Métrique en Ligne
P = préposition
C = clitique
M = voyelle masculine
F = "e" féminin
| = césure
HUG_8/HUG80
Victor HUGO
Odes et Ballades
1826
ODES
LIVRE CINQUIÈME
1819-1828
ODE DIX-HUITIÈME
AUX RUINES DE MONTFORT-L'AMAURY
La voyez-vous croître,
La tour du vieux cloître,
Et le grand mur noir
Du royal manoir ?
ALFRED DE VIGNY.
I
Je vous aime, ô débris ! | et surtout quand l'automne 6+6 a
Prolonge en vos échos | sa plainte monotone. 6+6 a
Sous vos abris croulants | je voudrais habiter, 6+6 b
Vieilles tours, que le temps | l'une vers l'autre incline, 6+6 c
5 Et qui semblez de loin | sur la haute colline, 6+6 c
Deux noirs géants prêts à lutter. 8 b
Lorsque d'un pas rêveur | foulant les grandes herbes, 6+6 a
Je monte jusqu'à vous, | restes forts et superbes ! 6+6 a
Je contemple longtemps | vos créneaux meurtriers, 6+6 b
10 Et la tour octogone | et ses briques rougies, 6+6 c
Et mon œil, à travers | vos brèches élargies, 6+6 c
Voit jouer des enfants | où mouraient des guerriers. 6+6 b
Écartez de vos murs | ceux que leur chute amuse ! 6+6 a
Laissez le seul poète | y conduire sa muse, 6+6 a
15 Lui qui donne du moins | une larme au vieux fort ; 6+6 b
Et, si l'air froid des nuits | sous vos arceaux murmure, 6+6 c
Croit qu'une ombre a froissé | la gigantesque armure 6+6 c
D'Amaury, comte de Montfort ! 8 b
II
Là, souvent je m'assieds, | aux jours passés fidèle 6+6 a
20 Sur un débris qui fut | un mur de citadelle. 6+6 a
Je médite longtemps, | en mon cœur replié ; 6+6 b
Et la ville, à mes pieds, | d'arbres enveloppée, 6+6 c
Étend ses bras en croix | et s'allonge en épée, 6+6 c
Comme le fer d'un preux | dans la plaine oublié. 6+6 b
25 Mes yeux errent, du pied | de l'antique demeure. 6+6 a
Sur les bois éclairés | ou sombres, suivant l'heure, 6+6 a
Sur l'église gothique, | hélas ! prête à crouler, 6+6 b
Et je vois, dans le champ | où la mort nous appelle, 6+6 c
Sous l'arcade de pierre | et devant la chapelle, 6+6 c
30 Le sol immobile onduler. 8 b
Foulant créneaux, ogive, | écussons, astragales, 6+6 a
M'attachant comme un lierre | aux pierres inégales, 6+6 a
Au faîte des grands murs | je m'élève parfois ; 6+6 b
Là je mêle des chants | au sifflement des brises ; 6+6 c
35 Et, dans les cieux profonds | suivant ses ailes grises, 6+6 c
Jusqu'à l'aigle effrayé | j'aime à lancer ma voix ! 6+6 b
Là quelquefois j'entends | le luth doux et sévère 6+6 a
D'un ami qui sait rendre | aux vieux temps un trouvère. 6+6 a
Nous parlons des héros, | du ciel, des chevaliers, 6+6 b
40 De ces âmes en deuil | dans le monde orphelines ; 6+6 c
Et le vent qui se brise | à l'angle des ruines 6+6 c
Gémit dans les hauts peupliers ! 8 b
mètre profils métriques : 8, 6+6
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