Métrique en Ligne
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F = "e" féminin
| = césure
HUG_23/HUG1065
Victor HUGO
LES QUATRE VENTS DE L'ESPRIT
1881
III
LE LIVRE LYRIQUE
— LA DESTINÉE —
XLII
PENSÉES DE NUIT
L’ombre ici-bas la moins transparente, c’est l’âme. 6+6 a
L’homme est l’énigme étrange et triste de la femme, 6+6 a
Et la femme est le sphinx de l’homme. Sombre loi ! 6+6 b
Personne ne connaît mon gouffre, excepté moi. 6+6 b
5 Et moi-même, ai-je é jusqu’au fond ? Mon abîme 6+6 a
Est sinistre, surtout par le côté sublime ; 6+6 a
Et l’hydre est là, tenant mon âme, et la mordant. 6+6 b
Toutes nos passions sont des bêtes rôdant 6+6 b
Dans la lividi des blêmes crépuscules. 6+6 a
10 L’homme le plus semblable aux antiques Hercules, 6+6 a
Égal par sa stature aux noirs événements, 6+6 b
Qui dompte la fortune en ses poings incléments, 6+6 b
Et fait au sort jaloux l’effet d’un belluaire, 6+6 a
Cet homme, s’il rencontre une femme, veut plaire, 6+6 a
15 Tombe à genoux, adore et tremble, et ce vainqueur 6+6 b
Du destin est toujours le vaincu de son cœur. 6+6 b
Tout nous ment ! L’âtre est noir, la patrie est ingrate. 6+6 a
Prêtre, pense à Jésus ; juge, pense à Socrate. 6+6 a
L’homme rend la justice ainsi qu’il joue aux dés. 6+6 b
20 Quand, tour à tour, et l’un après l’autre, accoudés 6+6 b
Au même livre, on a tourné les mêmes pages, 6+6 a
On meurt. Qu’est-ce que c’est que vos aréopages, 6+6 a
Conciles et sénats, conclaves et divans ? 6+6 b
Le poète apparaît au milieu des vivants, 6+6 b
25 Et, lapidé, s’en va de la terre fatale, 6+6 a
Laissant derrière lui, comme une trace pâle, 6+6 a
L’éternelle beau du vers mystérieux. 6+6 b
L’homme qui l’insulta le met au rang des dieux. 6+6 b
Et puis ? Un autre esprit vient. L’homme recommence. 6+6 a
30 Tout est aveuglement quand tout n’est pas démence ; 6+6 a
Le ciel splendide est plein de la noirceur du sort ; 6+6 b
On entre dans la vie en criant ; on en sort 6+6 b
Ruisselant, nu, glacé, comme d’une tourmente. 6+6 a
Hélas ! L’enfant sanglote et l’homme se lamente ; 6+6 a
35 Ignorer, c’est pleurer, et savoir, c’est gémir. 6+6 b
Je pense à tout cela quand je ne puis dormir, 6+6 b
La nuit, quand le vent semble une voix qui témoigne, 6+6 a
Quand on entend le pas de quelqu’un qui s’éloigne. 6+6 a
mètre profil métrique : 6+6
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