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| = césure
HUG_9/HUG701
Victor HUGO
L'année terrible
1872
DÉCEMBRE
III
LE MESSAGE DE GRANT
Ainsi, peuple aux efforts prodigieux enclin, 6+6 a
Ainsi, terre de Penn, de Fulton, de Franklin, 6+6 a
Vivante aube d'un monde, ô grande république, 6+6 b
C'est en ton nom qu'on fait vers l'ombre un pas oblique ! 6+6 b
5 Trahison ! par Berlin vouloir Paris détruit ! 6+6 a
Au nom de la lumière encourager la nuit ! 6+6 a
Quoi ! de la liberté faire une renégate ! 6+6 b
Est-ce donc pour cela que vint sur sa frégate 6+6 b
Lafayette donnant la main à Rochambeau ? 6+6 a
10 Quand l'obscurité monte, éteindre le flambeau ! 6+6 a
Quoi ! dire : — Rien n'est vrai que la force. Le glaive, 6+6 b
C'est l'éblouissement suprême qui se lève. 6+6 b
Courbez-vous, le travail de vingt siècles a tort. 6+6 a
Le progrès, serpent vil, dans la fange se tord ; 6+6 a
15 Et le peuple idéal, c'est le peuple égoïste. 6+6 b
Rien de définitif et d'absolu n'existe ; 6+6 b
Le maître est tout ; il est justice et vérité. 6+6 a
Et tout s'évanouit, droit, devoir, liberté, 6+6 a
L'avenir qui nous luit, la raison qui nous mène, 6+6 b
20 La sagesse divine et la sagesse humaine, 6+6 b
Dogme et livre, et Voltaire aussi bien que Jésus, 6+6 a
Puisqu'un reître allemand met sa botte dessus ! — 6+6 a
Toi dont le gibet jette au monde qui commence, 6+6 b
Comme au monde qui va finir, une ombre immense, 6+6 b
25 John Brown, toi qui donnas aux peuples la leçon 6+6 a
D'un autre Golgotha sur un autre horizon, 6+6 a
Spectre, défais le nœud de ton cou, viens, ô juste, 6+6 b
Viens et fouette cet homme avec ta corde auguste ! 6+6 b
C'est grâce à lui qu'un jour l'histoire en deuil dira : 6+6 a
30 — La France secourut l'Amérique, et tira 6+6 a
L'épée, et prodigua tout pour sa délivrance, 6+6 b
Et, peuples, l'Amérique a poignardé la France ! — 6+6 b
Que le sauvage, fait pour guetter et ramper, 6+6 a
Que le huron, orné de couteaux à scalper, 6+6 a
35 Contemplent ce grand chef sanglant, le roi de Prusse, 6+6 b
Certes, que le Peau-Rouge admire le Borusse, 6+6 b
C'est tout simple ; il le voit aux brigandages prêt, 6+6 a
Fauve, atroce, et ce bois comprend cette forêt ; 6+6 a
Mais que l'homme incarnant le droit devant l'Europe, 6+6 b
40 L'homme que de rayons Colombie enveloppe, 6+6 b
L'homme en qui tout un monde héroïque est vivant, 6+6 a
Que cet homme se jette à plat ventre devant 6+6 a
L'affreux sceptre de fer des vieux âges funèbres, 6+6 b
Qu'il te donne, à Paris, le soufflet des ténèbres, 6+6 b
45 Qu'il livre sa patrie auguste à l'empereur, 6+6 a
Qu'il la mêle aux tyrans, aux meurtres, à l'horreur, 6+6 a
Qu'en ce triomphe horrible et sombre il la submerge, 6+6 b
Que dans ce lit d'opprobre il couche cette vierge, 6+6 b
Qu'il montre à l'univers, sur un immonde char, 6+6 a
50 L'Amérique baisant le talon de César, 6+6 a
Oh ! cela fait trembler toutes les grandes tombes ! 6+6 b
Cela remue, au fond des pâles catacombes, 6+6 b
Les os des fiers vainqueurs et des puissants vaincus ! 6+6 a
Kosciusko frémissant réveille Spartacus ; 6+6 a
55 Et Madison se dresse et Jefferson se lève ; 6+6 b
Jackson met ses deux mains devant ce hideux rêve ; 6+6 b
Déshonneur ! crie Adams ; et Lincoln étonné 6+6 a
Saigne, et c'est aujourd'hui qu'il est assassiné. 6+6 a
Indigne-toi, grand peuple. O nation suprême, 6+6 b
60 Tu sais de quel cœur tendre et filial je t'aime. 6+6 b
Amérique, je pleure. Oh ! douloureux affront ! 6+6 a
Elle n'avait encor qu'une auréole au front. 6+6 a
Son drapeau sidéral éblouissait l'histoire. 6+6 b
Washington, au galop de son cheval de gloire, 6+6 b
65 Avait éclaboussé d'étincelles les plis 6+6 a
De l'étendard, témoin des devoirs accomplis, 6+6 a
Et, pour que de toute ombre il dissipe les voiles, 6+6 b
L'avait superbement ensemencé d'étoiles. 6+6 b
Cette bannière illustre est obscurcie, hélas ! 6+6 a
70 Je pleure… — Ah ! sois maudit, malheureux qui mêlas 6+6 a
Sur le fier pavillon qu'un vent des cieux secoue 6+6 b
Aux gouttes de lumière une tache de boue ! 6+6 b
mètre profil métrique : 6+6
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