Métrique en Ligne
a voyelle stable
er voyelle ambigüe
e "e" masculin
e "e" féminin
e "e" élidé
e "e" ignoré
e "e" écarté
12 longueur métrique
6-6 mètre
HUG_2/HUG512
Victor HUGO
LES CONTEMPLATIONS
tome II
AUJOURD'HUI
1845-1855
LIVRE CINQUIÈME
EN MARCHE
V
À mademoiselle Louise B.
O vous l'âme profonde !ô vous la sainte lyre ! 6+6 a
Vous souvient-il des tempsd'extase et de délire, 6+6 a
 Et des jeux triomphants, 6 b
Et du soir qui tombaitdes collines prochaines ? 6+6 c
5 Vous souvient-il des jours ?vous souvient-il des chênes 6+6 c
 Et des petits enfants ? 6 b
Et vous rappelez-vousles amis, et la table, 6+6 a
Et le rire éclatantdu père respectable, 6+6 a
 Et nos cris querelleurs, 6 b
10 Le pré, l'étang, la barque,et la lune, et la brise, 6+6 c
Et les chants qui sortaientde votre cœur, Louise, 6+6 c
 En attendant les pleurs ! 6 b
Le parc avait des fleurset n'avait pas de marbres. 6+6 a
Oh ! comme il était beau,le vieillard, sous les arbres ! 6+6 a
15  Je le voyais parfois 6 b
Dès l'aube sur un bancs'asseoir tenant un livre ; 6+6 c
Je sentais, j'entendaisl'ombre autour de lui vivre 6+6 c
 Et chanter dans les bois ! 6 b
Il lisait, puis dormaitau baiser de l'aurore ; 6+6 a
20 Et je le regardaisdormir, plus calme encore 6+6 a
 Que ce paisible lieu, 6 b
Avec son front sereind' sortait une flamme, 6+6 c
Son livre ouvert devantle soleil, et son âme 6+6 c
 Ouverte devant Dieu ! 6 b
25 Et du fond de leur nid,sous l'orme et sous l'érable, 6+6 a
Les oiseaux admiraientsa tête vénérable, 6+6 a
 Et, gais chanteurs tremblants, 6 b
Ils guettaient, s'approchaient,et souhaitaient dans l'ombre 6+6 c
D'avoir, pour augmenterla douceur du nid sombre, 6+6 c
30  Un de ses cheveux blancs ! 6 b
Puis il se réveillait,s'en allait vers la grille, 6+6 a
S'arrêtait pour parlerà ma petite fille, 6+6 a
 Et ces temps sont passés ! 6 b
Le vieillard et l'enfantjasaient de mille choses… 6+6 c
35 Vous ne voyiez donc pasces deux êtres, ô roses, 6+6 c
 Que vous refleurissez ! 6 b
Avez-vous bien le cœur,ô roses, de rentre 6+6 a
Dans le même bosquet,sous la même fenêtre ? 6+6 a
  sont-ils, ces fronts purs ? 6 b
40 N'était-ce pas vos sœurs,ces deux âmes perdues 6+6 c
Qui vivaient, et se sontsi vite confondues 6+6 c
 Aux éternels azurs ! 6 b
Est-ce que leur sourire,est-ce que leurs paroles, 6+6 a
O roses, n'allaient pasréjouir vos corolles 6+6 a
45  Dans l'air silencieux, 6 b
Et ne s'ajoutaient pasà vos chastes délices, 6+6 c
Et ne devenaient pasparfums dans vos calices, 6+6 c
 Et rayons dans vos cieux ? 6 b
Ingrates ! vous n'avezni regrets, ni mémoire. 6+6 a
50 Vous vous réjouissezdans toute votre gloire ; 6+6 a
 Vous n'avez point pâli. 6 b
Ah ! je ne suis qu'un hommeet qu'un roseau qui ploie, 6+6 c
Mais je ne voudrais pas,quant à moi, d'une joie 6+6 c
 Faite de tant d'oubli ! 6 b
55 Oh ! qu'est-ce que le sorta fait de tout ce rêve ? 6+6 a
donc a-t-il jetél'humble cœur qui s'élève, 6+6 a
 Le foyer réchauffant, 6 b
O Louise, et la vierge,et le vieillard prospère, 6+6 c
Et tous ces vœux profonds,de moi pour votre père, 6+6 c
60  De vous pour mon enfant ! 6 b
sont-ils, les amisde ce temps que j'adore ? 6+6 a
Ceux qu'a pris l'ombre, et ceuxqui ne sont pas encore 6+6 a
 Tombés au flot sans bords ; 6 b
Eux, les évanouis,qu'un autre ciel réclame, 6+6 c
65 Et vous, les demeurés,qui vivez dans mon âme, 6+6 c
 Mais pas plus que les morts ! 6 b
Quelquefois, je voyais,de la colline en face, 6+6 a
Mes quatre enfants jouer,tableau que rien n'efface ! 6+6 a
 Et j'entendais leurs chants ; 6 b
70 Ému, je contemplaisces aubes de moi-même 6+6 c
Qui se levaient là-basdans la douceur suprême 6+6 c
 Des vallons et des champs ! 6 b
Ils couraient, s'appelaientdans les fleurs ; et les femmes 6+6 a
Se mêlaient à leurs jeuxcomme de blanches âmes ; 6+6 a
75  Et tu riais, Armand ! 6 b
Et, dans l'hymen obscurqui sans fin se consomme, 6+6 c
La nature sentaitque ce qui sort de l'homme 6+6 c
 Est divin et charmant ! 6 b
sont-ils ? Mère, frère,à son tour chacun sombre. 6+6 a
80 Je saigne et vous saignez.Mêmes douleurs ! même ombre ! 6+6 a
 O jours trop tôt décrus ! 6 b
Ils vont se marier ;faites venir un prêtre ; 6+6 c
Qu'il revienne ! ils sont morts.Et, le temps d'appartre, 6+6 c
 Les voilà disparus ! 6 b
85 Nous vivons tous penchéssur un océan triste. 6+6 a
L'onde est sombre. Qui doncsurvit ? qui donc existe ? 6+6 a
 Ce bruit sourd, c'est le glas. 6 b
Chaque flot est une âme ;et tout fuit. Rien ne brille. 6+6 c
Un sanglot dit : Mon père !un sanglot dit : Ma fille ! 6+6 c
90  Un sanglot dit : Hélas ! 6 b
mètre profils métriques : 6, 6+6
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