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| = césure
HUG_26/HUG1498
Victor HUGO
LES ANNÉES FUNESTES
1898
III
Un peuple était debout, et ce peuple était grand. 6+6 a
Il marchait lumineux dans le progrès flagrant. 6+6 a
Lés autres nations disaient : Voici la tête ! 6+6 b
Il avait traversé cette énorme tempête 6+6 b
5 Quatrevingt-treize, et mis le vieux monde au tombeau ; 6+6 a
Dans la lutte difforme il était resté beau ; 6+6 a
Ce fier peuple, assailli d'évènements funèbres, 6+6 b
Avait fait des rayons de toutes ces ténèbres ; 6+6 b
Il avait fait, démon, dieu, sauveur irrité, 6+6 a
10 De la combustion des siècles sa clarté. 6+6 a
Il avait eu Pascal, il avait eu Molière ; 6+6 b
Il avait vu sur lui s'épaissir comme un lierre 6+6 b
L'amour des nations dont il était l'appui ; 6+6 a
Et pendant soixante ans sur sa cime avait lui 6+6 a
15 Voltaire, cet esprit de flamme armé du rire, 6+6 b
Ce titan qui, proscrit, empêchait de proscrire, 6+6 b
Ce pasteur guidant l'âme, enseignant le devoir 6+6 a
Et chassant le troupeau des dogmes au lavoir. 6+6 a
Ce peuple avait en lui la loi qui développe ; 6+6 b
20 A force d'être France il devenait Europe ; 6+6 b
A force d'être Europe il était l'univers. 6+6 a
Il savait rester un tout en étant divers ; 6+6 a
Chaque race est un chiffre, il en était la somme ; 6+6 b
Et ce peuple était plus qu'un peuple ; il était l'Homme. 6+6 b
25 Dans la forêt sinistre il était l'éclaireur ; 6+6 a
Son pas superbe était le recul de l'erreur ; 6+6 a
Il proclamait le vrai sur la terre ; une lave 6+6 b
Sortait de son esprit qui délivrait l'esclave, 6+6 b
Et la femme, et le faible, et le pauvre inquiet, 6+6 a
30 Et l'aveugle ignorant, de sorte qu'on voyait 6+6 a
Devant sa flamme, hostile au mal, au crime, aux haines, 6+6 b
S'enfuir la vieille nuit trnant les vieilles chaînes. 6+6 b
Il était entou des ruines du mal, 6+6 a
D'abus tombés, monceau formidable et fatal, 6+6 a
35 De droits ressuscités, de vertus retrouvées, 6+6 b
Et de petites mains d'enfants, vers lui levées. 6+6 b
Au lieu de dire : Grâce ! il disait : Il le faut ! 6+6 a
Il combattait la guerre, il tuait l'échafaud. 6+6 a
Père et frère, il donnait la vie, ôtait les maîtres. 6+6 b
40 Guetté, mais fort, trop grand, hélas ! pour croire aux traîtres, 6+6 b
Il marchait aussi pur que l'aube en floréal, 6+6 a
L'œil fixé sur ce ciel qu'on nomme l'idéal. 6+6 a
Subitement, il est tombé dans l'embuscade, 6+6 b
Et son cadavre est là sur une barricade. 6+6 b
45 Ce trépassé, sanglant, nu, mordant son bllon, 6+6 a
Pâle, n'a même plus la gloire, ce haillon, 6+6 a
Et ses noirs assassins, de leur main lâche et fausse, 6+6 b
Creusent sous lui la nuit comme on creuse une fosse. 6+6 b
Décembre souriant, suivi de son Sénat, 6+6 a
50 A fait hommage aux rois de cet assassinat, 6+6 a
Les rois ont respi cet encensoir fétide. 6+6 b
Et devant Fualdès mort, le juge est pour Bastide 6+6 b
Et le prêtre bénit Caïn tuant Abel. 6+6 a
Sous ta tiare d'or qui ressemble à Babel, 6+6 a
55 Et qui, de la Sixtine illuminant les voiles, 6+6 b
A plus de diamants que le ciel n'a d'étoiles, 6+6 b
Sur ta chaire, splendide et sacré tribunal, 6+6 a
Pape, tu ne vaux pas, dans ton haut Quirinal, 6+6 a
Qui du monde romain domine les déluges, 6+6 b
60 Rois, vous ne valez pas, vous ne valez pas, juges, 6+6 b
Tu ne vaux pas, César dans la pourpre élevé, 6+6 a
Les chiens qui vont léchant le sang sur le pavé ! 6+6 a
mètre profil métrique : 6+6
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