Métrique en Ligne
P = préposition
C = clitique
M = voyelle masculine
F = "e" féminin
| = césure
HUG_26/HUG1506
Victor HUGO
LES ANNÉES FUNESTES
1898
XI
BORD DE LA MER
Le jour, chasse le vent nocturne qui soufflait ; 6+6 a
Le soleil dans la mer délaie un long reflet, 6+6 a
Et monte, et semble fier que le gouffre lui mette 6+6 b
Une traîne de flamme et le change en comète ; 6+6 b
5 Les navires tremblants fendent l'onde, et ses plis 6+6 a
Penchent leurs noirs agrès par la brise assouplis ; 6+6 a
Un mont de roche à pic sur la plage s'élève ; 6+6 b
La route qui descend des plaines à la grève 6+6 b
Ouvre en la rencontrant les deux bras de l'Y grec 6+6 a
10 Par où les chariots vont chercher du varech ; 6+6 a
L'eau partout se hérisse, immense hécatonchire ; 6+6 b
L'écume à tous les vents s'effare et se déchire, 6+6 b
Et vole, et l'on dirait que de ces flocons blancs 6+6 a
Quelques-uns prennent vie et sont les goélands ; 6+6 a
15 Le tumulte infini dans l'ombre au loin bégaie ; 6+6 b
Et la légère des nuages égaie 6+6 b
Toute cette farouche et fauve profondeur ; 6+6 a
L'aube chantante joue avec le flot grondeur ; 6+6 a
L'océan frais et pur se fronce aux rocs arides ; 6+6 b
20 La jeunesse éternelle offre toutes ses rides ; 6+6 b
L'innocent liseron, nourri de sel amer, 6+6 a
Fleurit sous les blocs noirs du vieux mur de la mer, 6+6 a
Et la création semble une apothéose. 6+6 b
Comme un papillon donne un coup d'aile à la rose, 6+6 b
25 Là-bas l'aigle de mer tourne autour du récif. 6+6 a
Et moi qui suis assis au bord des flots, pensif, 6+6 a
Ne voyant même pas ces horizons sévères, 6+6 b
Regardant, noir rêveur, dans la nuit des Calvaires, 6+6 b
Les Socrates mourants, les pâles Jésus-Christs, 6+6 a
30 J'écris ces vers au pied du Rocher des Proscrits, 6+6 a
Pendant qu'un hollandais, qui prétend être corse, 6+6 b
Met à l'esprit humain la chemise de force, 6+6 b
Et trône en pleine orgie, empereur des français, 6+6 a
Entre l'escroc Serment et la fille Succès. 6+6 a
mètre profil métrique : 6+6
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