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| = césure
HUG_23/HUG1044
Victor HUGO
LES QUATRE VENTS DE L'ESPRIT
1881
III
LE LIVRE LYRIQUE
— LA DESTINÉE —
XXI
EN MARCHANT LA NUIT DANS UN BOIS
I
Il grêle, il pleut. Neige et brume ; 7 a
Fondrière à chaque pas. 7 b
Le torrent veut, crie, écume, 7 a
Et le rocher ne veut pas. 7 b
5 Le sabbat à notre oreille 7 a
Jette ses vagues hourras. 7 b
Un fagot sur une vieille 7 a
Passe en agitant les bras. 7 b
Passants hideux, clartés blanches ; 7 a
10 Il semble, en ces noirs chemins, 7 b
Que les hommes ont des branches, 7 a
Que les arbres ont des mains. 7 b
II
On entend passer un coche, 7 a
Le lourd coche de la mort. 7 b
15 Il vient, il roule, il approche. 7 a
L’eau hurle et la bise mord. 7 b
Le dur cocher, dans la plaine 7 a
Aux aspects noirs et changeants, 7 b
Conduit sa voiture pleine 7 a
20 De toutes sortes de gens. 7 b
Novembre souffle, la terre 7 a
Frémit, la bourrasque fond ; 7 b
Les flèches du sagittaire 7 a
Sifflent dans le ciel profond. 7 b
III
25 — Cocher, d’où viens-tu ? Dit l’arbre. 7 a
— Où vas-tu ? Dit l’eau qui fuit. 7 b
Le cocher est fait de marbre 7 a
Et le coche est fait de nuit. 7 b
Il emporte beauté, gloire, 7 a
30 Joie, amour, plaisirs bruyants ; 7 b
La voiture est toute noire, 7 a
Les chevaux sont effrayants. 7 b
L’arbre en frissonnant s’incline. 7 a
L’eau sent les joncs se dresser. 7 b
35 Le buisson sur la colline 7 a
Grimpe pour le voir passer. 7 b
IV
Le brin d’herbe sur la roche, 7 a
Le nuage dans le ciel, 7 b
Regarde marcher ce coche, 7 a
40 Et croit voir rouler Babel. 7 b
Sur sa morne silhouette, 7 a
Battant de l’aile à grands cris, 7 b
Volent l’orage, chouette, 7 a
Et l’ombre, chauve-souris. 7 b
45 Vent glacé, tu nous secoues ! 7 a
Le char roule, et l’œil tremblant, 7 b
À travers ses grandes roues, 7 a
Voit un crépuscule blanc. 7 b
V
La nuit, sinistre merveille, 7 a
50 Répand son effroi sacré ; 7 b
Toute la forêt s’éveille 7 a
Comme un dormeur effaré. 7 b
Après les oiseaux, les âmes ! 7 a
Volez sous les cieux blafards. 7 b
55 L’étang, miroir, rit aux femmes 7 a
Qui sortent des nénuphars. 7 b
L’air sanglote, et le vent râle, 7 a
Et, sous l’obscur firmament, 7 b
La nuit sombre et la mort pâle 7 a
60 Se regardent fixement. 7 b
mètre profil métrique : 7
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