Métrique en Ligne
P = préposition
C = clitique
M = voyelle masculine
F = "e" féminin
| = césure
HUG_24/HUG1459
Victor HUGO
TOUTE LA LYRE
1888-1893
LA CORDE D'AIRAIN
II
À DES RÉGIMENTS DÉCOURAGÉS
Ô nos pauvres soldats, oui, vous avez fléchi. 6+6 a
Avant que ce Paris sacré soit affranchi, 6+6 a
Avant que notre France auguste soit saue, 6+6 b
Avant que l'aigle ait mis à l'abri sa coue, 6+6 b
5 Vous avez dit : A bas la guerre, citoyens ! 6+6 a
Et nous, qui, sous la bombe et sous les biscayens, 6+6 a
Luttions comme vous, prêts aux plus terribles tâches, 6+6 b
Indignés, nous avons crié : Taisez-vous, lâches ! 6+6 b
Eh bien, nous eûmes tort, vous êtes des vaillants. 6+6 a
10 Hélas ! pour généraux avoir des chambellans, 6+6 a
Et pour chefs des valets et pour maîtres des cuistres, 6+6 b
C'est trop, et vous avez subi les jours sinistres. 6+6 b
Au-devant de l'affront vous fûtes envoyés ; 6+6 a
Vous avez combattu pour être foudroyés ; 6+6 a
15 Vous vîtes comment croule une gloire détruite, 6+6 b
Et vous avez appris le chemin de la fuite, 6+6 b
O douleur ! vous les fils de ceux par qui tonna 6+6 a
Austerlitz, et par qui resplendit Iéna ! 6+6 a
Ah ! sombres cœurs brisés et qu'emplit l'amertume ! 6+6 b
20 Espérez, ô vaincus ! ce n'est pas la coutume 6+6 b
De la France d'avoir longtemps le front courbé. 6+6 a
Après Blenheim, après Rosbach, on est tombé, 6+6 a
Mais on s'est rele par Ulm et par Arcole. 6+6 b
Subissez le malheur comme on subit l'école ; 6+6 b
25 Couvez l'âpre courroux des cœurs humiliés. 6+6 a
Soit. Pour un instant, fils de France, vous pliez, 6+6 a
Hélas, et vous avez fait un pas en arrière ; 6+6 b
Mais vous n'en rentrerez que d'une âme plus fière 6+6 b
Dans notre antique gloire et dans nos vieux chemins. 6+6 a
30 Ils défaillaient aussi, les grands soldats romains ; 6+6 a
Et quand César passait, ces mécontents épiques 6+6 b
Lui demandaient la paix en abaissant les piques ; 6+6 b
Ce qui n'empêchait pas, pourtant nous l'oublions, 6+6 a
Ces hommes de se battre ainsi que des lions, 6+6 a
35 Et les peuples d'avoir pour ces légionnaires 6+6 b
Le culte épouvan qu'on a pour les tonnerres. 6+6 b
Oui, parfois, quand l'élan romain s'interrompit, 6+6 a
Les barbares avaient un moment de répit, 6+6 a
Et l'on riait de voir s'en retourner aux villes 6+6 b
40 Les vieux hastati las et blancs et les pupilles 6+6 b
Dont le visage à peine avait un blond duvet ; 6+6 a
Mais bientôt cette armée en qui Rome vivait 6+6 a
Rebouclait sa cuirasse, et rentrait en campagne ; 6+6 b
Et partout, en Dacie, en Phrygie, en Espagne, 6+6 b
45 Les rois se remettaient à trembler, quand le vent 6+6 a
Leur apportait le bruit de sa marche en avant. 6+6 a
mètre profil métrique : 6+6
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