Métrique en Ligne
P = préposition
C = clitique
M = voyelle masculine
F = "e" féminin
| = césure
HUG_27/HUG1641
Victor HUGO
DERNIÈRE GERBE
1902
LXXXIII
PORTRAIT
Quiconque pense, illustre, | obscur, sifflé, vainqueur, 6+6 a
Grand ou petit, exprime | en son livre son cœur. 6+6 a
Ce que nous écrivons | de nos plumes d'argile, 6+6 b
Soit sur le livre d'or | comme le doux Virgile, 6+6 b
5 Soit comme Alighieri | sur la bible de fer, 6+6 a
Est notre propre flamme | et notre propre chair. 6+6 a
Le livre est à ce point | l'auteur, et le poëme 6+6 b
Le poëte, notre œuvre | est tellement nous-même, 6+6 b
Nous la sentons en nous | si mêlée à nos pleurs, 6+6 a
10 A notre sang, si bien | faite de nos douleurs 6+6 a
Et si profondément | dans nos os pénétrante, 6+6 b
Que lorsqu'il arriva | qu'en l'an mil huit cent trente 6+6 b
Mademoiselle Mars, | Firmin et Joanny 6+6 a
Pour la première fois | jouèrent Hernani, 6+6 a
15 J'eus un frémissement | de pudeur violée. 6+6 b
Jusqu'à ce moment-là, | dans une ombre étoilée, 6+6 b
Ruy, Carlos, le bandit, | le cor de la forêt, 6+6 a
Doua Sol pâle, étaient | mon rêve et mon secret ; 6+6 a
Je leur parlais au fond | des extases farouches, 6+6 b
20 Je voyais remuer | distinctement leurs bouches, 6+6 b
Je vivais tête-à-tête, | ému d'un vague effroi, 6+6 a
Avec ce monde obscur | qui se mouvait en moi. 6+6 a
La foule s'y ruant | me parut un supplice. 6+6 b
Il me sembla quand, seul | derrière la coulisse, 6+6 b
25 Je vis Faure crier | au machiniste : Va, 6+6 a
Et lorsqu'en frissonnant | la toile se leva, 6+6 a
Que devant tout ce peuple | immense aux yeux de flamme 6+6 b
Je sentais se lever | la jupe de mon âme. 6+6 b
mètre profil métrique : 6+6
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