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Quoi ! Ce n’est pas réel parce que c’est lointain ! |
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Ne croyez pas cela, vous qu’un hasard hautain, |
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Une chance, une erreur, l’invention des prêtres, |
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Un mensonge quelconque, a faits rois, princes, maîtres ; |
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Papes, sultans, Césars, czars, qui que vous soyez, |
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Qui tenez les vivants sous le sceptre ployés, |
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Et qui mettez Berlin, Stamboul, Pétersbourg, Rome, |
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Les ténèbres, le dogme et le sabre, sur l’homme, |
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Vous qui vous croyez grands et nous croyez petits, |
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Regardez la lueur, et soyez avertis |
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Que nous ne serons pas toujours le troupeau triste, |
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Rois, et que l’avenir, ce flamboiement, existe. |
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On vous rassure. On dit : utopie ! Eh bien non ; |
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Ayez peur. Vous avez ici bas le canon, |
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Le trône, l’échafaud, l’obus, le knout, le glaive ; |
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Mais nous avons là-haut cette clarté, le rêve ; |
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Nous avons ce rayon, l’idéal ; nous avons |
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Ce qu’avaient autrefois les pâles esclavons, |
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Les juifs, les huguenots et les noirs, l’espérance ; |
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Nous avons l’infini, sublime transparence ; |
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Nous avons la traînée effrayante de feu |
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Qui vient vers l’homme avec un message de Dieu, |
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Et qui fait frissonner l’ombre, blêmir la roche, |
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Fuir l’orfraie et hurler les loups, à son approche. |
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Oui, le grand éden libre avec ses songes fous, |
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Qui, l’énorme avenir de lumière pour tous |
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Qui vous rougit le ciel, rois, et qui nous le dore, |
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Qui vous semble fournaise et qui nous semble aurore, |
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Nous l’aurons. Nous l’avons ! Car c’est déjà l’avoir, |
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C’est déjà le tenir presque, que de le voir. |
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Et nous l’apercevons, le superbe prodige ! |
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Vous le voyez aussi. Levez les yeux, vous dis-je ! |
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Ne vous figurez pas que pour être indistinct |
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Cela ne soit pas vrai. Quoi ! Mais c’est presque éteint ! |
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Non. C’est mêlé de nuit ! Il le faut. Sans pilote ! |
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Qu’en savez-vous ? Quoi donc ! Cette rougeur qui flotte, |
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C’est quelque chose ? Ô rois, c’est tout. Dans les palais, |
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Les maîtres à voix basse en parlent aux valets, |
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Et les valets ont peur, mais font semblant de rire. |
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Ah ! Vous pouvez frapper, supplicier, proscrire ; |
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Cela n’en vient pas moins. Cela marche. C’est loin, |
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Mais sûr. Rois, ce sera l’acteur, c’est le témoin ; |
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C’est le juge déjà. C’est l’idéal, ô princes ! |
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C’est le réel. Régnez, soit. Prenez des provinces, |
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Volez-vous entre vous des peuples, triomphez ; |
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Respirez notre espace à nous les étouffés ; |
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Mangez, buvez, chez nous les affamés ; souffrance, |
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C’est patience ; ô sombre et douce délivrance, |
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Tu viens ! Ô rois, régnez, cela nous est égal ; |
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Ayez la Sibérie, ayez le Sénégal ; |
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Jetez-nous au vil bagne, aux noirs exils, qu’importe ! |
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Pendant que des clairons chantent à votre porte |
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Et que des sabres nus gardent votre festin, |
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Au zénith, une flamme informe, le destin, |
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Le progrès, la confuse ébauche de la vie, |
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La lampe des penseurs d’un jour pâle suivie, |
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Sur laquelle jadis Torquemada soufflait, |
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Brille et s’avance, et jette on ne sait quel reflet, |
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Prêtres, sur votre autel, princes, sur votre table. |
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La comète est ainsi vaguement formidable. |
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