Métrique en Ligne
HUG_4/HUG829
Victor HUGO
LA LÉGENDE DES SIÈCLES
NOUVELLE SÉRIE
1877
XVIII
LE GROUPE DES IDYLLES
XV
SHAKESPEARE
O doux être, fidèle et cependant ailé, 6+6 a
Ange et femme, est-il vrai que tu t'en sois allé ? 6+6 a
Pour l'âme, la lueur inexprimable reste ; 6+6 b
L'âme ne perd jamais de vue un front céleste ; 6+6 b
5 Et quiconque est aimé devient céleste. Hélas, 6+6 a
L'absence est dure, mais le cœur noir, l'esprit las, 6+6 a
Sont consolés par l'âme, invincible voyante. 6+6 b
L'éclair est passager, la nuée est fuyante, 6+6 b
Mais l'être aimé ne peut s'éclipser. Je te vois, 6+6 a
10 Je sens presque ta main, j'entends presque ta voix. 6+6 a
Oui, loin de toi je vis comme on vit dans un songe ; 6+6 b
Ce que je touche est larve apparence, mensonge ; 6+6 b
J'aperçois ton sourire à travers l'infini ; 6+6 a
Et, sans savoir pourquoi, disant : Suis-je puni ? 6+6 a
15 Je pleure vaguement si loin de moi tu souffres. 6+6 b
La nature ignorée et sainte a de ces gouffres 6+6 b
Où le visionnaire est voisin du réel ; 6+6 a
Ainsi la lune est presque un spectre dans le ciel ; 6+6 a
Ainsi tout dans les bois en fantôme S'achève ; 6+6 b
20 Ainsi c'est presque au fond d'un abîme et d'un rêve 6+6 b
Qu'un rossignol est triste et qu'un merle est rieur. 6+6 a
Quel mystère insondé que l'œil intérieur ! 6+6 a
Quelle insomnie auguste en nous ! Quelle prunelle 6+6 b
Ouverte sur le bien et le mal, éternelle ! 6+6 b
25 A quelle profondeur voit cet œil inconnu ! 6+6 a
Comme devant l'esprit toute l'ombre est à nu ! 6+6 a
L'œil de chair bien souvent pour l'erreur se décide, 6+6 b
La cécité pensive est quelquefois lucide ; 6+6 b
Quoi donc ! est-ce qu'on a besoin des yeux pour voir 6+6 a
30 L'héroïsme, l'honneur, la vertu, le devoir, 6+6 a
La réalité sainte et même la chimère ? 6+6 b
Qui donc passe en clarté le grand aveugle Homère ? 6+6 b
mètre profil métrique : 6+6
forme globale type : suite de distiques
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