Métrique en Ligne
HUG_23/HUG1078
Victor HUGO
LES QUATRE VENTS DE L'ESPRIT
1881
III
LE LIVRE LYRIQUE
— LA DESTINÉE —
LV
HORREUR SACRÉE
Souvent, dans le hallier où l’églogue hypocrite 6+6 a
S’en va chantant, 4 b
J’ai tout à coup cessé de lire Théocrite 6+6 a
Inquiétant ; 4 b
5 Homère fait trembler ; un gouffre est dans Eschyle ; 6+6 a
Parfois je veux 4 b
M’enfuir quand Circé passe ou quand je vois Achille 6+6 a
Pris aux cheveux ; 4 b
Les aigles sur les bords du Gange et du Caystre 6+6 a
10 Sont effrayants ; 4 b
Rien de grand qui ne soit confusément sinistre ; 6+6 a
Les noirs pæans, 4 b
Les psaumes, la chanson monstrueuse du mage 6+6 a
Ézéchiel, 4 b
15 Font devant notre œil fixe errer la vague image 6+6 a
D’un affreux ciel. 4 b
L’empyrée est l’abîme, on y plonge, on y reste 6+6 a
Avec terreur. 4 b
Car planer, c’est trembler ; si l’azur est céleste, 6+6 a
20 C’est par l’horreur. 4 b
L’épouvante est au fond des choses les plus belles ; 6+6 a
Les bleus vallons 4 b
Font parfois reculer d’effroi les fauves ailes 6+6 a
Des aquilons. 4 b
25 Ils sont pleins de regards et d’aspects ; et les sages, 6+6 a
Seuls dans les bois, 4 b
Méditent, attentifs dans l’ombre à des passages 6+6 a
D’yeux et de voix ; 4 b
Le poète serein contient l’obscur prophète ; 6+6 a
30 Orphée est noir ; 4 b
C’est dans une lueur mystérieuse, faite 6+6 a
D’aube et de soir, 4 b
C’est en regardant fuir sous l’insondable voûte 6+6 a
D’affreux griffons, 4 b
35 Qu’Amos effaré songe et qu’Isaïe écoute 6+6 a
Les bruits profonds ; 4 b
Alcée est sidéral, Lucrèce est redoutable, 6+6 a
Job voit l’Esprit ; 4 b
Le Sphinx vient par moments s’accouder sur la table 6+6 a
40 Où Dante écrit ; 4 b
Plaute par Thalia, formidable bouffonne, 6+6 a
S’entend gronder ; 4 b
Et Pindare en levant les yeux voit Tisiphone 6+6 a
Le regarder ; 4 b
45 De là tant de beautés difformes dans leurs œuvres ; 6+6 a
Le vers charmant 4 b
Est par la torsion subite des couleuvres 6+6 a
Pris brusquement ; 4 b
À de certains moments toutes les jeunes flores 6+6 a
50 Dans la forêt 4 b
Ont peur, et sur le front des blanches métaphores 6+6 a
L’ombre apparaît ; 4 b
C’est qu’Horace ou Virgile ont vu soudain le spectre 6+6 a
Noir se dresser ; 4 b
55 C’est que là-bas, derrière Amaryllis, Électre 6+6 a
Vient de passer. 4 b
La nature est en vain pleine de fleurs, de fêtes, 6+6 a
Et de pardons, 4 b
Les poètes ont beau rayonner sur nos têtes, 6+6 a
60 Nous entendons 4 b
Parler de sombres voix à Delphe, aux Propylées, 6+6 a
Et dans Endor ; 4 b
Et la nuit a toujours des méduses mêlées 6+6 a
Aux astres d’or. 4 b
mètre profils métriques : 4, 6+6
forme globale type : suite périodique
schéma : 16(abab)
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