Métrique en Ligne
P = préposition
C = clitique
M = voyelle masculine
F = "e" féminin
| = césure
HUG_8/HUG51
Victor HUGO
Odes et Ballades
1826
ODES
LIVRE QUATRIÈME
1819-1827
ODE SEPTIÈME
LA FILLE D'O-TAÏTI
Que fait-il donc, celui que sa douleur attend ?
Sans doute il n'arrive pas, celui qu'elle aime tant.
ALFRED DE VIGNY, Dolorida.
« Oh ! dis-moi, tu veux fuir ? et la voile inconstante 6+6 a
Va bientôt de ces bords t'enlever à mes yeux ? 6+6 b
Cette nuit j'entendais, trompant ma douce attente, 6+6 a
Chanter les matelots qui repliaient leur tente. 6+6 a
5 Je pleurais à leurs cris joyeux. 8 b
« Pourquoi quitter notre île ? En ton île étrangère, 6+6 a
Les cieux sont-ils plus beaux ? a-t-on moins de douleurs ? 6+6 b
Les tiens, quand tu mourras, pleureront-ils leur frère ? 6+6 a
Couvriront-ils tes os du plane funéraire 6+6 c
10 Dont on ne cueille pas les fleurs ? 8 b
« Te souvient-il du jour où les vents salutaires 6+6 c
T'amenèrent vers nous pour la première fois ? 6+6 a
Tu m'appelas de loin sous nos bois solitaires, 6+6 b
Je ne t'avais point vu jusqu'alors sur nos terres, 6+6 b
15 Et pourtant je vins à ta voix. 8 a
« Oh ! j'étais belle alors ; mais les pleurs m'ont flétrie. 6+6 a
Reste, ô jeune étranger ! ne me dis pas adieu. 6+6 b
Ici, nous parlerons de ta mère chérie ; 6+6 a
Tu sais que je me plais aux chants de ta patrie, 6+6 a
20 Comme aux louanges de ton Dieu. 8 b
« Tu rempliras mes jours ; à toi je m'abandonne. 6+6 a
Que t'ai-je fait pour fuir ? Demeure sous nos cieux. 6+6 b
Je guérirai tes maux, je serai douce et bonne, 6+6 a
Et je t'appellerai du nom que l'on te donne 6+6 a
25 Dans le pays de tes aïeux ! 8 b
« Je serai, si tu veux, ton esclave fidèle, 6+6 a
Pourvu que ton regard brille à mes yeux ravis. 6+6 b
Reste, ô jeune étranger ! reste, et je serai belle. 6+6 a
Mais tu n'aimes qu'un temps, comme notre hirondelle ; 6+6 a
30 Moi, je t'aime comme je vis. 8 b
« Hélas ! tu veux partir.Aux monts qui t'ont vu naître, 6+6 a
Sans doute quelque vierge espère ton retour. 6+6 b
Eh bien ! daigne avec toi m'emmener, ô mon maître ! 6+6 a
Je lui serai soumise, et l'aimerai peut-être, 6+6 a
35 Si ta joie est dans son amour ! 8 b
« Loin de mes vieux parents, qu'un tendre orgueil enivre, 6+6 a
Du bois où dans tes bras j'accourus sans effroi, 6+6 b
Loin des fleurs, des palmiers, je ne pourrai plus vivre. 6+6 a
Je mourrais seule ici. Va, laisse-moi te suivre, 6+6 a
40 Je mourrai du moins près de toi. 8 b
« Si l'humble bananier accueillit ta venue, 6+6 a
Si tu m'aimas jamais, ne me repousse pas. 6+6 b
Ne t'en va pas sans moi dans ton île inconnue, 6+6 a
De peur que ma jeune âme, errante dans la nue, 6+6 a
45 N'aille seule suivre tes pas ! » 8 b
Quand le matin dora les voiles fugitives, 6+6 a
En vain on la chercha sous son dôme léger ; 6+6 b
On ne la revit plus dans les bois, sur les rives. 6+6 a
Pourtant la douce vierge, aux paroles plaintives, 6+6 a
50 N'était pas avec l'étranger. 8 b
mètre profils métriques : 8, 6+6
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