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HUG_8/HUG66
Victor HUGO
Odes et Ballades
1826
ODES
LIVRE CINQUIÈME
1819-1828
ODE QUATRIÈME
À TOI
Sub umbra alarum tuarum protege me.
PS. XVI.
Couvre-moi de l'ombre de tes ailes.
Lyre longtemps oisive, éveillez-vous encore. 6+6 a
Il se lève, et nos chants le salueront toujours, 6+6 b
Ce jour que son doux nom décore, 8 a
Ce jour sacré parmi les jours ! 8 b
5 Ô Vierge ! à mon enfance un Dieu t'a révélée, 6+6 a
Belle et pure ; et rêvant mon sort mystérieux, 6+6 b
Comme une blanche étoile aux nuages mêlée, 6+6 a
Dès mes plus jeunes ans je te vis dans mes cieux ! 6+6 b
Je te disais alors : « Ô toi, mon espérance, 6+6 a
10 Viens, partage un bonheur qui ne doit pas finir. » 6+6 b
Car de ma vie encor, dans ces jours d'ignorance, 6+6 a
Le passé n'avait point obscurci l'avenir. 6+6 b
Ce doux penchant devint une indomptable flamme ; 6+6 a
Et je pleurai ce temps, écoulé sans retour, 6+6 b
15 Où la vie était pour mon âme 8 a
Le songe d'un enfant que berce un vague amour. 6+6 b
Aujourd'hui, réveillant sa victime endormie, 6+6 a
Sombre, au lieu du bonheur que j'avais tant rêvé, 6+6 b
Devant mes yeux, troublés par l'espérance amie, 6+6 a
20 Avec un rire affreux le malheur s'est levé ! 6+6 b
Quand seul dans cette vie, hélas ! d'écueils semée, 6+6 a
Il faut boire le fiel dont le calice est plein, 6+6 b
Sans les pleurs de sa bien-aimée 8 a
Que reste-t-il à l'orphelin ? 8 b
25 Si les heureux d'un jour parent de fleurs leurs têtes, 6+6 a
Il fuit, souillé de cendre et vêtu de lambeaux ; 6+6 b
Et pour lui la coupe des fêtes 8 a
Ressemble à l'urne des tombeaux ! 8 b
Il est chez les vivants comme une lampe éteinte. 6+6 a
30 Le monde en ses douleurs se plaît à l'exiler, 6+6 b
Seulement vers le ciel il élève sans crainte 6+6 a
Ses yeux, chargés de pleurs qui ne peuvent couler. 6+6 b
Mais toi, console-moi, viens, consens à me suivre, 6+6 a
Arrache de mon sein le trait envenimé, 6+6 b
35 Daigne vivre pour moi, pour toi laisse-moi vivre, 6+6 a
J'ai bien assez souffert, Vierge, pour être aimé ! 6+6 b
Oh ! de ton doux sourire embellis-moi la vie ! 6+6 a
Le plus grand des bonheurs est encor dans l'amour. 6+6 b
La lumière à jamais ne me fut point ravie, 6+6 a
40 Viens, je suis dans la nuit, mais je puis voir le jour ! 6+6 b
Mes chants ne cherchent pas une illustre mémoire ; 6+6 a
Et s'il faut me courber sous ce fatal honneur, 6+6 b
Ne crains rien, ton époux ne veut pas que sa gloire 6+6 a
Retentisse dans son bonheur. 8 b
45 Goûtons du chaste hymen le charme solitaire. 6+6 a
Que la félicité nous cache à tous les yeux. 6+6 b
Le serpent couché sur la terre 8 a
N'entend pas deux oiseaux qui volent dans les cieux ! 6+6 b
Mais si ma jeune vie, à tant de flots livrée, 6+6 a
50 Si mon destin douteux t'inspire un juste effroi, 6+6 b
Alors fuis, toi qui fus mon épouse adorée ; — 6+6 a
Toi qui fus ma mère, attends-moi. 8 b
Bientôt j'irai dormir d'un sommeil sans alarmes, 6+6 a
Heureux si, dans la nuit dont je serai couvert, 6+6 b
55 Un œil indifférent donne en passant des larmes 6+6 a
À mon luth oublié, sur mon tombeau désert ! 6+6 b
Toi, que d'aucun revers les coups n'osent t'atteindre, 6+6 a
Et puisses-tu jamais, gémissant à ton tour, 6+6 b
Ne regretter celui qui mourut sans se plaindre, 6+6 a
60 Et qui t'aimait de tant d'amour ! 8 b
mètre profils métriques : 8, 6+6
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