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F = "e" féminin
| = césure
HUG_8/HUG76
Victor HUGO
Odes et Ballades
1826
ODES
LIVRE CINQUIÈME
1819-1828
ODE QUATORZIÈME
ACTIONS DE GRÂCES
Ceux qui auront semé dans les larmes
moissonneront dans l'allégresse.
SALOMON, Ps, CXXV, v. 5.
Vous avez dans le port poussé ma voile errante ; 6+6 a
Ma tige a refleuri de sève et de verdeur ; 6+6 b
Seigneur, je vous bénis ! de ma lampe mourante 6+6 a
Votre souffle vivant rallume la splendeur. 6+6 b
5 Surpris par l'ouragan comme un aiglon sans ailes, 6+6 a
Qui tombe du grand chêne au pied de l'arbrisseau, 6+6 b
Faible enfant, du malheur j'ai su les lois cruelles. 6+6 a
L'orage m'assaillit voguant dans mon berceau. 6+6 b
Oui, la vie a pour moi commencé dès l'enfance, 6+6 a
10 Quoique le ciel jamais n'ait foudroyé de fleurs, 6+6 b
Et qu'il ne veuille pas qu'un être sans défense 6+6 a
Mêle à ses premiers jours l'amertume des pleurs. 6+6 b
La jeunesse en riant m'apporta ses mensonges, 6+6 a
Son avenir de gloire, et d'amour, et d'orgueil ; 6+6 b
15 Mais quand mon cœur brûlant poursuivait ces beaux songes, 6+6 a
Hélas !je m'éveillai dans la nuit d'un cercueil. 6+6 b
Alors je m'exilai du milieu de mes frères. 6+6 a
Calme, car ma douleur n'était pas le remords, 6+6 b
J'accompagnai de loin les pompes funéraires : 6+6 a
20 L'hymne de l'orphelin est écouté des morts. 6+6 b
L'œil tourné vers le ciel, je marchais dans l'abîme ; 6+6 a
Bien souvent, de mon sort bravant l'injuste affront, 6+6 b
Les flammes ont jailli de ma pensée intime, 6+6 a
Et la langue de feu descendit sur mon front. 6+6 b
25 Mon esprit de Pathmos connut le saint délire, 6+6 a
L'effroi qui le précède et l'effroi qui le suit ; 6+6 b
Et mon âme était triste, et les chants de ma lyre 6+6 a
Étaient comme ces voix qui pleurent dans la nuit. 6+6 b
J'ai vu sans murmurer la fuite de ma joie, 6+6 a
30 Seigneur ; à l'abandon vous m'aviez condamné. 6+6 b
J'ai, sans plainte, au désert tenté la triple voie ; 6+6 a
Et je n'ai pas maudit le jour où je suis né. 6+6 b
Voici la vérité qu'au monde je révèle : 6+6 a
Du ciel dans mon néant je me suis souvenu. 6+6 b
35 Louez Dieu ! la brebis vient quand l'agneau l'appelle ; 6+6 a
J'appelais le Seigneur, le Seigneur est venu. 6+6 b
Il m'a dit : « Va, mon fils, ma loi n'est pas pesante ! 6+6 a
Toi qui, dans la nuit même, as suivi mes chemins, 6+6 b
Tu ceindras des heureux la robe éblouissante ; 6+6 a
40 Parmi les innocents tu laveras tes mains. » 6+6 b
Je ne veux plus de loin t'offrir ma vie obscure, 6+6 a
Gloire, immortel reflet de l'éternel flambeau, 6+6 b
Du génie en son cours trace éclatante et pure, 6+6 a
Ou rayon merveilleux, émané d'un tombeau ! 6+6 b
45 Un ange sur mon cœur ploie aujourd'hui ses ailes. 6+6 a
Pour Elle un orphelin n'est pas un étranger ; 6+6 b
Les heures de mes jours à ses côtés sont belles : 6+6 a
Car son joug est aimable et son fardeau léger. 6+6 b
Vous avez dans le port poussé ma voile errante ; 6+6 a
50 Ma tige a refleuri de sève et de verdeur ; 6+6 b
Seigneur, je vous bénis ! de ma lampe mourante 6+6 a
Votre souffle vivant rallume la splendeur. 6+6 b
mètre profil métrique : 6+6
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