Métrique en Ligne
HUG_23/HUG1041
Victor HUGO
LES QUATRE VENTS DE L'ESPRIT
1881
III
LE LIVRE LYRIQUE
— LA DESTINÉE —
XVIII
Un groupe tout à l’heure était là sur la grève, 6+6 a
Regardant quelque chose à terre. ― Un chien qui crève ! 6+6 a
M’ont crié des enfants ; voilà tout ce que c’est. ― 6+6 b
Et j’ai vu sous leurs pieds un vieux chien qui gisait. 6+6 b
5 L’océan lui jetait l’écume de ses lames. 6+6 a
— Voilà trois jours qu’il est ainsi, disaient des femmes, 6+6 a
On a beau lui parler, il n’ouvre pas les yeux. 6+6 b
— Son maître est un marin absent, disait un vieux. 6+6 b
Un pilote, passant la tête à sa fenêtre, 6+6 a
10 À repris : ― Ce chien meurt de ne plus voir son maître. 6+6 a
Justement le bateau vient d’entrer dans le port ; 6+6 b
Le maître va venir, mais le chien sera mort. ― 6+6 b
Je me suis arrêté près de la triste bête, 6+6 a
Qui, sourde, ne bougeant ni le corps ni la tête, 6+6 a
15 Les yeux fermés, semblait morte sur le pavé. 6+6 b
Comme le soir tombait, le maître est arrivé, 6+6 b
Vieux lui-même ; et, hâtant son pas que l’âge casse, 6+6 a
À murmuré le nom de son chien à voix basse. 6+6 a
Alors, rouvrant ses yeux pleins d’ombre, exténué, 6+6 b
20 Le chien a regardé son maître, a remué 6+6 b
Une dernière fois sa pauvre vieille queue, 6+6 a
Puis est mort. C’était l’heure où, sous la voûte bleue, 6+6 a
Comme un flambeau qui sort d’un gouffre, Vénus luit ; 6+6 b
Et j’ai dit : D’où vient l’astre ? Où va le chien ? Ô nuit ! 6+6 b
mètre profil métrique : 6+6
forme globale type : suite de distiques
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