Métrique en Ligne
P = préposition
C = clitique
M = voyelle masculine
F = "e" féminin
| = césure
HUG_24/HUG1191
Victor HUGO
TOUTE LA LYRE
1888-1893
III
VIII
Devant les cieux qu'emplit un vague aspect d'effroi, 6+6 a
Sur tout, sans savoir qui, sans demander pourquoi, 6+6 a
Le philosophe pleure, aime, intercède, prie. 6+6 b
Il pense ; il sonde avec sa prunelle attendrie 6+6 b
5 Le mystère, et comprend que quelqu'un gémit là. 6+6 a
Il parle à l'infini comme Jean lui parla ; 6+6 a
Il y penche son âme et par cette ouverture 6+6 b
Répand un sombre amour sur la vaste nature ; 6+6 b
Il bénit à voix basse en marchant devant lui 6+6 a
10 Toutes les profondeurs de l'ombre et de l'ennui, 6+6 a
L'antre, l'herbe, les monts glacés, les arbres torses, 6+6 b
Les courants, les aimants, l'hydre aveugle des forces, 6+6 b
Les joncs tremblants, les bois tristes, les rochers nus, 6+6 a
L'air, l'onde, et le troupeau des monstres inconnus ; 6+6 a
15 Il console, incliné ; ce qui vit, ce qui souffre, 6+6 b
Et, tous les noirs captifs invisibles du gouffre, 6+6 b
Épars dans l'Être horrible aux effrayants halliers, 6+6 a
Enchnés aux carcans ou tirant des colliers. 6+6 a
Il perçoit les soupirs des visions funèbres ; 6+6 b
20 Il sent râler l'espace et souffrir les ténèbres ; 6+6 b
Il console et secourt plus bas que l'animal ; 6+6 a
Tendre, il fait du bien, même à ce qui fait du mal ; 6+6 a
Sans distinguer sur qui tombent ses pleurs, lui-même 6+6 b
N'étant qu'une lueur flottant dans le problème, 6+6 b
25 Il prie, argile, chair, larve ; et semble un rayon 6+6 a
Aux sombres yeux ouverts dans l'expiation. 6+6 a
L'ardeur d'apaiser tout est sa sublime fièvre ; 6+6 b
Il va ! prophète ou non, qu'importe que sa lèvre 6+6 b
Ait ou n'ait pas le feu du céleste charbon ! 6+6 a
30 Il sait bien qu'on l'entend, qu'il suffit d'être bon, 6+6 a
Et que les exilés rêvent la délivrance ; 6+6 b
Il passe en murmurant Espérance ! espérance ! 6+6 b
Et toute la souffrance est un appel confus 6+6 a
À son cœur d'où jamais il ne sort un refus. 6+6 a
35 Tandis qu'on ne sait quoi d'étrange et de farouche 6+6 b
Surgit dans des berceaux, dans les tombeaux se couche, 6+6 b
Tandis que l'ouragan souffle, et que par moment 6+6 a
La vie universelle est un rugissement, 6+6 a
Et qu'à d'autres moments tout n'est plus qu'une face 6+6 b
40 De silence où le cri de l'abîme s'efface, 6+6 b
Tandis, que le flot roule à l'engloutissement, 6+6 a
Que la livide mort court sous le firmament 6+6 a
Distribuant le monde aux fléaux ses ministres ; 6+6 b
Que les astres hagards ont des levers sinistres, 6+6 b
45 Et que tout semble craindre un lugubre abandon, 6+6 a
Lui, tranquille, il dit : Paix, harmonie et pardon ! 6+6 a
Il jette sa pitié dans la sourde étendue, 6+6 b
Dans l'ombre formidable à jamais éperdue, 6+6 b
Dans le deuil, dans l'énigme affreuse, dans l'horreur ; 6+6 a
50 Il marche, et, sans rien voir, perdu, quoique éclaireur, 6+6 a
Sous la brume éternelle à flots noirs épanchée, 6+6 b
Sent dans la nuit sa main par des langues léchée. 6+6 b
mètre profil métrique : 6+6
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