Métrique en Ligne
a voyelle stable
er voyelle ambigüe
e "e" masculin
e "e" féminin
e "e" élidé
e "e" ignoré
e "e" écarté
12 longueur métrique
6-6 mètre
HUG_24/HUG1133
Victor HUGO
TOUTE LA LYRE
1888-1893
I
XXXIX
VIRO MAJOR
Ayant vu le massacre immense, le combat, 6+6 a
Le peuple sur sa croix, Paris sur son grabat, 6+6 a
La pitié formidable était dans tes paroles ; 6+6 b
Tu faisais ce que font les grandes âmes folles, 6+6 b
5 Et lasse de lutter, de rêver, de souffrir, 6+6 a
Tu disais : J'ai tué ! car tu voulais mourir. 6+6 a
Tu mentais contre toi, terrible et surhumaine. 6+6 b
Judith la sombre juive, Arria la romaine, 6+6 b
Eussent battu des mains pendant que tu parlais. 6+6 a
10 Tu disais aux greniers : J'ai brûlé les palais ! 6+6 a
Tu glorifiais ceux qu'on écrase et qu'on foule ; 6+6 b
Tu criais : J'ai tué, qu'on me tue ! Et la foule 6+6 b
Écoutait cette femme altière s'accuser. 6+6 a
Tu semblais envoyer au sépulcre un baiser ; 6+6 a
15 Ton œil fixe pesait sur les juges livides, 6+6 b
Et tu songeais, pareille aux graves Euménides. 6+6 b
La pâle mort était debout derrière toi. 6+6 a
Toute la vaste salle était pleine d'effroi, 6+6 a
Car le peuple saignant hait la guerre civile. 6+6 b
20 Dehors on entendait la rumeur de la ville. 6+6 b
Cette femme écoutait la vie aux bruits confus, 6+6 a
D'en haut, dans l'attitude austère du refus. 6+6 a
Elle n'avait pas l'air de comprendre autre chose 6+6 b
Qu'un pilori dressé pour une apothéose, 6+6 b
25 Et trouvant l'affront noble et le supplice beau, 6+6 a
Sinistre, elle hâtait le pas vers le tombeau. 6+6 a
Les juges murmuraient : Qu'elle meure. C'est juste. 6+6 b
Elle est infâme. — À moins qu'elle ne soit auguste, 6+6 b
Disait leur conscience ; et les juges pensifs, 6+6 a
30 Devant oui, devant non, comme entre deux récifs, 6+6 a
Hésitaient, regardant, la sévère coupable. 6+6 b
Et ceux qui comme moi te savent incapable 6+6 b
De tout ce qui n'est pas héroïsme et vertu, 6+6 a
Qui savent que si Dieu te disait : D'où viens-tu ? 6+6 a
35 Tu répondrais : Je viens de la nuit où l'on souffre ; 6+6 b
Dieu, je sors du devoir dont vous faites un gouffre ! 6+6 b
Ceux qui savent tes vers mystérieux et doux, 6+6 a
Tes jours, tes nuits, tes soins, tes pleurs, donnés à tous, 6+6 a
Ton oubli de toi-même à secourir les autres, 6+6 b
40 Ta parole semblable aux flammes des apôtres ; 6+6 b
Ceux qui savent le toit sans feu, sans air, sans pain, 6+6 a
Le lit de sangle avec la table de sapin, 6+6 a
Ta bonté, ta fierté de femme populaire, 6+6 b
L'âpre attendrissement qui dort sous ta colère, 6+6 b
45 Ton long regard de haine à tous les inhumains, 6+6 a
Et les pieds des enfants réchauffés dans tes mains ; 6+6 a
Ceux-là, femme, devant ta majesté farouche, 6+6 b
Méditaient, et, malgré l'amer pli de ta bouche, 6+6 b
Malgré le maudisseur qui, s'acharnant sur toi, 6+6 a
50 Te jetait tous les cris indignés de la loi, 6+6 a
Malgré ta voix fatale et haute qui t'accuse, 6+6 b
Voyaient resplendir l'ange à travers la méduse. 6+6 b
Tu fus belle et semblas étrange en ces débats ; 6+6 a
Car, chétifs comme sont les vivants d'ici-bas, 6+6 a
55 Rien ne les trouble plus que deux âmes mêlées, 6+6 b
Que le divin chaos des choses étoilées 6+6 b
Aperçu tout au fond d'un grand cœur inclément, 6+6 a
Et qu'un rayonnement vu dans un flamboiement. 6+6 a
mètre profil métrique : 6+6
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