Métrique en Ligne
a voyelle stable
er voyelle ambigüe
e "e" masculin
e "e" féminin
e "e" élidé
e "e" ignoré
e "e" écarté
12 longueur métrique
6-6 mètre
HUG_8/HUG36
Victor HUGO
Odes et Ballades
1826
ODES
LIVRE DEUXIÈME
1822-1823
ODE DIXIÈME
LE DERNIER CHANT
Ô muse, qui daignas me soutenir dans
une carrière aussi longue que périlleuse,
retourne maintenant aux célestes demeures !…
Adieu ! consolatrice de mes jours, toi
qui partageas mes plaisirs, et bien plus
souvent mes douleurs !
CHATEAUBRIAND, Les Martyrs.
 Et toi, dépose aussi la lyre ! 8 a
 Qu'importe le Dieu qui t'inspire 8 a
 À ces mortels vains et grossiers ? 8 b
 On en rit quand ta main l'encense. 8 c
5  Brise donc ce luth sans puissance ! 8 c
 Descends de ce char sans coursiers ! 8 b
Oh ! qu'il est saint et purle transport du poète, 6+6 a
Quand il voit en espoir,bravant la mort muette, 6+6 a
Du voyage des tempssa gloire revenir ! 6+6 b
10 Sur les âges futurs,de sa hauteur sublime 6+6 c
Il se penche, écoutantson lointain souvenir ; 6+6 b
Et son nom, comme un poidsjeté dans un abîme, 6+6 c
Éveille mille échosau fond de l'avenir. 6+6 b
 Je n'ai point cette auguste joie, 8 a
15  Les siècles ne sont point ma proie ; 8 a
 La gloire ne dit pas mon rang. 8 b
 Ma muse, en l'orage qui gronde, 8 c
 Est tombée au courant du monde, 8 c
 Comme un lys aux flots d'un torrent. 8 b
20 Pourtant, ma douce museest innocente et belle. 6+6 a
L'astre de Bethléema des regards pour elle : 6+6 a
J'ai suivi l'humble étoile,aux rois pasteurs pareil. 6+6 b
Le Seigneur m'a donnéle don de sa parole, 6+6 c
Car son peuple l'oublieen un lâche sommeil ; 6+6 b
25 Et, soit que mon luth pleure,ou menace, ou console, 6+6 c
Mes chants volent à Dieu,comme l'aigle au soleil. 6+6 b
 Mon âme à sa source embrasée 8 a
 Monte de pensée en pensée ; 8 a
 Ainsi du ruisseau précieux 8 b
30   l'Arabe altéré s'abreuve, 8 c
 La goutte d'eau passe au grand fleuve, 8 c
 Du fleuve aux mers, des mers aux cieux. 8 b
Mais, ô fleurs sans parfums,foyers sans étincelles, 6+6 a
Hommes ! l'air parmi vousmanque à mes larges ailes. 6+6 a
35 Votre monde est borné,votre souffle est mortel ! 6+6 b
Les lyres sont pour vouscomme des voix vulgaires. 6+6 c
Je m'enivre d'absinthe :enivrez-vous de miel. 6+6 b
Bien : — aimez vos amourset guerroyez vos guerres, 6+6 c
Vous, dont l'œil mort se fermeà tout rayon du ciel ! 6+6 b
40  Sans éveiller d'écho sonore 8 a
 J'ai haussé ma voix faible encore ; 8 a
 Et ma lyre aux fibres d'acier 8 b
 A passé sur ces âmes viles, 8 c
 Comme sur le pavé des villes 8 c
45  L'ongle résonnant du coursier. 8 b
En vain j'ai fait gronderla vengeance éternelle ; 6+6 a
En vain j'ai, pour fléchirleur âme criminelle, 6+6 a
Fait parler le pardonpar la voix des douleurs. 6+6 b
Du haut des cieux tonnants,mon austère pensée, 6+6 c
50 Sur cette terre ingrate germent les malheurs, 6+6 b
Tombant, pluie orageuseou propice rosée, 6+6 c
N'a point flétri l'ivraieet fécondé des fleurs. 6+6 b
 Du tombeau tout franchit la porte. 8 a
 L'homme, hélas ! que le temps emporte, 8 a
55  En vain contre lui se débat. 8 b
 Rien de Dieu ne trompe l'attente ; 8 c
 Et la vie est comme une tente 8 c
  l'on dort avant le combat. 8 b
Voilà, tristes mortels,ce que leur âme oublie ! 6+6 a
60 L'urne des ans pour tousn'est pas toujours remplie. 6+6 a
Mais qu'ils passent en paixsous le ciel outragé ! 6+6 b
Qu'ils jouissent des joursdans leurs frêles demeures ! 6+6 c
Quand dans l'éternitéleur sort sera plongé, 6+6 b
Les insensés en vains'attacheront aux heures, 6+6 c
65 Comme aux débris éparsd'un vaisseau submergé. 6+6 b
 Adieu donc ce luth qui soupire ! 8 a
 Muse, ici tu n'as plus d'empire, 8 a
 Ô muse, aux concerts immortels ! 8 b
 Fuis la foule qui te contemple ; 8 c
70  Referme les voiles du temple ; 8 c
 Rends leur ombre aux chastes autels. 8 b
Je vous rapporte, ô Dieu !le rameau d'espérance. — 6+6 a
Voici le divin glaiveet la céleste lance : 6+6 a
J'ai mal atteint le but j'étais envoyé. 6+6 b
75 Souvent, des vents jalouxjouet involontaire, 6+6 c
L'aiglon suspend son vol,à peine déployé ; 6+6 b
Souvent, d'un trait de feucherchant en vain la terre, 6+6 c
L'éclair remonte au cielsans avoir foudroyé. 6+6 b
mètre profils métriques : 8, 6+6
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