Métrique en Ligne
P = préposition
C = clitique
M = voyelle masculine
F = "e" féminin
| = césure
HUG_7/HUG673
Victor HUGO
Les Chansons des rues et des bois
1865
LIVRE SECOND
IV
NIVÔSE
II
PENDANT UNE MALADIE
On dit que je suis fort malade, 8 a
Ami ; j'ai déjà l'œil terni ; 8 b
Je sens la sinistre accolade 8 a
Du squelette de l'infini. 8 b
5 Sitôt levé, je me recouche ; 8 a
Et je suis comme si j'avais 8 b
De la terre au fond de la bouche ; 8 a
Je trouve le souffle mauvais. 8 b
Comme une voile entrant au havre, 8 a
10 Je frissonne ; mes pas sont lents, 8 b
J'ai froid ; la forme du cadavre, 8 a
Morne, apparaît sous mes draps blancs. 8 b
Mes mains sont en vain réchauffées ; 8 a
Ma chair comme la neige fond ; 8 b
15 Je sens sur mon front des bouffées 8 a
De quelque chose de profond. 8 b
Est-ce le vent de l'ombre obscure ? 8 a
Ce vent qui sur Jésus passa ! 8 b
Est-ce le grand Rien d'Épicure, 8 a
20 Ou le grand Tout de Spinosa ? 8 b
Les médecins s'en vont moroses ; 8 a
On parle bas autour de moi, 8 b
Et tout penche, et même les choses 8 a
Ont l'attitude de l'effroi. 8 b
25 Perdu ! voilà ce qu'on murmure. 8 a
Tout mon corps vacille, et je sens 8 b
Se déclouer la sombre armure 8 a
De ma raison et de mes sens. 8 b
Je vois l'immense instant suprême 8 a
30 Dans les ténèbres arriver. 8 b
L'astre pâle au fond du ciel blême 8 a
Dessine son vague lever. 8 b
L'heure réelle, ou décevante, 8 a
Dresse son front mystérieux. 8 b
35 Ne crois pas que je m'épouvante ; 8 a
J'ai toujours été curieux. 8 b
Mon âme se change en prunelle ; 8 a
Ma raison sonde Dieu voilé ; 8 b
Je tâte la porte éternelle, 8 a
40 Et j'essaie à la nuit ma clé. 8 b
C'est Dieu que le fossoyeur creuse ; 8 a
Mourir, c'est l'heure de savoir ; 8 b
Je dis à la mort : Vieille ouvreuse, 8 a
Je viens voir le spectacle noir. 8 b
mètre profil métrique : 8
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