+6 a
Tout fait silence ; ô foule ! indistinctes rumeurs ! 6+6 a
Sommeil de tout un monde ! ô songes insondables ! 6+6 b
On dort, on oublie… — Eux, ils sont là, formidables. 6+6 b
Tout à coup on se dresse en sursaut ; haletant, 6+6 a
30 Morne on prête l'oreille, on se penche… — on entend 6+6 a
Comme le hurlement profond d'une montagne. 6+6 b
Toute la ville écoute et toute la campagne 6+6 b
Se réveille ; et voilà qu'au premier grondement 6+6 a
Répond un second cri, sourd, farouche, inclément, 6+6 a
35 Et dans l'obscurité d'autres fracas s'écroulent, 6+6 b
Et d'échos en échos cent voix terribles roulent. 6+6 b
Ce sont eux. C'est qu'au fond des espaces confus, 6+6 a
Ils ont vu se grouper de sinistres affûts, 6+6 a
C'est qu'ils ont des canons surpris la silhouette ; 6+6 b
40 C'est que, dans quelque bois d'où s'enfuit la chouette, 6+6 b
Ils viennent d'entrevoir, là-bas, au bord d'un champ, 6+6 a
Le fourmillement noir des bataillons marchant ; 6+6 a
C'est que dans les halliers des yeux traîtres flamboient. 6+6 b
Comme c'est beau ces forts qui dans cette ombre aboient ! 6+6 b
mètre profil métrique : 6−6
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