Métrique en Ligne
a voyelle stable
er voyelle ambigüe
e "e" masculin
e "e" féminin
e "e" élidé
e "e" ignoré
e "e" écarté
12 longueur métrique
6-6 mètre
HUG_24/HUG1159
Victor HUGO
TOUTE LA LYRE
1888-1893
II
XXV
QUAND NOUS QUITTIONS AVRANCHES
Ami, vous souvient-il ?quand nous quittions Avranches, 6+6 a
Un beau soleil couchantrayonnait dans les branches. 6+6 a
Notre roue en passantfroissait les buissons verts. 6+6 b
Nous regardions tous troisles cieux, les champs, les mers, 6+6 b
5 Et l'extase un momentfit nos bouches muettes, 6+6 a
Car elle, vous et moi,nous étions trois poëtes. 6+6 a
Doux instants, le cœurjusqu'aux bords est rempli. 6+6 b
Puis la route tourna,le terrain fit un pli, 6+6 b
L'océan disparutderrière une chaumière. 6+6 a
10 Cependant tout encoreétait plein de lumière ; 6+6 a
Le soleil grandissaitles ombres des passants, 6+6 b
Et faisant briller l'eaudes lointains frémissants 6+6 b
Allumait des miroirssous les rameaux des saules. 6+6 a
Un pont, fait par Césarquand il vint dans les Gaules, 6+6 a
15 Montrait à l'horizonson vieux profil romain. 6+6 b
De beaux enfants, pieds nus,couraient dans le chemin ; 6+6 b
Nous semions dans leurs mainstoute notre monnaie ; 6+6 a
Eux, dépouillant le pré,la broussaille et la haie, 6+6 a
Nous lançaient des bouquetsaux riantes couleurs ; 6+6 b
20 Nous leur faisions l'aumône,ils nous jetaient des fleurs. 6+6 b
Nous emportions ainsi,tous, notre douce proie, 6+6 a
Eux, un morceau de pain,et nous un peu de joie. 6+6 a
Bientôt tout se voiladu crêpe obscur des soirs. 6+6 b
Nous passions au galopdans les villages noirs. 6+6 b
25 Des formes s'agitaientsur les vitres rougeâtres ; 6+6 a
Des visages pourprésriaient autour des âtres. 6+6 a
Cependant, à traversces visions-de nuit, 6+6 b
Nos quatre ardents chevaux,dans la poudre et le bruit, 6+6 b
Couraient en secouantleurs sonnettes de cuivre, 6+6 a
30 Et les chiens aboyantss'essoufflaient à les suivre. 6+6 a
Quand le matin des cieuxvint bleuir le plafond, 6+6 b
À l'heure le regardvoit, dans l'éther profond, 6+6 b
Pencher vers l'horizonles sept astres du pôle,- 6+6 a
Elle laissa tomberson front-sur mon épaule, 6+6 a
35 Et s'endormit ; et nous,nous parlions ; nous disions 6+6 b
Que, si la Poésie,aux yeux pleins de rayons, 6+6 b
Comme la-Foi sa sœur,règne sur l'âme humaine, 6+6 a
La Sculpture ; payenne,a la chair pour domaine ; 6+6 a
Car du génie anciencet art a le secret ; 6+6 b
40 Et, comme Phidias,Jean Goujon adorait 6+6 b
Diane, la déesseaux longs cheveux d'ébène, 6+6 a
Dont les flèches, troublantla montagne thébaine, 6+6 a
Chassent le daim fuyardqui saute le fossé 6+6 b
Et guette, sur ses piedsde derrière dressé. 6+6 b
mètre profil métrique : 6+6
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